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5 août 2015 3 05 /08 /août /2015 12:34

Article paru dans Le Figaro (édition papier) du 5 août 2015

Bébé palestinien tué par des extrémistes juifs: À mon tour, je dis «pas d'amalgame» par Gilles William Goldnadel

Un drame est un drame. Aucune excuse, aucune espèce d'indulgence ne saurait accueillir le geste ignoble d'avoir incendié cette maison en Palestine qui a occasionné la mort atroce d'un bébé palestinien. Il ne s'agit pas d'une simple précaution: Ce bébé palestinien est mien, et je ne fais aucune différence avec la mort insupportable d'un bébé israélien. Je n'ai pas attendu cette tragédie pour savoir qu’il existait au sein de la société israélienne, comme au sein de toute communauté nationale et religieuse, des fous, des exaltés, des crétins et des salauds qu’il convient de traiter avec la plus extrême sévérité. Je n'ai pas la religion des territoires, et je mentirais en disant que la coalition laïco-religieuse au pouvoir en Israël – imposée par un système électoral inepte – correspond à mes vœux les plus ardents.

Ayant pesé chaque mot au trébuchet de ma conscience, qu'il me soit permis à présent d'écrire que je ne saurais accepter qu'à nouveau un tel drame donne lieu à un psychodrame comme seul le conflit israélo-palestinien peut en accoucher, gros à nouveau de nouvelles catastrophes. Nous en avons, hélas, la triste habitude : en 1982, après le massacre de Palestiniens à Sabra et Chatila, succédant lui-même à celui, passé sous silence, de chrétiens à Damour, c'était Sharon le criminel de guerre et non les phalangistes. Après l'assassinat du malheureux Yitzhak Rabin, Benyamin Nétanyahou était déjà désigné comme ayant tenu l’arme du crime. Aujourd'hui, le même est censé avoir jeté le cocktail Molotov dans la maison incendiée. Comment expliquer, par exemple, que des journalistes français puissent vouloir faire porter l'entière responsabilité de la mort du malheureux petit sur un gouvernement israélien qui l’a pourtant dénoncée immédiatement comme « un acte terroriste » ? Ces commentaires ne s’expliquent que par la psyché très particulière d’observateurs qui se voudraient objectifs et rationnels.

C'est ici qu'une mise au point essentielle s'impose. L'immense majorité du peuple Israélien condamne sans appel l'incendie criminel. L'ensemble de la représentation politique israélienne, de l'extrême droite à l'extrême gauche, en passant par les partis religieux orthodoxes, le dénonce vigoureusement. Une manifestation nombreuse et plurielle a été organisée à Tel-Aviv le 1er août pour le réprouver avec indignation.

Le 11mars 2011, dans le village d'Itamar, deux terroristes palestiniens pénètrent dans la maison de la famille Fogel. Ils assassinent les parents et égorgent trois de leurs enfants dont un bébé de 3 mois. Aucune manifestation n'a eu lieu à Ramallah. Si ce n’est de joie. Sondés, un tiers des Arabes de Palestine ont déclaré approuver le geste des assassins.
Un autre exemple. Le président de l'Autorité palestinienne, le « modéré » Mahmoud Abbas, s'est rendu à Beyrouth. Il y a donné l'accolade à un certain Samir Kountar, proche du Hezbollah et l'a traité comme un « résistant ». Or celui-ci avait été condamné en Israël pour avoir fracassé le crâne d'une fillette à l’aide d’une pierre. On trouve pourtant peu de commentateurs pour condamner cette complaisance chronique de la représentation politique palestinienne et d’une partie de la société palestinienne avec un terrorisme aveugle qui se poursuit dans l'indifférence absolue.

Je n'écris pas ces lignes amères seulement pour fustiger une hémiplégie morale et intellectuelle dont j'aurai passé une bonne partie de ma vie d'homme à expliquer les ressorts obscurs.
Il ne s'agit pas seulement d'une question élémentaire de justice et d'équité. Il s'agit, encore et surtout, de faire en sorte de ne pas alimenter de l'extérieur un conflit centenaire suffisamment passionné.
Il existe au sein de la société israélienne, et pas seulement à gauche, une classe intellectuelle qui s'impose à elle-même, au nom de la morale juive, des exigences éthiques particulières, sans égard aux actes de l’Autre. On ne peut qu'en prendre acte. Mais que des éléments extérieurs à la nation juive puissent décréter des normes et des conduites différentes aux adversaires en conflit et selon des critères mystérieux, relève de l'irresponsabilité intellectuelle.

Les uns vont trouver dans l'absence de condamnation de leur conduite la plus extrême une compréhension de l'injustice qu'ils subissent valant encouragement à poursuivre selon les mêmes méthodes. Les autres, dans la systématisation unilatérale de leur réprobation, la preuve que, décidément et en l'absence de toute justice équitable, seule la force solitaire peut prévaloir pour survivre.

Il est étrange et inquiétant que les mêmes qui répètent obsessionnellement « pas d'amalgame ! » lorsqu'il s'agit des crimes islamistes soient infiniment moins précautionneux en d'autres circonstances. Si l'on veut sincèrement que cesse un jour cette tragédie israélo-palestinienne, avec ses retombées inflammables et criminelles également en France, encore faudrait-il s'essayer à ne pas l'alimenter par des jugements strabiques.

