Billet
ACTUALITE JUIVE - N° 1376 – Jeudi 28 janvier 2016
« Lorsque l'islamo-gauchisme est juif… » par Gilles-William Goldnadel
L'islamo-gauchisme, je l'ai écrit à plusieurs reprises en ces temps malheureux, a été le terreau intellectuel et médiatique de l'antisémitisme criminel. Par sa complaisance envers l'islamisme, par sa compréhension de la violence terroriste, par sa détestation pathologique d'Israël. Cette névrosée cinquantenaire qui, comme je l'écrivais le 6 janvier dans ma chronique du Figaro a peu à voir avec l’islamisme et tout avec le gauchisme, a désormais l'âge de la ménopause.
Mais lorsque l'islamo-gauchisme est juif, ce qui est fréquent, il est encore plus redoutable dans sa perversité et ses effets. Perversité narcissique, car contrairement à ce que l'on soutient ordinairement, le juif antisioniste ne souffre pas d'une haine pathologique de lui-même, il s'est retranché depuis longtemps et bruyamment de sa communauté originelle, mais au rebours de trop d'amour pour sa petite personne. Car convenons-en, au moment où les médias d'extrême gauche sont encore en majesté, il est plus gratifiant socialement de cogner sur l'État juif honni que de le défendre dans une ingrate réprobation mondaine.
C'est dans ce cadre psychologique qu’interviennent les fantasques déclarations de Rony Brauman sur Europe 1 le 16 janvier, en pleine affaire dite de la kippa marseillaise : à l’entendre son port révélerait « une affiliation politique » et même « un signe d'allégeance à la politique raciste de l'État d'Israël ».
Je tiens à être sincère, jusqu'à présent, j'entretenais avec l'ancien président de Médecins Sans Frontières des relations courtoises. Nos débats audiovisuels étaient vifs mais jamais haineux. Je tenais Rony pour un intellectuel juif opposé au sionisme, ce qui est bien son droit, certes, follement injuste et obsessionnel, mais toujours à l'aide d'arguments apparemment rationnels même si ils étaient faux. Rien à voir, par exemple avec son cousin Eyal Sivan, cinéaste raté et hargneux.
Mais voilà qu'après ses dernières déclarations, Brauman rejoint son cousin dans un islamo-gauchisme juif stupide et dangereux.
Stupide parce que prétendre que la kippa correspondrait à un soutien à l'État d'Israël est un non-sens historique et religieux qui surprend chez un intellectuel jusque-là policé.
Dangereux, immensément, car laisser à penser, de la part d'un juif revendiqué, qu’il s'agirait d'un soutien politique ostentatoire à une politique raciste criminelle, alors même qu'un juif portant kippa vient d'être agressé par un islamiste à la machette, équivaut à tout le moins à une compréhension de l'agression.
Dans le même temps, Brauman de nous expliquer, qu'en revanche s’en prendre à une femme voilée serait un acte raciste… Difficile de faire davantage dans le double standard au détriment de sa communauté originelle.
Et pour faire bonne mesure, Brauman d'indiquer mensongèrement que les députés français Meyer Habib et Claude Goasguen auraient sifflé la merveilleuse mère d'une victime musulmane de Mohamed Merah lors de sa visite à l'Assemblée Nationale sous prétexte qu'elle portait un foulard… Ce qui est monstrueusement faux, car tout comme moi qui lui rendais hommage dans un récent article du Figaro, Habib et Goasguen entretiennent avec elle les rapports les meilleurs.
À ce degré de bêtise assez immonde, on devrait peut-être se montrer charitable.
Je ne puis hélas, car les courageux députés m'ont demandé de demander raison à la justice française des errements d'un intellectuel à la dérive.
Quant à ce dernier, le Canard enchaîné a considéré qu'il avait franchi « le mur du çon »…
Pour que le gallinacé ait cette fois l'oreille gauche aussi fine, il fallait que la sonnerie soit vraiment monumentale…