TEMPÊTES DANS TROIS BÉNITIERS
La levée de boucliers des défenseurs des victimes des prêtres pédophiles, les cris d'orfraies poussées par une partie de la communauté juive, l'indignation mondiale qui a suivi le dernier sermon du prédicateur du Vatican pourraient surprendre ceux qui s'étonnent encore de l'irrationalité de l'émotion médiatique.
Certes, suggérer, au moyen de la lecture de la lettre d'un Juif compatissant, que l'injustice faite au pape et à son église sont de la même farine que le phénomène antisémite est sans doute une grosse bêtise. Mais quoi, l'esprit public ne se serait pas habitué, depuis longtemps,
à ce que le malheur juif, accommodé à toutes les sauces, soit instrumentalisé par toutes les causes au moyen du témoignage d'un juif utile ?
Encore faut-il préciser que d'habitude, ce n'est pas le banal antisémitisme que l'on enrôle, mais tout bonnement le génocide nazi que l'on compare, cette fois impunément, au sort fait aux palestiniens quand ce n'est pas au traitement des sans-papiers.
Pas de quoi donc en faire davantage à l'encontre d'un prélat qui n'accepte pas de bonne grâce de voir son maître et sa maison affublés de tous les péchés d'Israël, être victimes de tous les stéréotypes, accusés de tous les crimes.
Dans son dernier article, le correspondant du Monde (le 3 avril), Laurent Zecchini, qui, un temps m'avait laissé espérer quelques progrès dans la dure reconquête de l'objectivité, écrit que les Palestiniens chrétiens s'inquiètent pour leur liberté de culte à Jérusalem.
Lorsque l'on sait quelle était la situation des lieux saints avant 1967, on se demande si cet article n'était pas prévu pour le premier du mois.
Certes, le journaliste aurait beau jeu de répondre qu'il n’a fait que décrire les états d'âme de la communauté chrétienne arabe de Palestine.
Cela semble d'ailleurs devenir une sorte d'habitude, puisque dans sa précédente chronique le même reporter avait rapporté sans rire que les musulmans craignaient que les Juifs ne détruisent les mosquées de l'esplanade pour reconstruire leur Temple.
Curieusement, son journal ne semble pas avoir rapporté les fantasmes des Chrétiens espagnols de Cordoue après que des musulmans se soient mis à vouloir célébrer leur culte dans l'ancienne mosquée, devenue cathédrale après la Reconquista, conformément, aux prêches de Zawahiri qui considère l'Andalousie comme faisant partie intégrante du Dar Al Islam. (Le Figaro du 5 avril).
Enfin, et toujours dans la catégorie des croyants indignés, on n'oubliera pas l'attitude du Saint Collège des climatologues officiels qui, offensés par le scepticisme de certains en sont venus à réclamer leur excommunication ex cathedra par les autorités temporelles.
Moi, sans y connaître grand-chose, cela me rend méfiant. Allègrement.