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14 novembre 2016 1 14 /11 /novembre /2016 14:52

Paru dans FIGAROVOX - lefigaro.fr http://www.lefigaro.fr/vox/   

http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2016/11/14/31001-20161114ARTFIG00072-donald-trump-quand-les-electeurs-donnent-des-lecons-aux-donneurs-de-lecon.php

Publié le 14/11/2016  

Donald Trump: Quand les électeurs donnent des leçons aux donneurs de leçon   

FIGAROVOX/CHRONIQUE - L'élection de Donald Trump a étonné les médias américains. Pour Gilles-William Goldnadel, les leçons de morale de l'establishment, en France comme aux États-Unis, sont désormais contre-productives.
 
Gilles-William Goldnadel est avocat et écrivain. Il est président de l'association France-Israël. Toutes les semaines, il décrypte l'actualité pour FigaroVox.

 

 

Les médias conformes sont trop modestes. Au lendemain de l'élection de Donald Trump, un éditorialiste d'une radio française d'État disait «son impuissance». À l'entendre, les journalistes cultivés n'avaient pas été en mesure d'empêcher l'arrivée d'un butor borné.   
 
L'homme, sûr de son intelligence raffinée, se trompait totalement.
Car je soutiens au contraire que de nombreux électeurs, tout aussi raffinés que notre commentateur déprimé, sont venus, pour cause de révolte devant l'expression satisfaite, intolérante, sentencieuse, de médias convenus et unanimes, grossir les rangs de l'électorat populaire promis naturellement au candidat «populiste».
 
Pour le dire autrement, la question se pose de savoir à présent si le matraquage médiatique de la pensée obligatoire n'a pas, aujourd'hui que celle-ci a perdu de son magistère moral et intellectuel, un effet contre-productif sur l'usager qui souffre en silence, mais se revanche ensuite avec d'autant plus de jubilation.
Pour le dire encore autrement, depuis que l'usager possède le décodeur médiatique et que, notamment, l'injonction prétendument antiraciste a perdu de son effet d'intimidation, si le citoyen souffre toujours d'un surmoi social qui lui fait cacher au sondeur ses idées, il craint moins moralement de les exprimer dans l'isoloir.
 
D'où un vote toujours caché. Une mobilisation moins grande du camp faussement majoritaire. Et le résultat final que l'on sait.        
Et compte tenu de la réaction intellectuelle et médiatique au lendemain de l'élection du candidat mirobolant, il y a peu de raisons que cette réaction de révolte change, et ce y compris en France.        
 
Ce qui ne signifie certainement pas que tous les électeurs de Donald Trump apprécient la pensée brute de l'homme décoiffant et ses rudes manières, ou qu'en France tous les électeurs putatifs des candidats dits populistes approuvent entièrement ces derniers.
 
Ceci signifie que la révolte devant la pensée convenue et son expression verrouillée est telle, qu'elle donne envie avant tout à de nombreux électeurs de se donner la joie mauvaise de donner une leçon aux donneurs de leçons. 
Quelques exemples de ce lendemain d'élection illustreront notre propos vengeur.
Les manifestations d'abord des mauvais perdants, qui pleurent, trépignent et allument des bougies. Quand ils ne regrettent pas l'élection démocratique au suffrage universel qui autorise des bouseux incultes à donner leur avis. Bientôt New York et Philadelphie voudront fusionner avec Londres et l'Écosse pour former une république libre et multiculturelle.
 
Les commentaires des commentateurs ensuite qui expliquent tranquillement, que tout compte fait, et après examen du scrutin, ce sont les riches qui ont voté pour le milliardaire.
 
Le portrait du vainqueur brossé par quelques moralistes autoproclamés a de quoi également irriter l'épiderme de quelques hétérosexuels blancs tels que Madame Ernotte voudrait ne plus en voir. Lu ce gazouillis sur Twitter d'une militante écologiste bien connue à propos du triomphant: « Il est blanc. Il est sexiste. Il est raciste. Il est démagogue. Il est con. Il est dangereux. Ils l'ont élu.»
On notera donc le premier défaut chromatique et rédhibitoire reproché au président élu.
 
Effectivement, ce qui caractérise sans doute le plus l'élection américaine - et qui est perçu au moins confusément par les électeurs - est la racialisation à outrance de celle-ci. Ceux qui auront mis en avant obsessionnellement le racisme unilatéral des blancs à l'égard des Noirs et des latinos, dont ils réclamaient le vote unanime, sont mal placés pour s'en plaindre aujourd'hui. Ils auront réussi l'exploit de faire renaître chez l'homme blanc hétérosexuel américain, forcément raciste et sexiste, un sentiment d'appartenance qui lui était jusque-là défendu et la conscience révoltée de l'existence d'un racisme anti blanc alimenté par l'antiracisme sélectif idéologique de la gauche américaine xénophile.
 
Certains, mais un peu tard, commence à s'en apercevoir. C'est ainsi que dans une lettre à ses lecteurs, Arthur O.Sulzberger Jr, l'éditeur du New York Times, quotidien gauchisant sans doute le plus en pointe dans la croisade morale contre le président élu, se sentait dans l'obligation d'écrire au lendemain de la défaite de celle qu'il soutenait radicalement: «Nous entendons nous recentrer sur la mission fondamentale du journalisme du Times et qui consiste à rapporter honnêtement ce qui se passe en Amérique et dans le monde, sans crainte ni faveur.… Désormais le journal va s'efforcer de comprendre toutes les perspectives politiques».
 
Et Michael Goodwin, journaliste au New York Post, d'enfoncer le clou profondément: «Parce que le New York Times a diabolisé Trump du début jusqu'à la fin, il n'a pas été capable de se rendre compte que Trump avait mis la main sur quelque chose de réel. Et parce que le quotidien avait décidé que ceux qui soutiennent Trump étaient des tas de beaufs racistes et homophobes, il n'avait pas la moindre idée de ce qui se passait dans la vie des Américains qui l'ont élu.»

Certains médias français seraient bien inspirés de faire, eux aussi, leur examen de conscience, avec humilité. Ce n'est pas gagné.    
        
Un dernier exemple, en effet, de ce qui pourrait révolter le plus placide des usagers des médias hexagonaux: Entendu ce samedi matin ce billet sur la radio active de service public.
 
De la bouche d'un incertain «humoriste», un certain Pablo Mira:
«Trump c'est le candidat qui redonne aux Américains l'espoir, l'espoir qu'il soit assassiné avant son investiture»…       
 
On dira évidemment que c'est de l'humour bête et méchant.
Le problème, à la radio d'État, c'est que tous les humoristes ont le sourire qui penche vers le même coin. Leurs plaisanteries sont à sens unique obligatoire. Ils ne viendraient pas plaisanter en souhaitant l'assassinat de Barack Obama ou de Christiane Taubira.    
 
On a beau être vache. Il y a des vaches sacrées.    
 
