Paru dans Valeurs Actuelles 27/10/2014
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Gilles-William Goldnadel: "La gauche morbide s'en prend aux morts"
L'oeil de Goldnadel.
Chaque semaine, Gilles-William Goldnadel propose aux lecteurs de Valeurs Actuelles son regard sur l'actualité. Aujourd'hui, il dénonce le comportement inacceptable d'une certaine gauche qui, pour des raisons politiques, est prête à tout et même au pire: l'irrespect pour les morts.
On savait depuis longtemps que la gauche française n'avait pas le monopole du cœur et du cerveau.
On savait que la locution « gauche morale » était devenue une sorte d'oxymore hilarant.
Mais il semblerait que l'on ait sous-estimé l'acrimonie, la hargne, la haine sociale, bref, une méchanceté, littéralement, sinistre.
Je veux parler ici de l'irrespect pour les morts. Il existe en effet dans les nations que j'ose appeler civilisées - encore que la gauche déteste l'appellation - une tradition d'autant plus forte qu'elle n'est pas écrite et qui veut que l'on ne piétine le corps d'un homme qui vient de quitter la famille des vivants.
Cela ne veut pas dire que le mort est un saint. Cela signifie, a fortiori dans un pays qui pousse le respect de la vie jusqu'à s'être ôté le droit de l’ôter, que l'on ne tire pas sur les cadavres encore chauds.
À gauche, il arrive que la tradition naturelle soit foulée aux pieds en même temps que le défunt.
C'est ainsi que le 4 mai 2009, je consacrais un article dans lequel j’accordais une mention spéciale à Pierre Assouline qui avait cru devoir piétiner rageusement la dépouille encore chaude de Maurice Druon, coupable d'être à la fois de droite et « réactionnaire et conservateur ».
Il est vrai que le coauteur du Chant des Partisans avait également eu le mauvais goût de faire de la résistance. Bref, pour le rebelle Assouline, potentat des arts et des lettres, autant dire un authentique salaud ne méritant ni de vivre, ni même de mourir en paix.
C'est ce flambeau de la méchante bêtise qu’aura repris Gérard Filoche, membre du comité directeur du parti socialiste, et inspecteur du travail emblématique, lorsqu'il a craché sur le corps sans vie de Christophe de Margerie, traité de voleur, et de « suceur de sang ».
S’il arrivait que l’un de ces messieurs quitte la scène avant moi, je jure de m'abstenir pendant huit jours, de dire tout le mal que m'inspire celui qui crache sur les cercueils de ceux qui viennent d’y entrer.