CE N' EST QU'UN DÉBUT, CONTINUONS LE COMBAT !
Oui, c'est vrai, le résultat massif de dimanche est un signe encourageant sur le chemin de la libération des esprits asservis.
Rien que le fait de voir la concorde entre Faudel et Macias et de constater que la fraternité pouvait changer de boutique aura suffi à mon bien être.
Mais tout de même, point trop d'exaltation.
Flash-Back sur le sourire de la ravie du dimanche soir qui, la veille encore, menaçait les Français des pires exactions en cas de choix funeste.
Qui s'est offusqué des menaces ou du sourire ?
Qui aura osé traiter de petits fachos, les nervis de la Bastille ou du Capitole qui ignorent encore le sens des mots suffrage universel ?
Qui a songé à s'esbaudir du rayonnement intellectuel et moral grandissant de M. Jean-Marie Colombani, dont l'éditorial contre Sarkozy a fait grand bien à celui-ci ?
L'une des grandes intuitions du président élu aura été d'appeler à la liquidation des excès de 68, et il est incontestable que cette élection sur son programme iconoclaste et malgré la campagne menée contre lui signe, en elle-même, la marque du lézardement de l'édifice religieux.
Mais, le monument sacré est loin de tomber en ruines.
Mai 68, c'est la fascination pour la violence de la rue (Élection, piège à cons !), la fascisation de l'autorité de l'État (CRS-SS !), la judaïsation fantasmée de toutes les victimes imaginaires des pétainistes de souche (Nous sommes tous des Juifs allemands !).
Mai 68 c'est l'héroïsation sans risque des résistants virtuels, et l'outrance grandiloque contre l'ingratitude du réel.
Mai 68, c'est la légitimité rebelle du citoyen-esthète contre la légalité déshonorante de l'ordre répugnant.
Qui peut dire que nous ne sommes plus du tout en mai ? Les citoyens sans frontières ne se rebellent-ils plus contre les expulsions policières ? Les faucheurs citoyens ne font-ils plus leur devoir civique en détruisant les cultures malfaisantes ? M. Battisti n'est-il plus sous la protection de l'Hôtel de Ville de Paris ? Le terrorisme proche-oriental fait-il l'objet d'une détestation égale à ce qu'inspire le libéralisme anglo-saxon ? MM. Besancenot et Bové suscitent-t-ils l'hilarité ou la compassion médiatique qu'inspirent ordinairement les idéologies antiques ?
Certes, à ce jour Sarkozy dispose à la fois de la légalité électorale républicaine et de la légitimité de sa victoire démocratique indiscutable.
Mais déjà, l'outrance réapparaît. La bonne vieille idéologie contre le réel. Il aurait les médias entre ses mains. Et, peu importe si 80 % des journalistes se reconnaissent à gauche ou à l'extrême gauche (sondage Marianne). Il étalerait un luxe insolent en se rendant sur le yacht de Bolloré. Et, tant pis si François Mitterand passait chaque année l'hiver à l'Old Cataract d'Assouan, l'un des plus beaux palaces du monde, sans que personne n'ait eu le mauvais goût de s'interroger sur le prix du séjour et l’identité du payeur.
L'état de grâce peut-être de très courte durée. Les camarades sont trop fatigués pour déguiser encore Nicolas en Adolf. Qu'importe, ils ont suffisamment de souffle pour l’emberlusconiser.