Or, lorsque l'humour est unilatéral, ce n'est plus de l'humour total. Lorsqu'on souhaite en riant l'assassinat d'un homme que l'on déteste parce qu'on doit le détester parce qu'il est détestable, ce n'est plus de la plaisanterie. C'est du défoulement collectif et connivent.
 
Et sans risque, puisque rient tous en chœur, les bons qui ont bon cœur.
Il se trouve qu'il existe des deux côtés de l'Atlantique des auditeurs électeurs, qui, quand bien même ils ne seraient pas forcément attirés par les blonds ou les blondes, se sentent irrépressiblement démangés par l'envie de moucher les morveux qui jouent les courageux.       

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10 novembre 2016 4 10 /11 /novembre /2016 10:33

PARU SUR LE SITE Valeurs Actuelles

http://www.valeursactuelles.com/societe/goldnadel-la-defaite-des-cons-descendants-66418

9 novembre 2016

La défaite des cons descendants

Tribune. Chaque semaine, Gilles-William Goldnadel propose aux lecteurs de Valeurs actuelles son regard sur l'actualité.

On peut ne pas adhérer à toutes les thèses de Donald Trump. On peut détester son style et sa vulgarité. Il est même permis de critiquer sa démagogie. Il n'empêche. Qu'il est doux, le son du glas de la défaite de ceux qui auront contribué puissamment à son triomphe. Ceux qui viennent de se faire sonner les cloches. Pour une fois, Le Monde n'a pas tort d'évoquer un vote de la « colère ».

Mais il est de saintes colères. Sainte colère contre les médias arrogants qui auront protégé l'incompétente et factice Hillary jusqu'au bout. Sainte colère contre les médias tricheurs qui n'ont même pas critiqué cette collaboratrice de CNN qui a envoyé d'avance les questions à Clinton avant un débat crucial. Sainte colère contre la folie psychotique du genre qui impose désormais des WC mixtes pour les transsexuels dans les toilettes de la Maison-Blanche. Sainte colère contre ce faux antiracisme, condescendant envers les blancs pauvres qui seraient « petits » et qui n'a pas un mot, encore moins celui de « raciste », lorsqu'un noir fait un carton contre quatre policiers uniquement parce qu'ils sont blancs. Sainte colère contre les artistes faussement généreux mais vraiment privilégiés d'Hollywood qui avec un unanimisme conformiste obligatoire votent tous démocrates.

Bien sûr, cette colère démocratique et pacifique a traversé l'Atlantique et habite désormais une Europe envahie par un doute démoralisant et un islamisme terrorisant qui ne doute de rien.

Aujourd'hui, Monsieur Ayrault, paraît-il, ministre des affaires étrangères, considère le président élu américain comme inquiétant.

Qu'est-ce qui est plus inquiétant pour une nation qui veut vivre: un homme politique américain qui ose reconnaître le danger d’une immigration massive, illégale, invasive et dangereuse, ou un président français qui avoue la même chose à deux journalistes le soir à la chandelle, tout en continuant à proférer le même discours convenu pour ne pas fâcher les cerbères du terrorisme intellectuel de plus en plus méchants depuis qu’ils se savent bêtes ?

La victoire de ce que les fausses élites appellent avec mépris « populisme » signe avant tout leur défaite.

À tout prendre, il n’est pas interdit de préférer le populisme de son peuple, à ceux qui préfèrent imposer le populisme de l’Autre.

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7 novembre 2016 1 07 /11 /novembre /2016 15:51

Paru dans FIGAROVOX - lefigaro.fr http://www.lefigaro.fr/vox/

http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2016/11/07/31003-20161107ARTFIG00154-attaque-d-un-tera-cannes-doit-on-vraiment-se-faire-a-tout.php

Publié le 07/11/2016


Attaque d'un TER à Cannes: Doit-on vraiment se faire à tout ?

FIGAROVOX/CHRONIQUE - Des «jeunes» ont attaqué avec des bombes lacrymogènes les passagers d'un TER à Cannes. Gilles-William Goldnadel remarque la banalité d'un acte comme s'il fallait finalement que l'opinion s'habitue à tout, y compris au pire.
Gilles-William Goldnadel est avocat et écrivain. Il est président de l'association France-Israël. Toutes les semaines, il décrypte l'actualité pour FigaroVox.

 
La semaine écoulée aura été marquée par sa banalité. Comme je l'ai déjà signalé dans une précédente chronique hebdomadaire, l'opinion commence à s'habituer au pire. Une sorte de banalité du mal qui s'installe pour de bon.
 
Ainsi, les 7 samouraïs républicains, au-delà de leurs talents respectifs et de leur programme économiques et sociétaux décomplexés sur le papier, ont perdu, ce me semble, un peu de la hauteur. Les attentats passés commencent à s'estomper.

Quant à l'avenir tragique, on verra plus tard. Le train-train pépère de la violence est arrivé vendredi encore, avec une régularité dont plus personne ne s'émeut vraiment médiatiquement. C'est dans un T.E.R Vintimille-Grasse qu'une bande de «jeunes» pleins de sève ont gazé quelques vieux impuissants. Samedi, c'est à Dijon que le train-train est descendu sans crier gare! Des pompiers et des policiers attaqués à coups de pierres mais aussi de cocktails Molotov (France Info). Pourquoi des pompiers? Comme dans la fameuse blague sur les coiffeurs. Sauf qu'ici ce sont les flics qui remplacent les juifs…

Les migrants qu'on évacue et qui reviennent sans fin. L'État dépassé mais qui pérore encore. Hollande qui plastronne à propos de Calais et Cazeneuve qui affabule effrontément en prétendant qu'aucun des évacués de la ville du Nord ne s'est retrouvé près de la Gare du Nord.

L'opinion commence à s'habituer à cette bataille de Stalingrad qui ressemble chaque jour un peu plus à une guerre de position. Le ministre de l'Intérieur, qui a, pour toute stratégie, une propagande à laquelle personne ne croit plus, risque de finir comme un certain Paulus.

Toutes les images auront été galvaudées, du tonneau des Danaïdes au sapeur Camembert qui écope sans fin une barque trouée. Est-ce tellement difficile de reconnaître que la situation migratoire n'a strictement rien à voir avec ce que la France a connu lors des vagues des époques passées ? Est-il si difficile de reconnaître une infraction exceptionnelle à la légalité constitutive d'une invasion délibérée ?

Au passage, on remarquera la discrétion avec laquelle la presse de gauche, hier encore ultra-papiste, a feint de ne pas entendre la conversion de François à plus de «prudence» dans l'accueil par l'Europe des migrants d'Orient. Le souverain pontife conseille subitement aux responsables européens de «calculer» si leurs pays respectifs peuvent se permettre d'accueillir des gens qui risqueraient sinon d'être «ghettoïsés».

