AINSI VA « LE MONDE »
Le 8 mars 2010, dans un articulet de mon « blognadel » j’écrivais : « Celui qui se voudrait toujours le journal de référence de la presse française, toujours prompt à donner son avis sur tout et sur tous, à prodiguer des leçons morales qu’on ne lui demande plus, à excommunier ex cathedra les contrevenants à l’idée qu’il se fait de ladite morale sait se faire discret à l’occasion.
Lui qui se voudrait encore l’arbitre du bon gout et de la bonne foi n’a pas cru devoir dire un mot sur l’idée qu’il se faisait du rapport Goldstone (…).
Je savais d’autant plus le rapport fantaisiste que son auteur lui-même avait d’emblée indiqué que les témoignages des habitants de Gaza surveillés et cornaqués par le Hamas ne sauraient être considérés comme dignes de foi judiciaire.
Mais lire la mission qui a ordonné le rapport et qui comporte d’ores et déjà le jugement de condamnation de l’Etat d’Israël, prendre connaissance de la personnalité des rapporteurs eux-mêmes qui s’étaient illustrés préalablement dans des prises de position anti-israéliennes donnent un gout de cendres à la bouche de celui qui n’a plus de palais depuis longtemps pour avoir ingurgité trop d’épices corrompues ».
Dans son livre indigné et encensé par « Le Monde » Stéphane Hessel écrivait à Noel : « Aujourd’hui, ma principale indignation concerne la Palestine, la bande de Gaza, la Cisjordanie. Il faut absolument lire le rapport Richard Goldstone de septembre 2009 sur Gaza, dans lequel ce juge sud-africain, juif, qui se dit même sioniste, accuse l’armée israélienne d’avoir commis des « actes assimilables à des crimes de guerre et peut-être, dans certaines circonstances, à des crimes contre l’humanité » pendant son opération « Plomb Durci » qui a duré trois semaines. … Est-ce que ça sert le Hamas d’envoyer des rockets sur la ville de Sderot ? La réponse est non ça ne sert pas la cause, mais on peut expliquer ce geste par l’exaspération des Gazaouis ».
Le 5 avril dernier, Le Monde reconnaissait sans excessive jubilation que le juge Goldstone avait, dans une interview mortificatrice au Washington Post du 1er avril « exonéré Israël pour la guerre de Gaza » et qu’il n’y avait pas eu, contrairement au Hamas, « de politique ciblant intentionnellement les civils ».
Le même jour, Le Monde publiait un « point de vue » amphigourique intitulé : « Le prix Nobel (de la paix) pour Stéphane Hessel ! » débutant ainsi : « Il est évident qu’il se trouve depuis longtemps parmi les personnalités qui, par leur engagement, leur courage ont le plus ou le mieux contribué au rapprochement des peuples… ».
Parmi les quatre signataires : Edgar Morin, qui dans le même journal avait publié un mémorable article dans lequel il dénonçait un massacre commis par les Israéliens à Jenine et dans lequel il écrivait que « Les Juifs prenaient plaisir à humilier les Palestiniens ».
Quelques mois plus tard, un rapport de l’ONU reconnaissait qu’il n’y avait pas eu de massacre à Jenine.
Je ne recommanderai pas de vaine indignation.