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commentaires

C
Un sommet : http://frblogs.timesofisrael.com/tel-aviv-sur-seine-le-bon-grain-et-livraie/<br /> <br /> Article écrit par Brigitte Goldberg, 1ere candidate trans à l'élection présidentielle.<br /> <br /> On pourra aussi lire un autre de ses articles dans lequel on cerne mieux le personnage ou elle/il déclare que la France est son pays et que : "Mon foyer, monsieur Netanyahu, ne saurait être cette terre de Judée qui m’est étrangère..."<br /> <br /> Est-ce un hasard si ces 2 articles ont été publiés sur le Huffington Post ? Voila a quoi on voudrait que les juifs ressemblent. Voila ce bon grain.
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C
Encore un commentaire qui s'inscrit dans l'esprit du 'pas d'amalgame' de GWG :<br /> <br /> De son côté, une autre voix s’est levée, n’émanant pourtant pas d’un journal particulièrement proche de la politique d’Israël. Il s’agit d’Alexandra Schwartzbrod, adjointe de la rédaction de Libération. Elle écrit : « Mais ne confondons pas tout ! Une ville n’est pas un Etat ! S’il y a un endroit au monde où l’on sent une aspiration forte à la liberté et à la paix, c’est bien Tel-Aviv. Qu’ils soient de là ou d’ailleurs, ne nous coupons surtout pas de ceux qui, au sein de la population israélienne, sont prompts à dénoncer la politique menée par le gouvernement Netanyahu. […] Ne répondons pas à l’intolérance par l’intolérance. »<br /> <br /> Cela dit, le crétin qui se rejouit sur son blog et reprend cet article de libération est le rabbin très libéral farhi. Ceci expliquant sans doute cela.
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P
Grâce à la nouvelle religion du "pas d'amalgame", on sait maintenant que la mairie de New York a laissé parader l'Hermione dans son port pour bien montrer que les Américains non plus ne font absolument aucun amalgame entre la magnifique secte socialo-gauchiste qui règne en maître à Paris, si belle, si ouverte, si tolérante, et la politique violente et brutale de Monsieur Hollande qui s'acharne à bombarder les enclaves islamistes au Mali et au Niger.
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P
Un bébé tué en Israël: La torchonnerie merdiatique mondiale met le feu.<br /> <br /> Arabes palestiniens tués juste à côté en Syrie: 2 512 (actionpal.org),<br /> et pas le moindre minuscule petit entrefilet dans ces mêmes médias.
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C
Tel Aviv s/ Seine : Voila encore une occasion de réclamer le 'pas d'amalgame'. Tel Aviv, c'est bien, c'est branché, c'est pd, c'est gauchiste. A ne pas confondre avec le reste du pays qui ne mérite que le mépris planétaire.
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C
Lorsque les Juifs se comporteront en vrais propriétaires de Jérusalem, alors il ne fait aucun doute que ceux qui parlent de TA comme capitale du pays ne seront plus incités à le faire, même si je n'accorde que peu d'importance à leur avis.<br /> <br /> Si demain Jérusalem tombée entre les mains arabes, il n'y aurait plus une seule synagogue debout, plus un seul juif sur place, plus de Jérusalem-est ou ouest, et personne dans le monde pour empecher cela. Jérusalem serait alors déclarée capitale de la palestine et toutes les ambassades y ouvriraient leur porte. Nous avons vu comment les arabes se sont comportés lors de l'évacuation de gaza. Se sont ils attirés la réprobation du monde ? Non. On se bouscule pour apporter son aide. Qu'a fait le monde lorsque l'état islamique a détruit des trésors antiques en Irak et avant eux, les talibans et encore avant, les jordaniens ? Rien. Voila le monde auquel nous avons à faire. Mais il ne faut pas lui reprocher de ne pas nous voir en propriétaires légitimes quand nous même nous nous comportons comme des usurpateurs n'ayant pas 'la religion des territoires' pour certains, pas celle de Jérusalem pour d'autres, pas celle d'un Etat juif pour d'autres encore. <br /> <br /> Lorsque la vraie mère refusa que l'enfant soit coupé en 2 comme le proposait le roi Salomon, elle ne s'est pas préoccupée de savoir ce qu'on penserait d'elle. Elle s'est comportée en mère légitime. Et c'est parce qu'elle s'est comportée ainsi qu'elle a été reconnue dans ses droits.
C
GWG doit être satisfait. La mairie de paris de ne fait d'amalgame (Le Figaro) :<br /> <br /> "«Il ne faut pas faire d'amalgame entre la politique brutale du gouvernement israélien, et la ville de Tel-Aviv, dont les habitants et les élus sont des acteurs progressistes du conflit israélo-palestinien», explique l'adjoint d'Anne Hidalgo. «Ce n'est pas parce que nous les invitons que nous cautionnons ce qui se passe en Cisjordanie ou à Gaza. Au contraire, nous voulons mettre en valeur les acteurs de la paix», poursuit-il.
P
Le but de la manoeuvre c'est de donner au plus grand nombre l'illusion que le monde entier finira un jour par ressembler à la gauchisterie européenne dans doute sa splendeur.
M
Le paradoxe est qu'en même temps, ceux qui haïssent Israël tout en aimant ce qui est branché, pd et gauchiste ont tendance à désigner ce pays par l'expression "Tel-Aviv" plutôt que par le nom de sa capitale, Jérusalem...

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