En ce qui concerne la France, les calculs sont faits, c'est même la Cour des Comptes qui s'en est chargée… 70 % de réfugiés non éligibles au droit d'asile. 1 % de ceux-ci expulsés conformément à la loi républicaine. Un coût de la migration qui s'élèvera à 1 milliard. Dans ce contexte, ce seront les SDF français qui pâtiront les premiers de la tragédie financière. Les uns auront froid cet hiver, les autres seront ghettoïsés. Peut-être, le successeur de Pierre aurait pu y penser avant ses déclarations chaleureuses du temps des mois d'été.

Alain Juppé quant à lui, s'est rendu calmement sur la dalle d'Argenteuil. Zen. Un fakir sur une planche à clous. Rien à voir nous dit-on avec le petit nerveux au discours belliqueux. La gauche ayant fait son deuil des lendemains qui chantent, préfère à tout prendre une droite qui déchante.

Quelques jours avant, dans la même cité «sensible», un enseignant était roué de coups par deux voyous qui l'ont traité de raciste parce qu'il réprimandait l'un de ses élèves dont il leur avait dit qu'il était leur maître. Le professeur, salement amoché et traumatisé, ne se souvient plus si les jeunes lui ont dit que seul «Allah est le maître».

Et manifestement, lors de la visite d'Alain Juppé à Argenteuil, tout le monde, y compris le visiteur placide, avait oublié la bastonnade de l'enseignant impudent.

On se fait à tout. Même à la fraude dans les médias américains. La presse française plus convenue que convenable avait fait des gorges chaudes des accusations de Trump sur les tricheries des grands organes de presse acquis à la cause démocrate. Elle est donc passée en trombe sur la démission de la politologue Donna Brazile de la chaîne CNN, pour avoir prévenu à l'avance Clinton des questions qui lui furent posées lors d'un débat crucial.

Exactement le type de comportement qui rendrait populiste un professeur d'histoire médiévale de Cambridge.
La chaîne franco-allemande Arte, délibérément acquise à la cause clintonienne, sans complexe de neutralité obligatoire excessif, a diffusé toute la semaine passée un reportage sur le climat électoral qui régnerait à Nashville Tennessee. Je supplie mon lecteur incrédule de visionner le film que la télévision progressiste a posé fièrement sur son site. Un cas d'école. Un must. Qui me dispensera de tout commentaire. Voici ci-après la liste des cinq personnes retenues pour commenter l'élection à venir:

1: un pasteur chrétien résolument anti-Trump.
2: une militante noire antiraciste radicalement contre Donald.
3: une musulmane incriminant l'islamophobie de Donald Trump
4: un latino clandestin regrettant de ne pouvoir voter.
5: un travailleur blanc autant écœuré par les démocrates que par les républicains.
6: Faut-il vraiment se faire à tout ?



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4 novembre 2016 5 04 /11 /novembre /2016 10:41

Paru dans FIGAROVOX - lefigaro.fr http://www.lefigaro.fr/vox/

http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2016/11/03/31003-20161103ARTFIG00160-gilles-william-goldnadel-pour-en-finir-avec-l-ideologie-gauchisante-des-medias-publics.php


Publié le 03/11/2016
 

Pour en finir avec l'idéologie gauchisante des médias publics


FIGAROVOX/CHRONIQUE - Alors que la Cour des Comptes vient de publier un rapport sévère contre la gestion de France Télévisions, Gilles-William Goldnadel dénonce dans sa chronique la partialité idéologique en vigueur au sein du service public de l'audiovisuel français.

Gilles-William Goldnadel est avocat et écrivain. Il est président de l'association France-Israël. Toutes les semaines, il décrypte l'actualité pour FigaroVox.

 
Avec une récurrence que d'aucuns trouveraient obsessive, je ne cesse de reprocher au personnel politique d'opposition leur refus de comprendre que la bataille intellectuelle et médiatique est la mère de toutes les batailles.

Dans un cadre politique belliqueux, l'absence de toute critique de la mainmise de la pensée gauchisante sur le service public de l'audiovisuel français me paraît constitutive au mieux de l'inintelligence politique, au pire de la couardise. À moins, bien entendu que la lâcheté soit préférable à la bêtise…

Alors que je me trouvais dans une sorte de renoncement, les propos d'Éric Ciotti, au micro de France Inter, dimanche dernier, mettant en cause, fusse avec modération, l'impartialité du service dont s'agit ainsi que celle du CSA ont mis sur mon cœur d'usager résigné un baume bienfaisant. Généralement en effet, les hommes politiques de droite, même les forts en gueule, ont tendance - par pusillanimité, complaisance obséquieuse ou encore en raison d'un surmoi social persistant - de mettre un bœuf sur leur langue lorsqu'ils pénètrent dans la Notre-Dame bien ronde de la bien-pensance ronronnante.

Bien en a pris d'ailleurs au député méridional, puisque les préposés ont préféré battre en retraite de fonctionnaires, plutôt que de rompre imprudemment des lances pour éteindre le début d'incendie.
Je n'y peux rien si ce service audiovisuel que l'on dit public a le don de me mettre dans une rage qui n'a plus rien de privée, si j'en juge au nombre de commentaires approbateurs que mes fréquents accès de colère subite suscitent.

Prenez France 2 et son émission phare du samedi soir: On N'est Pas Couché. Souvenez-vous que son animateur, Laurent Ruquier, qui lui aussi est colérique, avait piqué une crise sévère contre ce qu'il nomma avec finesse et modération «la fachosphère» de Twitter. L'intéressé n'avait pas apprécié les nombreux gazouillis qui moquaient son émission et ses animateurs. Il morigéna pour le même tarif ces journalistes qui accordaient du prix à l'opinion de ces fâcheux de cette fâcheuse sphère qui ne devraient même pas avoir droit à l'avis.

Souvenez-vous encore qu'il n'y a pas trois semaines, un certain Éric Z. faillit être condamné à la mort civile et professionnelle pour avoir maladroitement qualifié le sacrifice des islamistes suicidaires en l'opposant au refus européen de mourir pour la patrie.

La kyrielle de folliculaires qui ordinairement reprochent à l'intellectuel téméraire ses jugements tranchés sur l'islam n'étaient pas loin de vouloir rétablir la guillotine à son usage exclusif pour crime de complicité avec le djihadisme.

Or, ce samedi soir sur la terre de Ruquier, Magyd Cherfi, fondateur du groupe toulousain Zebda, et invité à traiter de ces questions d'identité qui le taraudent et lui ont inspiré un livre, déclarait qu'il fallait éprouver de «l'empathie» pour Mohamed Merah.

Il est de médiocre utilité que je rappelle à mes lecteurs que Mohamed Merah est cet autre toulousain qui massacra des enfants dans une école parce qu'ils étaient juifs et des chrétiens et des musulmans parce qu'ils étaient soldats. Le genre d'individu qui ne commande pas ordinairement une empathie obligatoire.

