AVIS AUX LECTEURS ÉCLAIRÉS DU BLOGNADEL
Je m’absente pour quelques jours. En attendant, dans le prolongement de notre délectation du terme de « militant » appliqué par Mme Agathe Duparc du Monde à Mme Souha Bechara*, j’ai le plaisir de vous adresser « le petit lexique critique » que j’avais rédigé en épilogue du « Nouveau Bréviaire de la Haine ».
A bientôt,
GWG
* Voir le blog du 11 avril 2007
PETIT LEXIQUE CRITIQUE
Antisémitisme
Terme inventé à la fin des années 1870 par le publiciste allemand anti-juif Wilhelm Marr. Phénomène très ancien d’antipathie nourri à l’égard du peuple juif ou de la religion juive. Il convient de s’extraire du premier ou de renoncer à la seconde pour pouvoir espérer y échapper. Lorsque les juifs sont considérés comme une race ou une ethnie, l’antisémitisme devient une variante du racisme. Difficile, dans ces conditions, de le fuir Par la grâce d’un jeu de mots assez facile, certains sémites invoquent leur appartenance à cette ethnie pour exclure d’emblée l’antisémitisme qu’on pourrait être conduit à leur reprocher. Raison pour laquelle certains sont fondés à employer le terme synonymique d’« antijudaïsme ».
Antisionisme
Phénomène récent d’antipathie à l’égard du projet visant à édifier une structure étatique destinée aux juifs sur une partie de la Palestine.
Les antisionistes tiennent beaucoup à se distinguer des antisémites. Ils mettent notamment en avant le fait incontestable que certains antisionistes sont juifs.
N.B. Certains antisémites sont également juifs.
Colon
Synonyme pionnier. Habitant d’une colonie. Or, en raison de la mauvaise conscience occidentale à l’égard des anciennes colonies, ce terme s’est chargé au fil du temps d’une connotation nettement péjorative.
Les colons juifs, installés par le sort des armes, dans les territoires palestiniens contre le gré des populations arabes, font l’objet d’une réprobation quasi unanime. Au point même que les enfants de colons, étiquetés comme tels, semblent moins dignes de compassion que les autres lorsqu’ils sont victimes d’actions meurtrières. D’une manière générale, la question des colonies de peuplement, encore appelées « implantations » juives, est considérée par les observateurs comme l’un des problèmes les plus sensibles du conflit israélo-palestinien. Il convient néanmoins de rappeler que le gouvernement de M. Barak avait accepté le principe du démantèlement des principales implantations dans le cadre d’un accord politique définitif, sans pour autant apaiser la querelle.
Il convient également, pour être complet, d’observer que certains colons juifs acceptent de rester dans les implantations, même sous la souveraineté du futur État arabe palestinien. Force est de constater que cette éventualité ne retient pas l’adhésion du monde politique et médiatique, qui réclame le démantèlement complet des colonies et le rapatriement de ceux qui y résident.
L’observateur candide, amateur désuet d’histoire et de philologie, qui se risquerait à suggérer qu’un juif ne saurait être jugé plus indésirable en Judée qu’un étranger ailleurs, déclencherait une irrésistible hilarité.
Faucon
Redoutable oiseau de proie. Au sens figuré militariste, belliciste. Au Proche-Orient ce volatile ne semble planer, terminologiquement, que dans le ciel israélien. Prédateur étrange, introuvable dans les cieux syriens.
Gentil
Non juif. Terme tombé en désuétude.
Goy
Gentil. Terme perçu, à tort, comme péjoratif.
lsraël
Pays le plus médiatisé de la planète.
Israélien
Habitant de l’État d’Israël. Majoritairement, pour l’heure, un juif.
Israélite
Juif. Terme tombé en désuétude.
Judée
Antique royaume juif. Littéralement, du latin «terre des juifs». Zone de Palestine voisine de la Samarie.
La Judée a été effacée du vocabulaire médiatique international au profit de la Cisjordanie.
Jujf
Terme autrefois péjoratif synonyme d’avarice (tombé en désuétude). Concept à la source d’innombrables querelles.
Selon nous, est juif celui qui se revendique comme tel.
Palestine
Littéralement, terre des Philistins, selon les occupants romains de l’ancien royaume habité par les juifs. Aujourd’hui, autorité politique autonome arabe présidée par Yasser Arafat.
