COMPLEXITE AU DARFOUR, SIMPLISME AU-DELÀ
Il existe actuellement une sorte de mode intellectuelle, très en vogue dans les O.N.G. bien à gauche, qui tient à proscrire tout « simplisme » dans la vision du drame que connaît le Darfour. Pour ces organisations, l'explication par le racisme d'un génocide qui n'en serait pas vraiment un de populations africaines par les milices arabes du gouvernement islamiste de Khartoum serait sommaire et contre-productive.
Le public européen est au contraire invité à saisir la complexité d'une situation dans laquelle un conflit entre nomades et sédentaires serait une lecture autrement plus conforme.
La proposition de Bernard Kouchner d’imposer un corridor humanitaire pour venir en aide aux victimes serait également maladroite en ce qu'elle pourrait irriter dangereusement l'ombrageux gouvernement soudanais.
Curieusement, le responsable d'une de ces organisations, en l'espèce « Médecins du Monde »,
ne fait pas montre d'un tel sens de la complexité et de l'esprit de prudente responsabilité lorsqu'il s’essaie à intervenir sur le terrain palestinien (Le Figaro, 2 juillet, page Débats) pour Pierre Micheletti, le chaos qui règne à Gaza depuis la violente prise du pouvoir par le Hamas serait de la responsabilité de tous : Israël, États-Unis, Union Européenne ... à l'exclusion notable des palestiniens eux-mêmes. En suite de ce diagnostic assuré, le docteur ordonne comme remède souverain, la reprise immédiate des contacts avec le mouvement islamiste.
Est-il permis de trouver l'analyse médicale un rien simpliste ?
Ne serait-il pas possible de traiter les Arabes de Palestine autrement que comme des mineurs irresponsables ?
Est-il interdit de rappeler que ce sont les électeurs majeurs de Palestine qui ont porté au pouvoir une organisation terroriste ?
Faut-il absolument oublier que celle-ci, toutes affaires cessantes, plutôt que de créer à Gaza évacué unilatéralement par Sharon un modèle de ce que pourrait être l'État de Palestine de demain s’est précipité sur ses lance-missiles pour tirer sur le territoire d'un voisin dont il a juré dans sa Chartre la destruction ?
Enfin, est-il incongru de suggérer que tout dialogue avec un mouvement qui a toujours refusé d'amender précisément cet objectif final et qui n'a même pas respecté les accords passés avec ses frères rivaux, dont il a massacré sans pitié les membres, serait, dans les circonstances actuelles un encouragement à ce qu'il persévère dans l'abomination ?
À ce stade, l’explication de cette singulière différence d'approche entre les deux conflits saute aux yeux : le responsable idéal, le fauteur de guerre parfait ne peut qu'être blanc et occidental. C'est la simplicité même.
Si par malheur, les évidences trompeuses, forcément trompeuses, montrent qu'il appartient au camp des victimes par essence, alors que vive la docte complexité !
Gilles-William Goldnadel.
D’après mon article paru dans
Le Figaro du 14-15/07/07