Bloc-note
ACTUALITE JUIVE - N° 1330 – Jeudi 29 janvier 2015
On s'habitue…
Le Premier ministre français a déclaré que les Français devaient s'habituer à vivre une longue période d'insécurité. Il est possible que les Français se soient habitués à ce que désormais les juifs de France soient systématiquement frappés, mais je doute que ces derniers, premières victimes du racisme antifrançais et de la dernière version de l'antisémitisme, acceptent de vouloir s'habituer.
Le Premier ministre israélien, premier bouc émissaire parmi les boucs émissaires, a été critiqué pour avoir déclaré que son État attendait les juifs de France « les bras ouverts ». Aurait-on voulu qu'il les attende les bras fermés ? La communauté juive organisée n'a même pas eu le courage de le remercier pour ses propos, toute occupée qu'elle était à remercier humblement pour les condoléances reçues. Une fois encore.
Imagine-t-on dans quel état moral et psychologique se trouveraient les juifs de France s'il n'existait pas la solution d'un État refuge qui, plus que jamais, trouve sa justification ?
Pour le reste, ceux qui depuis des années se désespèrent de la cécité intellectuelle, communauté juive organisée comprise, devant le danger d'un islam radical pathologiquement antisémite allié à une extrême-gauche pathologiquement islamophile, ne sont pas tristement rassérénés d'avoir eu raison.
Ils espéraient une révolution copernicienne des esprits à la défaveur de la tragédie. Un constat clair d'une intégration ratée et d'une immigration incontrôlée. Mais rien à attendre de ceux qui sont responsables du désastre et qui tiennent toujours fermement les rênes du pouvoir politique, médiatique et culturel. Ils ont eu tort sur tout: extatiques devant la société multiculturelle, allergiques à tout remède sécuritaire pris par l'État-nation contre la barbarie à visage urbain, rétifs à critiquer l'islam radical sous peine d’être taxés de racistes: raison de plus pour continuer à pontifier fièrement en proférant les mêmes inepties.
Pendant ce temps, comme si rien ne s'était passé, on continuera soutenir à l'ONU la radicalité palestinienne en lui accordant tout ce qu'elle exige et sans la moindre contrepartie.
On fermera les yeux sur l'assassinat d'un courageux procureur argentin, osant réclamer des comptes au gouvernement de Buenos Aires qui a accordé l'impunité à l'Iran et à son bras armé du Hezbollah, auteurs d'un attentat qui a coûté la vie à 85 juifs argentins…
D'abord on regarde ailleurs, ensuite on ne veut pas voir ou on excuse, enfin on s'habitue.
Je n'ai pas voulu me rendre à une grand-messe dominicale où on ne voulait pas prononcer le nom du démon. Je refuse tout autant, s'agissant des commémorations d'Auschwitz, d'entendre les mots creux, les condoléances faciles, de ceux qui acceptent, par sottise, lâcheté ou ambition, la prochaine catastrophe.
Gilles-William Goldnadel ©
Président de France-Israël et d'Avocats Sans frontières