L’AVEU
Ça y est, cela devait arriver. Je suis démasqué.
Lors de mon dernier blog – sur le blognadel – c’était le 30 octobre, j’avais exhumé un entrefilet du Figaro de l’avant-veille qui indiquait que l’OTAN avait tué des civils par erreur en Afghanistan, dans un campement de nomades et qu’il y aurait eu 80 morts, dont des femmes et des enfants.
Je remarquais le silence total audiovisuel et je concluais par cette question « est-il seulement possible de comparer cette absence de couverture avec les 28 morts libanais de Cana, transformés en vitrine d’un "massacre"’ galactique ? ».
Un blogger critique écrit à propos de cette remarque que ce qui me chagrine en vérité ne serait pas le silence sur cette tragédie afghane, mais plutôt la publicité faite à la tragédie de Cana.
On voudra bien, pour l’actualisation de mes propos, remplacer Cana par Beit Hanoun ou par le prochain, inévitable, regrettable et regretté dysfonctionnement de l’artillerie israélienne.
Et bien oui, j’avoue, j’avoue tout. Je suis certes chagriné par le silence médiatique autour de l’Afghanistan et plus encore autour du Darfour, mais je suis ulcéré par l’incommensurable disproportion avec le traitement de la question israélo-palestinienne.
Le ratio différentiel de médiatisation entre deux événements de nature comparable : une « bavure » involontaire commise par des armées occidentales aux prises avec des irréguliers islamistes doit être à mon avis de un à un milliard.
Encore faut-il faire observer que les Américains, français et britanniques qui se battent en Afghanistan n’ont pas leurs villes soumises à des bombardements, n’ont pas leur pays promis à la destruction, et n’ont pas à exercer leur art militaire à l’intérieur d’une zone surpeuplée qu’ils viendraient d’évacuer dans un geste de bonne volonté, et d’où partent précisément des tirs destinés à provoquer un bain de sang dont les tireurs se pourlèchent à l’avance les babines avec gourmandise.
Alors, oui c’est vrai, tant que cette démentielle différence de traitement – cette phénoménale disproportion dont je connais exactement et génétiquement l’origine – perdurera, je refuserai de me laisser aller à un processus de repentance particulièrement inapproprié aux circonstances.
Mon refus n’est pas seulement moral, il n’est pas seulement philosophique, il est métaphysique.
Et si les occidentaux veulent rendre un vrai service aux Arabes de Palestine, plutôt que se laisser aller à une irresponsable complaisance, ils feraient mieux de leur demander pourquoi ils ont élu le Hamas et approuvent les tirs de provocation contre Sderot ou Ashkelon.
Alors, mais alors seulement, les parents des petites victimes de Beit Hanoun pourront commencer à se poser des questions sur les véritables responsables de leur malheur.
GWG