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Goldnadel: La leçon de courage de Valls à Merkel
Publié le 16/02/2015
FIGAROVOX/CHRONIQUE - Candidature de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle, larmes de Charles de Courson à l'Assemblée nationale, polémique infinie sur la déchéance de nationalité... L'humeur de Gilles-William Goldnadel.
Gilles-William Goldnadel est avocat et écrivain. Il est président de l'association France-Israël. Toutes les semaines, il décrypte l'actualité pour FigaroVox.
On a trop longtemps considéré que la gauche avait le monopole du cœur et du cerveau. Il ne faudrait pas, par un excès contraire, décréter définitivement que ces deux organes seraient passés définitivement à droite.
Certes, cette semaine, le camp dit du progrès nous aura encore grandement ébaudis.
M. Mélenchon, d'abord, rebelle quoique sénateur, s'est déclaré candidat au pouvoir suprême. Sans doute émoustillé par le succès de Bernie Sanders, il se voudrait le représentant de l'anti-système. Il en a le talent, mais tout de même: prétendre incarner «la France insoumise» ! Lorsque l'on appartient au camp de la soumission, au sens houellebecquien, à l'immigration imposée et à une idéologie ringarde et catastrophique qui part de Babeuf et s'achève à Chavez.
Jadis, les marxistes théoriques avaient le temps de prendre commodément leurs distances avec les expériences pratiques qui toutes, sans exception, se sont achevées dans le sang et la faillite. Mais l'Histoire va trop vite et nos révolutionnaires d'opérette à peine ont-ils entonné la Carmagnole et Bella ciao en hommage au leader vénézuélien ou à M. Tsipras, sont contraints de baisser et le son et le ton.
Mais c'est sans conteste l'entrée de Mme Emmanuelle Cosse au sein d'un gouvernement remanié qui aura fait les délices des chroniqueurs facétieux. On a peine à comprendre ce que l'actuel pouvoir en phase de droitisation économique et de dégauchisation sociétale va gagner en cohérence et en prestige en accueillant une représentante plutôt terne de l'écolo-gauchisme, taxée de trahison opportuniste par son propre parti.
Si le but de Monsieur Hollande est d'achever définitivement un mouvement déjà largement déconsidéré, il aura bien mérité de la patrie. Foin d'ironie mal placée, pour la course au maroquin et au plat de lentilles: quoi de mieux trouvée qu'une xénophile verte ?
Mais nous le disions en préambule, la gauche n'est pas seule à faire rire, quand on voit par exemple, un Charles de Courson pleurer publiquement devant la représentation nationale en évoquant la déchéance de nationalité (8 février). À l'en croire, et rejoignant ainsi la fine pensée historique de Mme Duflot, les lois de Vichy seraient de la même eau que la législation à venir. Étrange, ce personnage: intransigeant envers la fraude fiscale, partisan de la transparence jusqu'à la maniaquerie, mais dont le cœur se fend lorsqu'il s'agit de réprimer la barbarie à barbe.
Étrange encore, ce monde médiatique, des Inrocks à Canal, qui fond devant le débordement sentimental. Il n'en demeure pas moins que ce débat sans fin, sans grande utilité et sans députés autour de la déchéance de la nationalité atteint désormais des monts d'absurdité.
Faut-il viser seulement les binationaux ? Faut-il accepter de faire des apatrides ? Disputer avec une acrimonie parfois lacrymale sur le sexe des anges de la mort, n'est pas sans rappeler la fin des Byzantins assiégés par l'islam. À Munich, c'est un homme de gauche et français nommé Valls qui donne une leçon de courage raisonné à une femme et de droite et allemande. Lorsque le premier ministre déclare: «L'Europe ne peut accueillir plus de réfugiés. Les solutions sont au Levant, en Turquie, en Jordanie, en Méditerranée», beaucoup, à droite comme au centre, devraient s'en inspirer plutôt que de conserver un silence gêné.
Le retour de certains bétitionnaires démontre également, s'il en était besoin, que le mauvais sens est la chose du monde la mieux partagée.
Ainsi, le 3 février, dans Le Monde, plusieurs ambassadeurs à la retraite, M. Aubin de la Messuziére en tête, bien en cour à Gaza, trouvent toutes les excuses aux assassins au couteau, tueurs de juifs. Ils vont même jusqu'à préconiser implicitement de voir les troupes de la coalition faire une petite virée vers l'État de Sion. Bien entendu, les Arabes de Palestine sont auréolés de toutes les vertus en ce compris d'être les seules victimes.
Que le dénigrement obsessif et systématique de l'État juif ait été diagnostiqué par les plus hautes autorités de l'État comme le terreau de l'antisémitisme criminel, n'a en rien entamé l'esprit critique à sens unique de la vieille France diplomatique.
Ainsi encore, et toujours dans le même journal vespéral, mais le 11 février, une autre pétition, cette fois signée par une dizaine de sociologues inconnus autant que progressistes s'en prennent cette fois à Kamel Daoud qui aurait «recyclé les clichés orientalistes les plus éculés».
Le malheureux courageux ayant osé dans les mêmes colonnes pointer, comme tout esprit sain, le mépris de la femme occidentale chez ces violeurs d'Orient à Cologne et ailleurs... voilà aussitôt l'intellectuel arabe, coupable d'essentialiser ses congénères et taxé d'islamophobe.
Étrange pour des sociologues, des ethnologues et autres anthropologues de reprocher une analyse culturelle et de préférer voir dans les réfugiés et migrants une somme d'individus hors-sol et sans Histoire. C'est Durkheim et Lévi-Strauss, que leurs prétendus disciples assassinent pour cause d'idéologie xénophile.
On voudrait empêcher les intellectuels arabes et musulmans, en Palestine et ailleurs, par la terreur intellectuelle ou la flagornerie, d'avancer sur le chemin de la raison ou de la pondération, que l'on ne s'y prendrait pas autrement.
PS: Les Russes et leurs supplétifs iraniens ou du Hezbollah ont fait d'Alep un champ de ruines, en mettant en œuvre la méthode réservée autrefois aux Tchétchènes. Écoles et hôpitaux ne sont pas épargnés. Des centaines de milliers de Syriens de tous âges sont jetés sur les routes. De leur côté, les Turcs bombardent impunément les rebelles kurdes, véritables et seuls héros dans la guerre contre l'État islamique. Les belles âmes françaises restent, pour l'heure, quiètes, puisque les Occidentaux ne sont pas à flétrir.
Lorsqu'à nouveau, ce qui ne saurait tarder, le Hamas par ses tunnels ou ses missiles, s'en prendra aux Israéliens et que la riposte inévitable encore qu'autrement plus tempérée s'ensuivra, ce post-scriptum leur rappellera cette douce quiétude.
Gilles William Goldnadel ©