Curieusement, l'étrange sortie de l'artiste (j'écris «étrange», car pour avoir débattu avec lui, je l'avais trouvé intelligent et pondéré) n'a provoqué lors de l'émission ou après, aucune bronca particulière, aucun intellectuel ou artiste branché n'ayant cru devoir broncher.

J'observe encore, sans étonnement feint car mon expérience de la double comptabilité morale est illimitée, qu'aucune organisation «antiraciste» ou encore le CSA n'ont protesté et que le parquet de Paris, au rebours de ce qui se passe pour Éric Z. ne s'est chargé d'enquêter préliminairement sur l'existence d'une éventuelle apologie du terrorisme.

Il est vrai qu'il ne s'agit pas de Causeur, mais seulement du service public télévisuel.
Un service inestimable, puisqu'une nouvelle fois, la Cour des Comptes dans un rapport fort vinaigré, a assaisonné copieusement la direction de France Télévisions.

Dans un mémoire qui ne flanche pas , les magistrats invitent celle-ci à se pencher sur «le contenu effectif des postes occupés par les salariés les mieux rémunérés de l'entreprise». En effet, 547 salariés du groupe public perçoivent un salaire supérieur à 8000 € bruts par mois, dont 191 bénéficient d'une rémunération supérieure à 120 000 € annuels bruts.

Les Sages s'étonnent d'une «disproportion encore plus marquée au sein de la direction de l'information où le nombre de cadres atteint 40 %, dont 149 rédacteurs en chef ou rédacteurs en chef adjoints».
Il y a ainsi trois fois plus de cadres chez France Télévisions, détenue à 100% par l'État français que dans les autres entreprises de l'hexagone. (Je conseille fortement la lecture quotidienne et édifiante d'Ojim.fr, source rafraîchissante d'information indépendante sur le sujet).

Ceci posé, les rapports précédents sur une gabegie et un gouffre financier abyssal n'ont pas empêché Madame Ernotte et ses mentors idéologiques de créer une chaîne France Info que presque personne ne regarde. Pourquoi se priver, puisque la redevance publique suivra ?

Pourquoi surtout se gêner puisqu'en dehors de quelques francs-tireurs trop peu partisans, aucune contestation véritable de l'absence de pluralisme, de la mainmise idéologique (le cas d'Arte mériterait un article, un livre, voire une commission d'enquête…) et des excès financiers n'existe véritablement.
Par une curieuse inversion des normes, c'est au contraire le service public défaillant qui s'arroge le droit de juger sévèrement les fautes éventuelles commises dans le privé ou par les politiques.

Je conseillerais à Élise Lucet de traiter les responsables financiers de France Télévision ou de Radio France avec la même vigueur qu'elle a traité dernièrement le maire de Nice. Et avant de condamner, à tort ou à raison, Vincent Bolloré pour la manière dont il gère sa chaîne privée, la ministre de la Culture Madame Azoulay aurait été bien inspirée d'étudier le sort de Philippe Verdier (que j'ai l'honneur de défendre), présentateur de la météo nationale et renvoyé sur-le-champ pour avoir osé écrire un livre sans l'imprimatur préalable d'un comité de censure morale et politique aussi invisible qu'omnipotent.
Sévérité bien ordonnée commence par le service public.

Je conseille donc à celui qui sortira vainqueur de la primaire à droite de faire de la captation par l'idéologie gauchisante des moyens d'information étatiques, un thème électoral majeur.

Il aura tout à y gagner. Le service du public aussi.

Notre liberté bien d'avantage encore.

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3 novembre 2016 4 03 /11 /novembre /2016 11:42

PARU SUR LE SITE Valeurs Actuelles
 

http://www.valeursactuelles.com/politique/goldnadel-linsupportable-deux-poids-deux-mesures-de-france-tele-66168
 
2 novembre 2016

L'insupportable deux poids, deux mesures de France Télé

Tribune. Chaque semaine, Gilles-William Goldnadel propose aux lecteurs de Valeurs actuelles son regard sur l'actualité.

Il y a quinze jours, autant dire un siècle sur l'échelle médiatique où chaque seconde virtuelle correspond à mille minutes réelles, Éric Zemmour était cloué au pilori pour avoir utilisé une expression malheureuse pour décrire le sacrifice des islamistes suicidaires en l'opposant à la lâcheté européenne. Levée de boucliers des intellectuels ordinairement prompts à lui reprocher plutôt sa critique sans concession de l’islam. Démarches, heureusement vaines, d’excellents confrères journalistes et de certains syndicats pour obtenir sa mort professionnelle.

Il y a un mois, c’est-à-dire deux cents ans, Laurent Ruquier, outré par les critiques découvertes sur Twitter à propos de son émission On N’est Pas Couché, pestait contre la « fachosphère » et s'emportait contre ces journalistes qui avaient l'impudence d’accorder la moindre importance à ces gueux, ces sans-grades qui ont l'outrecuidance de vouloir donner un avis non conforme et sans apostille préalable de l'Autorité Morale.

Samedi dernier, dans un temps qui ne s'est pas encore réellement dissous dans l'éther virtuel, Magyd Cherfi, fondateur du groupe toulousain Zebda, déclarait dans l’émission précitée du sieur Ruquier que Mohamed Merah, grand massacreur d’enfants juifs et de soldats  devant l'éternel dans une école de Toulouse devait être considéré avec « empathie ». Cette étrange sortie n'a pas déclenché une immense bronca. Monsieur Ruquier n'a pas beaucoup bronché, pas davantage les intellectuels branchés. Le CSA, malgré les protestations des gueux sur la fâcheuse sphère, n'a pas dit qu'il se saisissait de l'affaire.

Et le parquet de Paris, au rebours de ce qu'il a entrepris pour un certain Éric Z, ne s'est pas saisi avec promptitude de l’affaire en enquête préliminaire pour apologie du terrorisme.
Il est vrai qu'il ne s'agit que du service public de l’audiovisuel national financé par l'impôt. Dénoncé encore dernièrement par la Cour des Comptes pour sa gabegie. Et qui passe le plus clair de son temps à donner des leçons de morale et de tempérance à la terre entière.
À dire le vrai, je ne souhaiterais pour ma part que l'on ne sanctionne ni Monsieur Z ni Monsieur C. Mais ces deux poids, deux mesures systématisés et institutionnalisés ont eu toujours la fâcheuse tendance de me révulser.
On n'est pas couchés, encore moins sortis de l'auberge.

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11 octobre 2016 2 11 /10 /octobre /2016 15:20

Paru dans valeursactuelles.com

le 11 octobre 2016

http://www.valeursactuelles.com/politique/goldnadel-quand-la-gauche-morale-agonise-65693

 

Quand la gauche morale agonise

 

Tribune. Chaque semaine, Gilles-William Goldnadel propose aux lecteurs de Valeurs actuelles son regard sur l'actualité.

