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Publié le 24 janvier 2012
Dans "Le Vieil homme m’indigne !", Gilles-William Goldnadel s’attaque au best-seller mondial de Stéphane Hessel, "Indignez-vous !" Pour lui, le prétendu résistant est un imposteur et son travail, partial et creux (Extraits).
Goldnadel s’attaque au best-seller mondial de Stéphane Hessel, "Indignez-vous !"
Fièrement, le petit livre jaune est publié par les éditions Indigène dans une collection intitulée : « Ceux qui marchent contre le vent ».
Il faut retourner, pour le fun, à cet article déjà cité de Télérama qui constitue un modèle de complaisance, de cire pompes vernies, qui a choisi pour titre cette noble citation de Stéphane Hessel : « J’ai toujours été du côté des dissidents » et qui commence par cette phrase bien envoyée : « C’est un vieux monsieur formidable qui nous reçoit simplement dans son appartement parcheminé du 14e arrondissement à Paris. Affable, séducteur, et toujours révolté contre l’injustice. » Ledit article est joliment orné d’une photo de l’humaniste souriant tendrement à Yasser Arafat.
Car il faut bien le reconnaître, de nos jours en France, il faut être dissident, à la manière de Soljenitsyne ou de Aung San Suu Kyi, pour oser prendre le parti des sans-papiers ou des Palestiniens. Au mieux Gorki, au pire le goulag ou l’hôpital psychiatrique.
Sans ces samizdats que constituent Le Monde diplo, Libé, Les Inrocks, Télérama, Mediapart, Rue89, Politis, qui sait vers quelle destination inconnue, le dissident serait conduit de par le pouvoir implacable de la pensée dominante et des lobbies ?
Car c’est à la nuit tombée que les résistants se passent de main en main tremblante le petit livre ronéotypé. Dehors, hulule une chouette ? Tu n’y es pas camarade. C’est un ami qui monte la garde. S’il tombe, un ami prendra sa place.
Et si on était, rien qu’un peu, sérieux ? En France, ce n’est pas le pouvoir politique qui aujourd’hui opprime, c’est celui qui imprime, et qui est censé informer sans déformer.
J’ai appris récemment, sous la plume de l’excellent Michel Gurfinkiel un nouveau mot : ochlocratie, la dictature de l’opinion cornaquée par les potentats médiatiques qui, profitant de la faiblesse des politiques, formatent les esprits.
Si Stéphane Hessel avait été toujours du côté de la dissidence, il aurait lutté pour les sans-voix et laissés-pour-compte de la pensée conforme.
Pour le représentant de l’Armée de Libération du Soudan que je défends contre les menaces récurrentes d’expulsion du Quai d’Orsay pour cause d’intransigeance à l’égard du criminel de guerre qui préside à Khartoum. Pour les chrétiens d’Algérie poursuivis pour blasphème par les tribunaux de leur pays. Pour les opposants iraniens réfugiés en France contre le régime des mollahs. Pour le gouvernement provisoire de Kabylie basé à Paris. Pour les Tamouls massacrés au Sri Lanka. Pour les Tibétains expulsés, quitte à ne pas vendre son livre aux Chinois.
Pour les modernes esclaves indiens ou bengalis de Dubaï ou d’Abou Dhabi…
La blasphématoire vérité, c’est que « saint Stéphane » est du côté du sceptre, du manche et de la cognée. Du côté des faux rebelles et des authentiques fayots. Du côté des ochlocrates. Du côté des theâtrocrates démagogues raillés par Platon, du côté, précisément, de ceux qui ont monté en omelette baveuse de platitudes, de boursouflures, de vantardises, de mensonges, de demi-mensonges, en poussant des oh !, des ah !, des bravos !, et des encore !
Hier, Elena Bonner, veuve Sakharov est morte en exil. En silence. Dissidente.
Tout le contraire d’un conformisme nauséabond en odeur de sainteté.
Et dans le sens du vent.
Extraits de Le vieil homme m'indigne !, Jean-Claude Gawsewitch (26 janvier 2012)
Imposture
Publié le 24 janvier 2012
"Indignez-vous !" : petit livre indigent pour bobos conformiste
Interview de Gilles-William Goldnadel qui publie ce jeudi un pamphlet contre Stéphane Hessel intitulé "Le Vieil homme m’indigne !"
Atlantico : Gilles-William Goldnadel, vous publiez bientôt « Le vieil homme m'indigne! », un livre dans lequel vous accusez l'auteur d' « Indignez-vous ! », Stéphane Hessel, d’être un imposteur. Dans un premier temps, comment expliquez-vous le succès phénoménal d’« Indignez-vous ! » ?
Gilles-William Goldnadel : Par la bienveillance extrême d’une très grande partie de la caste médiatique, acquise au conformisme post-gauchiste, pour un personnage qui correspond, trait pour trait, au saint laïc à canoniser de son vivant : un résistant, intellectuel de gauche, juif, internationaliste et anti-occidental. Peu importe que dans la réalité incarnée l’homme ne corresponde pas à son image révérée, puisque tout esprit critique est aboli. Son petit livre a été présenté sur tous les promontoires des grandes surfaces, bien que beaucoup d’intellectuels finissent aujourd’hui par reconnaître son indigence totale, il n’en constitue pas moins un signe de reconnaissance sans risque pour les « rebelles résistants ». En vérité, on se trouve dans un rite quasi-religieux : les bobos se l’offrent pour Noël.
Et pourquoi l’accusez-vous d’imposture ?
Pour plusieurs raisons que je prouve : il se présente et se laisse présenter comme le rédacteur de la Déclaration des Droits des l’Homme de 1948, alors que, poussé dans ses ultimes retranchements, il a fini par concéder, mais un peu tard, qu’il ne l’a jamais été.
Autre immense imposture, son indignation n’est même plus sélective elle est unique : je vous mets au défi de trouver dans le livre la moindre indignation en politique extérieure à l’exclusion obsessionnelle du conflit israélo-palestinien. Il ne s’indigne pas du sort des chrétiens d’Orient, il ne s’indigne pas pour les nouveaux esclaves des Emirats, il ne s’indigne pas de la Syrie ni du Tibet lorsqu’il fait traduire son livre en mandarin pour le vendre aux chinois. Le génocide au Soudan ne lui arrache pas un trémolo : la seule chose qui l’intéresse, c’est de fustiger Israël, seulement Israël.
Mais la plus grande imposture de toute cette histoire, c’est sans doute l’écart vertigineux entre l’inconsistance d’un non livre qui ne contient aucune idée et son succès planétaire. A ma connaissance, c’est une première depuis l’invention de l’imprimerie.
Au fond, ce succès représente la preuve la plus caricaturale de la gauchisation des idées, je devrais dire des fantasmes, qui s’expriment aujourd’hui, de l’antisarkozisme primaire à l’anti occidentalisme pathologique.
N'est ce pas beaucoup de bruit pour rien ? Stéphane Hessel mérite-t-il tant d'attention?
Bien sûr ! S'il ne s'agissait que de ce vieux monsieur pas très intéressant, en tout cas au plan intellectuel, vous vous doutez bien que je ne m'exposerai pas ainsi. Mais j'en veux à toute cette caste hesselidolâtre, qui pose habituellement en iconoclaste et qui lui a ciré ses bottines vernies. A tous ces petits marquis dénués d'esprit critique qui gonflent les jeunes cerveaux depuis quatre décennies à l'air vicié à la pseudo révolte... En fait, c'est mon éternel combat contre une imposture radicale, autrefois située a l'extrême droite et qui n'a fait que de traverser le trottoir.