OMBRE ET LUMIERE
L’un s’appelle Shlomo Sand, il est israélien, sa spécialité, à l’Université de Tel Aviv, est le cinéma.
Un jour, ce professeur d’extrême gauche, qui ne possède, il a l’honnêteté de le reconnaître, aucune compétence particulière en histoire antique ou médiévale, a décidé d’écrire un livre dont la thèse, qui n’est pas neuve, revient à douter de ce que les Juifs d’aujourd’hui aient un quelconque lien ethnique avec les hébreux d’hier.
Ce qui est plus nouveau, c’est de prétendre que non seulement il n’y a pas d’unité du Peuple juif, mais des communautés diverses, mais qu’encore que ce mythe n’a en réalité été créé que par la propagande sioniste aux fins de servir ses visées territoriales sur un territoire appartenant à autrui.
Une telle thèse, émanant d’un juif, ne pouvait, évidemment, compte tenu de l’air vicié du temps, que séduire le ban et l’arrière-ban de l’antisionisme ou de l’israélisme radical ou modéré, sans qu’il soit besoin de s’arrêter un seul instant sur l’incongruité d’un raisonnement qui ne s’attarde pas sur le fait que les générations de juifs qui ont, chaque année célébré la Pâque et souhaité pour l’année prochaine le retour à Jérusalem, ne semble pas (en tous les cas pour ceux qui ont vécu par exemple du 14ème au 19ème siècle) avoir été particulièrement travaillées par l’Agence Juive…
C’est, cependant, dans ce contexte aussi délétère que banalement affligeant, que par exemple les membres – tous journalistes – du jury du « prix Aujourd’hui » l’ont décerné pour cette année au faux iconoclaste dont je parle. Tous ne l’ont pas fait par haine de l’État juif, certains par ignorance, d’autres par distraction, d’autres enfin et surtout par une sorte de douce sottise moderne qui veut que l’on regarde avec faveur tout juif qui pousse le goût de l’universalisme jusqu’à s’auto dissoudre, sans même s’interroger sur l’opportunisme d’une posture aussi avantageuse.
Il n’est malheureusement pas sûr que le merveilleux ouvrage de Magdi Allam, intitulé Pour que vive Israël et qui vient d’être publié par les Éditions du Rocher, rencontre le même succès éditorial.
Magdi Allam, en effet, est un égyptien d’origine musulmane, grand journaliste au Corriere Della Serra et défenseur acharné du droit de l’État juif à l’existence, raison pourquoi il est en bonne place sur la liste des condamnés à mort par les islamistes.
Je vous encourage vivement à lire ce livre courageux, monument d’intelligence qui ne m’a pas quitté des mains de la première à la dernière ligne.
Il faut d’abord lire avec quel bonheur de la formulation Magdi Allam évoque avec nostalgie l’Égypte chère à son cœur qu’il a connue avant l’ascension des Frères Musulmans, il faut lire avec quelle tendresse il parle de la religion musulmane de son enfance, il faut découvrir pour quelles raisons il en est venu à faire sienne la cause d’Israël qui est la cause, il l’a bien compris, de la résistance à la barbarie, il faut comprendre comment il est parti en guerre contre la haine qui monte et comment il démonte les impostures des antisionistes européens ou des islamistes plus distingués à la mode Ramadan. Vous apprendrez avec lui, comment une grande partie de l’intelligentsia italienne, à l’instar de sa sœur française, a capitulé par lâcheté ou sottise devant l’antisionisme.
Mais, il faut craindre, malheureusement, que Magdi ne bénéficie pas de la même couverture médiatique que Shlomo.
Car alors que cracher sur Israël reste la recette éprouvée des Juifs ou des Israéliens en mal de succès, les rares arabo-musulmans qui ont le courage de se dresser, ne sont traités que par le mépris par la presse européenne qui hésite à les considérer, qui pour des hurluberlus, qui pour des traitres.
Raison pourquoi il faut lire et soutenir Magdi Allam et ses semblables qui sont l’honneur du monde arabe, l’honneur de l’Islam et l’honneur de l’humanité.
(d’après ma chronique sur Radio J)