 

Pauvre gauche, elle qui donnait le tempo, ses maîtres penseurs que les journalistes dactylos prenaient en sténo, n'a plus comme seul bien pour faire encore du mal, une paire de ciseaux.

N'arrivant plus à anesthésier l'opinion, définitivement sortie de son coma multiculturel artificiellement provoqué, elle ne compte plus que sur Anastasia pour faire taire ceux qui l'auront démasquée.

Ayant échoué économiquement à livrer l'ascenseur, il ne lui reste plus qu'à maintenir en place le censeur social.

Pas un jour qui ne passe, sans que le fer des ciseaux ne cisaille l'oreille.

Chaque jour, un folliculaire armé d'un sécateur se demande comment bien il se fait que la fachosphère puisse tenir Twitter.

Il ne peut arriver à l'esprit du tondeur la question de savoir pourquoi l'idéologie de gauche autrefois imposée à coups de marteau apparaît aujourd'hui comme un fossile.

Vendredi matin, dans le bunker de France Inter, à l'abri de toute critique comme de tout questionnement, on se plaisait à ironiser sur la « fête de Valeurs Actuelles » célébrant ses 50 ans et où la droite et sa droite osaient désormais sabler le champagne sans raser les murs. L'invité de la matinale, Raphaël Glucksmann, se plaignait de ce que désormais, les penseurs de droite tenaient le haut de ce pavé qu'autrefois lançaient son père et ses amis sur la gueule des flics.

Ce jeune homme, au demeurant charmant, alla même jusqu'à morigéner « le silence de la gauche » !

C'est vrai quoi, la gauche est médiatiquement bâillonnée. Elle n'a plus que l'ensemble du service public de l'audiovisuel radiophonique et télévisé à sa dévotion. Plus évidemment quelques quotidiens du soir ou du matin. Sans compter des hebdomadaires très observateurs et le monde artistique à l'anticonformisme conforme et obligatoire.

Mais la gauche est ainsi, elle est comme un souteneur sentimental, qu’un seul intellectuel lui manque et tout est dépeuplé.

Quant à l'animateur principal de la radio active, Patrick Cohen, il fallait le voir chapitrer sur la Cinq la trop professionnelle Karine Lemarchand, coupable d'avoir interviewé, intimement et parmi d'autres, Marine Le Pen.

Mais c'est avec le sort réservé par les medias à Éric Zemmour que l'on entend le mieux le cri strident d'Anastasia.

Le même Patrick Cohen confiait récemment qu'il n'était pas question de l'inviter sur sa radio d'État, pourtant bien commun à tous les contributeurs à la même redevance.

Qu’Ali Badou ait pu récemment convier sur la même antenne son quasi homonyme Alain Badiou, philosophe radical d'extrême gauche, ne reniant en rien son passé maoïste et stalinien, n'a effleuré en rien M. Cohen, sur un éventuel risque d'hémiplégie intellectuelle.

Quant à Libération, rebelle à tout sauf à la police de la pensée, l'un de ses journalistes s'interrogeait à propos d'Éric Z : « Faut-il continuer à lui donner la parole ? », et poussant l'investigation à l'extrême, notre Rouletabille de clown alla même jusqu'à questionner ses employeurs pour connaître leurs intentions. Un esprit chagrin aurait pu y voir une manière de pression.

Et on critiquera ensuite le corporatisme des journalistes.

Évidemment, les dernières déclarations controversées de l'intéressé sur le respect que lui inspire le courage propitiatoire des djihadistes font à nouveau entendre le bruit des ciseaux mais encore celui des chaînes, au moins virtuelles, du cachot.

À ce stade, il nous faut, nous aussi, prendre parti. Car c'est une chose de dénoncer la censure, la sotte indignation, l'esprit de meute, le moralisme à géométrie variable. C'en est une autre que de ne pas avoir le courage de dire à quelqu’un que l'on estime son profond désaccord.

Non. Je n'éprouve pour le sacrifice suprême du terroriste islamiste aucune manière de respect. Je vomis son geste et crache sur sa mémoire. Le don de sa vie à sa cause ne m’inspire aucune admiration des lors qu'il a ôté cette vie prématurément à des hommes, des femmes et des enfants, sans leur consentement.

Et de grâce, que l'on nous épargne les pauvretés habituelles sur la résistance française que l'on nommait également « terroriste ».
Les hommes de Moulin et d'Estienne d'Orves ciblaient des soldats et non, délibérément et avec gourmandise, des civils désarmés.

Je comprends la rage de Zemmour à la vue d'une partie de cette jeunesse occidentale qui pérore la nuit debout et jacasse le jour assise autour du sort des migrants plutôt que de former, au risque de sa vie, des brigades internationales pour aller combattre l'infamie avec les kurdes et les yazidis. Mais cela n'impose aucune sorte de piété envers les sans pitié.

Ayant écrit ce qui précède d'une main ferme, je puis à présent la tendre à un homme, une nouvelle fois jeté aux chiens de garde.

Avec une rare célérité, le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire aux fins de savoir, si par hasard, l'intéressé n'aurait pas commis le délit d'apologie du terrorisme.

J'ai connu ce parquet moins véloce lorsque je l'ai saisi, par exemple, de la vente en grande surface de livres salafistes invitant à l'assassinat des apostats, des juifs, des chrétiens et des mécréants.

Quoi qu'il en soit, on peut trouver Hitler intelligent sans être nazi.

J'ai du mal à suivre l'étrange logique de ceux qui veulent faire de Zemmour le suppôt des djihadistes tout en incriminant quotidiennement son islamophobie.

Je trouve aussi cocasse d'entendre aujourd'hui croasser ceux de ses contempteurs les plus féroces qui, depuis 30 ans, trouvent toutes les excuses aux terroristes qui vont se faire sauter au milieu d’une pizzeria de Tel-Aviv où d’une synagogue de Jérusalem.

Quand ils ne les encouragent pas, comme ses maires des municipalités communistes qui ont fait citoyens d'honneur des terroristes patentés.

La gauche morale agonise. Elle a le souffle court. Mais le corps bouge encore. Il serre dedans sa main une paire de ciseaux. Qui peuvent encore couper.

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29 septembre 2016 4 29 /09 /septembre /2016 11:33

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http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2016/09/28/31002-20160928ARTFIG00277-le-pere-des-accords-d-oslo-etait-un-optimiste-obligatoire.php

Publié le 28/09/2016

Paraîtra aussi dans la version papier le 30/09/16

Le père des accords d'Oslo était un optimiste obligatoire

TRIBUNE - Shimon Pérès avait compris que l'État hébreu, pour survivre, devait être à la fois fort et juste, argumente le président de l'Association France-Israël Gilles William Goldnadel, avocat à la cour.


