CHARLES ET LES BETITIONNAIRES
Il y aurait tant à dire, à rire ou à pleurer sur la pétition «pour Charles Enderlin» publiée par le Nouvel Observateur.
Qu'on en juge :
- l'invocation pathétique et répétée «des sept ans» de la contestation opposée au reportage de France 2 : il aura effectivement fallu sept ans pour que mensonges et boniments commencent enfin à être officiellement reconnus par une institution française.
- La négation obstinée d'une «série de scènes jouées» alors même que la Cour d'Appel de Paris les a expressément constatées dans les rushes dissimulés aux téléspectateurs.
- l’écoeurante réaffirmation de «la mort de Mohamed al-Doura, 12 ans, tué par des tirs venus de la position israélienne» par des gens qui n'y étaient pas et alors même que leur protégé d’Enderlin, au lendemain des premières mises en cause , avait fini par reconnaître dans le Figaro que ce parti pris si péremptoire et lourd de conséquences n'était pas le fruit de ses observations, mais seulement de ses préjugés, tel que celui de ce que les Israéliens seraient coutumiers du fait...
- la critique d'un dévoiement de la «liberté d'expression» par les mêmes qui n'ont cessé de la revendiquer tout au long de l'Intifada pour justifier les dérives antijuives les plus injustifiables.
- l'invocation, dans une posture victimaire, d'une « liberté d'action des journalistes, objet d'attaques répétées » dans le cadre d'une affaire dans laquelle c'est le journaliste qui menait l'attaque, assuré qu'il était, à juste titre, et comme on le voit encore, d'être du côté des puissants.
Mais le plus farce est à venir : «il nous surprend (l'arrêt) car il accorde la même crédibilité à un journaliste connu pour le sérieux et la rigueur de son travail, qui fait son métier dans des conditions parfois difficiles, et à ses détracteurs, engagés dans une campagne de négation et de discrédit, qui ignorent tout des réalités du terrain et n'ont aucune expérience du journalisme dans une zone de conflit».
Vous avez bien lu. La Cour a osé traiter la piétaille mieux que les aristos de la caste.
En cela réside le crime judiciaire de lèse-majesté.
On pardonnera de me citer dans mon dernier livre avec Alexandre Adler, mais cet auto référencement a l'avantage d'avoir été écrit avant ce dernier monument élevé pour la défense de la caste, en souvenir de l'affaire Edgar Morin et de la pétition déjà victimaire qui avait suivi sa condamnation par une Cour d'Appel : «J'ai évoqué tout à l'heure la France des castes. La caste intellectuelle est, sans doute, la plus intouchable. Je vous renvoie notamment à cette merveilleuse pétition d'artistes cornaqués par Armand Gatti et publié dans Le Monde. Des gens de théâtre et de cinéma nous expliquaient doctement qu'il ne fallait pas condamner Bertrand Cantat, meurtrier de Marie Trintignant, sous le motif imparable qu'il s'agissait d'un chanteur militant qui avait participé aux luttes de l'époque... Je veux ajouter ici qu'à l'intérieur de cette caste vétilleuse les «intellectuels juifs de gauche» font partie des intouchables parmi les intouchables. Edgar Morin en a éprouvé l'heureuse expérience lorsqu'il a commis l'article le plus stupidement antijuif de l'après-guerre, en expliquant notamment que les juifs d'Israël (oui, vous avez bien lu, «les juifs »...) prenaient plaisir à humilier les arabes. Immédiatement, le ban et l'arrière ban de la caste ont pris la défense du sociologue ...» (« Conversation sur les sujets qui fâchent » p. 211)
Mais retour sur la liste de ces gens sérieux et honnêtes qui connaissent, eux, tout des réalités du terrain et ont l'expérience du journalisme dans une zone de conflit :
- Sara Daniel, par exemple, auteur, dans le journal de son père Jean, d'une des désinformations les plus lamentables, dans laquelle on s'en souvient, la journaliste, aujourd'hui moins penaude, avait écrit que les soldats israéliens avaient coutume de violer les Palestiniennes. Même le plus imaginatif des propagandistes du Hamas n'avait jamais osé le suggérer.
- Sylvain Cypel : que jamais, on voudrait le croire, un tribunal français n'oserait traiter à égalité avec la piétaille sionisante, auteur sans doute de la désinformation la plus énorme, non, hènaurme, façon Alfred Jarry, commise par Le Monde et relatée en première page avant que celui-ci ne se rétracte quelque jours après avec une délicate pudeur : l'existence d'un réseau d'espions israéliens opérant aux États-Unis ayant eu connaissance de la préparation du 11 septembre avant la commission des attentats et n'ayant rien révélé de ce qui se tramait...
- Michel Bole – Richard, du même journal que le précédent, auteur, sans doute par distraction, d'une regrettable omission par laquelle, relatant la dernière réunion du «Quartette sur le Proche-Orient» il ne manquait pas d'indiquer les remontrances de ce dernier à l'encontre des barrages militaires israéliens dans les territoires mais oubliait malheureusement de signaler à ses lecteurs que le même aréopage avait tancé les palestiniens pour leurs attaques sur les civils israéliens venus ravitaillés les habitants de Gaza en carburant. Cet oubli permettant à son journal de titrer sur les seules remontrances à qui vous pensez....
Madame la médiatrice a bien voulu m'accuser réception de mes civiles observations
Je terminerai ce rapide travelling sur ce casting prestigieux de la caste à traiter avec révérence, par un membre de l'équipe de France 2, j'ai nommé Philippe Rochot, apparemment peu complexé d'avoir été dernièrement gourmandé par sa directrice, contrainte de faire ses excuses au CRIF, que j'avais cru devoir également alerter, pour avoir affirmé doctement à l'antenne du service public, au cours du voyage du président des États-Unis en Israël, que celui-ci avait commis une gaffe en garantissant ses hôtes du soutien indéfectible américain à l'existence «d'un État juif». Nous avions cru pouvoir y déceler un manquement au respect de la décision onusienne de partage de 1947. Sa directrice aussi....
Avec le soutien de bétitionnaires pareils, on en viendrait à plaindre M. Enderlin.