Palestinien
Habitant de l’ancienne Palestine historique (Israël, Jordanie). Jusqu’en 1967, le terme s’appliquait indifféremment aux Arabes et aux juifs. Exemples l’association philo-sioniste France-Palestine à laquelle a succédé France-Israël après la création en 1948 de l’Etat juif. Ou la Bank of Palestine créée par les juifs palestiniens avant la création de l’État d’Israël et devenue la Bank of lsrael. À partir de la création de l’organisation de libération de la Palestine (OLP) en 1965 et, de manière définitive, dans les années 1970, le terme « Palestinien » s’est appliqué exclusivement aux arabes de Palestine. (L’objectif initial clairement affiché de l’OLP étant d’éradiquer toute présence juive sur le sol de la Palestine, l’acception moderne du mot n’est pas dépourvue de logique prospective.) En conséquence, l’expression «Arabe palestinien» est devenue un pléonasme. Quant à l’expression «juif palestinien», il est déconseillé de l’employer, sauf par antiphrase ou dans une intention humoristique iconoclaste.
Racisme
Sentiment ou idéologie basé sur l’aversion pour une communauté ethnique ou raciale. Exemple le racisme anti-maghrébin.
Dans la querelle proche-orientale, ce concept est utilisé par les médias selon des critères sélectifs qui peuvent paraître, a priori, obscurs.
C’est ainsi que le mouvement juif radical dénommé Kach, préconisant l’expulsion de tous les Arabes de Palestine, se voit, à très juste titre, accoler en permanence l’épithète « raciste », ainsi que son fondateur, feu le rabbin «raciste» Kahana. Il n’en est pourtant pas de même concernant le mouvement arabe palestinien Hamas et son chef, le «guide spirituel» sheikh Yassin, dont le programme politique est symétrique identique, et qui ne se voient pourtant affublés en permanence que de l’épithète, moins connotée, d’«intégristes». Il est vrai que, à la suite d’une action meurtrière menée à l’encontre de civils israéliens, le communiqué de l’organisation notait : «Nous avons goûté à la chair des juifs, nous l’avons trouvée bonne», ce qui, peut-être est considéré comme une appréciation positive.
Shoah
Génocide de la communauté juive européenne. Annoncé, organisé et réalisé par Adolf Hitler, chancelier du IIIe Reich et chef du Parti national-socialiste. Ce terme, d’origine hébraïque, signifie littéralement «catastrophe», Shoah est, pour l’heure, le seul terme, appartenant au vocabulaire issu de la souffrance juive, qui n’ait pas encore été repris pour l’appliquer à d’autres situations radicalement différentes. Exemples le ghetto homosexuel, la diaspora chinoise, le pogrom, etc. Mais il fait actuellement l’objet d’analogies discutables.
Territoires occupés
Expression générique désignant uniquement les territoires palestiniens faisant l’objet d’une contestation. Pour évoquer les problèmes chypriote, libanais, tibétain, soudanais, etc., la plus grande précision géographique est préconisée. Il faut remarquer que l’expression « territoires occupés » s’applique aujourd’hui indifféremment à ceux administrés par les autorités israéliennes, et à ceux transférés à l’autorité palestinienne à la suite d’un arrangement politique.
Terrorisme
Action meurtrière menée par une organisation politique à l’encontre de civils.
En vertu d’un usage journalistique européen, qui, ici encore, ne peut emporter notre entière adhésion, il semblerait que les mouvements palestiniens, à la différence des organisations basques, irlandaises, kurdes, arméniennes, tamouls, etc., échappent à la définition terminologique précitée, y compris le mouvement Hamas. Les choix sémantiques opérés vont du «militant» à l’« activiste» ou à l’exotique « kamikaze ».
Tsahal
Acronyme hébreu signifiant « armée d’Israël ». Seule armée dans le monde à être appelée par son nom.
Victime
Personne faisant l’objet d’un préjudice physique, moral ou financier. En principe la victime est plainte lorsqu’elle n’est pas responsable du dommage subi.
Nous souhaiterions signaler que l’actuel conflit proche-oriental et, de manière plus spécifique, l’Intifada, font l’objet d’une étude de victimisation, sans doute unique, puisqu’un bilan journalier est effectué comprenant généralement l’état civil complet de la victime.
A notre connaissance, aucun autre conflit, dans le temps comme dans l’espace, n’a fait l’objet d’une attention aussi soutenue.
L’AFP publie quasi quotidiennement un tel bilan chiffré. Elle opère cependant une distinction selon que la victime est arabe, israélienne, druze israélienne, arabe israélienne ou étrangère.
Surtout, l’agence de presse ne fait pas de différence selon que la victime est à l’origine de l’incident (le « kamikaze » par exemple) ou l’a seulement subi, ce qui ale mérite de mêler tous les êtres dans une commune affliction, mais affecte quelque peu la rigueur de notre définition.