Tout a été dit, au cours de sa longue vie, sur Szymon Perski. Qu'au terme de celle-ci, le regard des hommes sur Shimon Pérès se fasse bienveillant, en dépit de la cruauté de l'histoire proche-orientale, valide cet optimisme obligatoire qui caractérisait le défunt Prix Nobel de la paix.

Tout a été dit sur lui, de nombreuses vérités, et beaucoup de sottises. L'homme était madré, on le disait roué. C'est qu'il connaissait bien la nature des hommes. Un optimiste obligatoire se décide sans doute un jour d'aimer les hommes, à commencer par lui, malgré leurs défauts et à cause d'eux. Il faut beaucoup d'optimisme, lorsqu'on est israélien et que l'on souhaite contribuer à la survie d'un pays menacé en permanence, pour accepter la médiocrité intellectuelle et morale de son personnel politique. On ne dira jamais assez combien le système de recrutement électoral de celui-ci - les législatives ont lieu à la proportionnelle intégrale - handicape les meilleurs esprits et favorise les apparatchiks sinueux.

Une alliance atomique avec la France socialiste

Shimon Pérès, Yitzhak Rabin, aujourd'hui Benyamin Nétanyahou ont accepté cette règle absurde. Le peuple israélien, désabusé et résigné, a fini par comprendre que le compromis nécessaire n'était pas forcément la compromission. Il n'en demeure pas moins que pendant des années, Shimon Pérès - qui n'aura jamais gagné aucune élection à la tête de son parti - fit figure de mal-aimé dans son propre pays, avant que d'être demain pleuré par son peuple en entier.

Shimon le madré ne s'était pas couvert de gloire sur les champs de bataille, mais avait contribué à la survie d'Israël en achetant des armes tchécoslovaques ou en nouant une alliance atomique avec la France socialiste et empathique à l'égard de l'État juif dont il était si proche dans les années 1950. Plus d'un demi-siècle plus tard, son peuple ne l'a pas oublié.

«Un faucon devenu colombe»

Les observateurs, et jusqu'à certains grands penseurs, décrivent souvent Shimon Pérès comme «un faucon devenu colombe». Notons tout d'abord que dans ce vocabulaire paradoxal d'ornithologues, le faucon est une espèce qui ne planerait que dans le ciel de Tel-Aviv et jamais au-dessus de Gaza, de Ramallah ou de Téhéran…

Plus profondément, le mérite principal de Pérès, complexe et pascalien, fut d'avoir compris qu'Israël, pour survivre, était condamné à être fort et juste. Il fut les deux. Et arriva à convaincre son rival plus populaire, Rabin, de tenter la paix avec le peuple Arabe de Palestine. Il faut l'avoir entendu en privé désespérer des atermoiements et des reculades de Yasser Arafat pour mesurer l'abnégation du personnage.

C'est vrai que les Israéliens, dont la majorité avait voulu croire à Oslo, lui ont tenu d'abord méchante rancune de leur déception. Mais ils n'ont pas été les seuls à se montrer injustes envers les deux parents de cet accord manqué. Qu'il me soit permis de rappeler un article qu'il m'a fallu commettre à l'époque dans ces mêmes colonnes, intitulé «SOS Rabin», et qui aurait pu tout aussi bien s'appeler «SOS Pérès ».

Au beau milieu des pourparlers entre les protagonistes d'alors, le Hamas jetait ses bombes à Tel-Aviv comme à Jérusalem. Arafat condamnait du bout des lèvres ces attentats mais en profitait pour exiger plus de concessions. Il arrêtait le soir des terroristes islamistes pour les relâcher le lendemain matin. Pérès et Rabin avaient donc décidé de «négocier comme s'il n'y avait pas de terrorisme et de combattre le terrorisme comme s'il n'y avait pas de négociations».

Pas épargné par la sottise

À l'époque, je suppliai pour ma part les observateurs, comme toujours si sévères envers Israël lorsqu'il recourt à la force militaire, de faire montre de plus d'esprit critique envers les Palestiniens et de prendre en compte la nécessité où se trouvaient Pérès et Rabin, dans un cadre démocratique exigeant, de convaincre le peuple israélien désespéré de la nécessité de poursuivre le processus engagé.

Rabin a été enterré sous des tonnes de fleurs. Le 30 septembre, Shimon Pérès sera couvert d'éloges. Je n'ai pas oublié les crachats qu'ils ont reçus en Occident et de leur vivant lorsqu'ils ont essayé de lutter contre la terreur en même temps que pour la paix.

L'ancien président de l'État d'Israël est mort compris et respecté. Il n'aura pourtant pas été épargné par la méchanceté et la sottise des hommes. Le plus grand hommage posthume qu'on puisse lui rendre est de juger le pays qu'il aura si bien servi et qu'aujourd'hui l'on maltraite, avec la même équité. L'histoire est souvent injuste et cruelle. Mais comme Shimon Pérès, condamnons-nous à l'optimisme obligatoire.

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26 septembre 2016 1 26 /09 /septembre /2016 16:29

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http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2016/09/26/31001-20160926ARTFIG00184-l-antiracisme-face-aux-reel-la-grande-illusion.php

Publié le 26/09/2016

L'antiracisme face au réel: La grande illusion


FIGAROVOX/CHRONIQUE - Alain Juppé a estimé que le débat sur l'islam menait à une «hystérie dispropotionnée». Pour Gilles-William Goldnadel, les faits sont têtus devant un islamisme beaucoup plus répandu qu'on ne le disait.
Gilles-William Goldnadel est avocat et écrivain. Il est président de l'association France-Israël. Toutes les semaines, il décrypte l'actualité pour FigaroVox.


M. Juppé a bien de la chance. Il est calme et détendu. Rien d'un petit nerveux qui ne jure désormais que par Toutatis. M. Juppé semble croire en l'avenir d'une France multiculturelle dont les habitants hybrides pratiqueraient le zen et le lâcher prise.

M. Juppé, assis en lotus, considère que le débat français à propos de l'islam serait «d'une hystérie disproportionnée» (Libération).

Bien qu'adepte de la relaxation transcendantale, je ne suis pas sûr de vouloir l'appliquer à la situation française et occidentale.

Je trouve les Français, s'agissant de l'islam et des islamiques, remarquablement calmes et pondérés. En dépit des massacres à répétition, on ne déplore aucune grave exaction.

En dépit encore, et pour reprendre l'expression de Malek Boutih, d'un «islamo-gangstérisme» en lien insécable avec le terrorisme, le racisme anti arabo-musulman n'a en rien progressé.

Faut-il que les Français soient immunisés contre ce fléau qu'est la généralisation abusive pour qu'il en soit ainsi.
Mais ici s'arrête la bienveillance nécessaire et commence l'arrivée sur le territoire accidenté du réel qu'une idéologie virtuelle aura masqué durant des années d'aveuglement obligatoire.

Cette idéologie ordonnait de croire, sous peine de culpabilité d'amalgamie, que les islamistes n'étaient qu'une poignée en rien emblématique de l'islam de France. Ceux qui, comme l'auteur de ces lignes, affirmaient au contraire qu'ils représentaient une minorité loin d'être négligeable croisèrent pendant longtemps dans la rue des prêtres antiracistes qui se signaient à leur rencontre.

Les chiffres livrés la semaine dernière par l'institut Montaigne et qui confirment ceux déjà donnés par le Pew Institute au plan mondial, montrent, sans surprise pour ceux qui ont des yeux, qu'entre un quart et un tiers de la population musulmane de France peuvent être considérés comme des intégristes, dès lors où ils font passer la charia avant la loi du pays. Concernant les jeunes de moins de 25 ans les chiffres montrent une radicalité encore plus importante.

Sans verser dans une hystérie disproportionnée, les Français ont le droit et même l'ardente obligation morale et civique d'être alarmés.

Un grand contempteur des massacres de 1793, Burke, reprochait aux philosophes révolutionnaires français leur mépris du réel. Cette tradition fatale a été reprise par nos petits esprits médiatiques désincarnés. Ils ont enivré le peuple français d'une idéologie euphorisante qui leur interdisait de faire des calculs d'apothicaire. Les Français dessaoulés, qui ne comptaient pour rien, se sont mis à compter. Dix mille, ce n'est pas la même chose que cent mille ou un million ou bientôt dix millions. La gueule vaut toujours mieux que la langue du même bois pour savoir compter les intégristes.

M. Juppé a bien de la chance. En regardant le reportage de France 2 de ce dimanche sur l'inquiétude de la communauté juive de France, j'avais du mal à partager sa placidité tranquille.

Une classe d'un collège de Créteil. On leur passe des images de la Shoah. On interroge ensuite les élèves. Les jeunes musulmans expliquent seulement qu'on en fait trop sur la Shoah, que les juifs ont l'argent et le pouvoir. Un point c'est tout. Tous reconnaissent tranquillement qu'ils ne sont pas Charlie et l'un d'eux que ce fut une faute d'avoir caricaturé le prophète. Sondage confirmé.

Quant aux professeurs, deux gentilles enseignantes censées remettre leurs élèves sur le chemin de la république, et certainement bien intentionnées, elles expliquent en souriant que l'antisémitisme n'a pas progressé et qu'il s'agit simplement du phénomène d'augmentation du «fait religieux»…

Le «fait religieux», voilà maintenant le nouvel euphémisme à la mode pour décrire sans hystérie la progression irrésistible de l'islam militant à l'école ou dans l'entreprise.
Si les Français deviennent «réactionnaires», c'est certainement en réaction de ce que des responsables écervelés leur infligent sans même vouloir leur nuire.

Regardez donc la dernière campagne contre la fraude aux allocations familiales ou dans les transports publics, organisée par l'État, la SNCF et la RATP.

Voici des institutions qui ordinairement et obsessionnellement prônent la diversité chromatique dans leur campagne publicitaire dans un esprit éminemment benettonien.

Curieusement, les photographies des acteurs censés incarner les fraudeurs et les resquilleurs représentent tous des hommes et des femmes issus de la France d'avant: Jennifer, une belle blonde en mocassins plats, Paul un retraité cravaté très certainement hétérosexuel de plus de 50 ans, quelques lycéens bien lisses et bien propres sur eux. Un esprit chagrin sans être forcément hystérique pourrait penser qu'il a pu arriver qu'un fraudeur ou un resquilleur ne leur ressemble pas obligatoirement.

Voilà ce qui arrive, lorsqu'un improbable antiracisme vétilleux a plombé les consciences et davantage encore les inconscients depuis plus de quatre décennies.

Il faut dire que le mauvais exemple vient de loin et tourne au ridicule: aux États-Unis - ce pays où certains États imposent des toilettes pour sexe variable ou indéterminé, voici, selon le New York Times, le règlement imposé pour les débats électoraux par la CPD (Commission sur les débats présidentiels):
«La CPD s'est efforcée de constituer un panel plus diversifié que lors des précédentes élections: outre Lester Holt (journaliste présentateur) qui représente la communauté afro-américaine, il comprend deux femmes dont l'une phillipo-américaine et un représentant de la communauté homosexuelle» (Le Monde, Pierre Bouvier 23 septembre)
On ne sait qui représente la communauté hétérosexuelle, l'église évangélique ou ceux qui ne se définissent que par leur liberté de penser indépendamment de leur race ou de leur inclination se.xuelle.

Il devrait être permis de se sentir aliéné par une idéologie démente sans être promis à un asile de fous. On peut vouloir croire aussi dans la tradition historique sans être forcément hystérique.

 

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20 septembre 2016 2 20 /09 /septembre /2016 10:01

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http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2016/09/19/31001-20160919ARTFIG00302-accueil-des-migrants-pour-en-finir-avec-les-donneurs-de-lecons.php

Publié le 19/09/2016

Accueil des migrants: Pour en finir avec les donneurs de leçons

FIGAROVOX/CHRONIQUE - Plusieurs responsables de gauche ont réagi au refus de certains à droite d'une répartition des migrants de Calais sur l'ensemble du territoire. Gilles-William Goldnadel dénoncent les sermons sévères de l'antiracisme.

Gilles-William Goldnadel est avocat et écrivain. Il est président de l'association France-Israël. Toutes les semaines, il décrypte l'actualité pour FigaroVox.


À en croire Sylvie Kaufmann (Le Monde de ce lundi), ordinairement mieux inspirée, la droite, M. Wauquiez en tête, devrait «rougir» de rechigner à installer sans mot dire les migrants de Calais là où nos autorités voudraient le faire sans consulter les populations concernées.

Mme Cosse, notre ministre du Logement, administre la même leçon de morale au même M. Wauquiez dans une lettre très ouverte publiée par le Journal du Dimanche.

Passons sur le fait que l'intéressée ne soit pas forcément la plus habilitée pour donner dans l'éthique, elle, dont même son parti ne veut plus, pour avoir troqué sa fidélité contre un maroquin en cuir peu écologique.

Il est vrai que la gauche morale a édicté comme principe religieux que le sermon sévère rachetait les turpitudes pour pas cher.

Glissons sur ce détail de vouloir faire passer les clandestins officiels de Calais forcément pour des réfugiés. Oublions le fait que ceux-ci ne sont pas plus intéressés à s'installer à Castelnaudary ou à Pessac que les populations non consultées et superbement ignorées. Occultons le signal pour les candidats à l'immigration sans autorisation. Et surtout, abstenons-nous de persifler en constatant que nos édiles se sont abstenus de faire appel au volontariat, célébré hier par un monde artistique et médiatique aujourd'hui plus discret, ce dernier argument étant perçu comme d'autant plus vulgaire et assommant qu'il est embarrassant.

Non, ce qui nous intéresse plus profondément dans le présent billet, c'est de poser la question de savoir, précisément, qui devrait rougir de la catastrophe migratoire et sécuritaire.

À voir notre gauche morale et multiculturelle reprendre quelque couleur dès lors que les martyrs dorment depuis peu dans le noir et que la crise migratoire est devenue tellement chronique qu'elle s'est banalisée, il est indispensable de rappeler régulièrement quelques dures vérités.

Les Français n'ont pas à rougir de leur manque d'hospitalité. Ils ont accueilli au contraire depuis trente ans une population trop nombreuse et diverse au regard des capacités d'intégration de leur pays.

Bien plus grave, de très nombreux migrants se sont imposés sans y être invités. Phénomène inédit dans l'Histoire de l'immigration, célébrée extatiquement pour des décérébrés. Phénomène encore plus exceptionnel dans l'Histoire de la France, ceux qui se sont imposés ne sont plus exposés à l'expulsion, définition même de l'invasion.

Je ne me lasse pas de l'aveu de l'adjoint immigrationniste au logement de la maire de Paris, à une question que je lui posais sur RMC, M. Brossat me concéda qu'il était hors de question de raccompagner les clandestins non éligibles au droit d'asile…

Qui donc doit rougir de ce que les réfugiés qui méritent le plus l'accueil des Français sont les premiers à pâtir du dévoiement du devoir d'hospitalité ?

Les Français n'ont pas à rougir de leur crainte. Ils savent que d'autres pays mieux placés par la langue, la religion, l'ethnie, la culture, la géographie, l'économie se refusent - pour des raisons de sécurité - à remplir leurs obligations fraternelles. Curieusement, les donneurs de leçons morales sont plein de compréhension pour le Qatar et l'Arabie Saoudite .

Il est bien entendu que la face de M. Wauquiez et de ses amis devrait rougir en raison d'un racisme et d'une xénophobie implicitement sous-entendus. Leur désir du respect de l'État de droit le plus élémentaire ne vient pas à l'esprit de ceux qui le célèbrent avec des mots creux avant que de le vider de toute consistance. La sécurité, l'identité, la cohésion nationale sont toujours pour eux des concepts sulfureux.

Qui doit rougir de trente ans de faux antiracisme et de vrai racialisme obsessionnel ? Contrairement à ce que disait mon cher Alain Finkielkraut dimanche encore (l'esprit de l'escalier RCJ), le combat intellectuel n'oppose pas le camp de l'identité tempérée au camp de l'universalisme débridé. S'il s'agissait de cela, l'universalisme serait déjà plus défendable. Car l'universalisme de la gauche débridée n'est qu'un faux semblant. Sous couvert de ce que les races n'existeraient pas, il a exalté les souffrances de celles-là et exhalé les turpitudes de celle-ci. Souffrance noire, racisme blanc. Black Matters versus petits blancs. Et tant pis si c'est plus compliqué. Fin du daltonisme: L'antiracisme obsessif aura au contraire réussi à rappeler au blanc sa couleur et ses propres douleurs. Et vive la guerre des races.

Qui doit rougir d'avoir redonné des couleurs vives à la vive douleur ?

Bien entendu, ce cauchemar du monde réel n'aurait été possible sans la contribution irrésistible du monde virtuel prétendument antiraciste.

L'exemple le plus récent nous est offert par la dernière création de notre service public audiovisuel à la française, la fameuse France Info TV créée de par la volonté de la gauche médiatique en majesté présidentielle.
À peine activée, la voilà déjà brocardée pour une démonstration de son activisme.

C'est une éminence habituellement progressiste, Françoise Laborde, ancienne journaliste du service public et du CSA qui a lancé l'alerte, suivie par des milliers d'internautes.

Une journaliste de la chaîne nouvelle a en effet trouvé le moyen de présenter, de manière «spontanée», le dialogue entre une dame dissimulée derrière une burkah et une française acculturée. Les deux femmes censées, par un hasard cosmique, s'être rencontrées à l'instant même de leur dialogue filmé et enregistré, sur un banc de la malheureuse ville de Nice.

La dame cachée derrière son tissu prohibé (mais qui se soucie de l'État de droit sur le service public ?) administre doctement une leçon de démocratie citoyenne à sa voisine, mécréante avouée, qui l'écoute religieusement.
Renseignements pris, la donneuse de leçons est une islamiste militante notoire, et la journaliste avait pris lien avec ce philanthrope qui prend en charge les contraventions des dames emburkannées.

Pour faire bonne mesure, et au rythme des protestations, la chaîne nouvelle a modifié la présentation de cette leçon de culture citoyenne sur son site: Après avoir annoncé extatiquement «quand deux cultures se rencontrent sur un lieu de deuil, le dialogue s'installe, avec la compréhension», elle a évolué subrepticement vers un plus réservé: «quand deux femmes se rencontrent sur un lieu de deuil, le dialogue s'installe, malgré leurs différences…»
Mais soyons juste et n'accablons pas une journaliste du service public audiovisuel qui n'a fait que son devoir bien compris. Après tout Mme Ernotte, la maman de France Info, souhaite moins de blancs à la télévision et M. Mathieu Gallet, président de Radio France, vantait dans une tribune du Monde de ce mois «un rempart contre l'extrémisme»: «Est-ce le moment d'appeler à la disparition des seuls médias attachés à tisser du lien social autour de références communes ? N'est-il pas urgent au contraire de renforcer le service public, acteur majeur du vivre ensemble ?» (L'Express, 13 septembre).

Notre jeune préposée n'a donc fait que tisser du lien social entre deux femmes citoyennes et respecter très honnêtement le cahier des charges de France Info écrit en lettres sympathiques: imposer, fusse malhonnêtement, le multiculturalisme béat à la France d'en bas.

On rougirait presque de vouloir s'y opposer.

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12 septembre 2016 1 12 /09 /septembre /2016 16:21

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http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2016/09/12/31001-20160912ARTFIG00133-bacri-contre-zemmour-ou-l-eternel-retour-de-l-antiracisme-et-du-politiquement-correct.php

Publié le 12/09/2016

Bacri contre Zemmour ou l'éternel retour de l'«antiracisme» et du politiquement correct

FIGAROVOX/CHRONIQUE - L'acteur Jean-Pierre Bacri a vivement critiqué Eric Zemmour, suggérant que celui-ci relevait de la psychiatrie. Pour Gilles-William Goldnadel, l'antiracisme et le politiquement correct se raidissent à mesure que leur pouvoir s'amenuise.

Gilles-William Goldnadel est avocat et écrivain. Il est président de l'association France-Israël. Toutes les semaines, il décrypte l'actualité pour FigaroVox.


L'antiracisme de pacotille à géométrie variable et le politiquement correct, son lieutenant de police, se raidissent au fur et à mesure que leur pouvoir se rétrécit.

Le New York Times a publié la semaine dernière de nombreux témoignages sollicités, émanant de femmes musulmanes de France qui laisseraient à penser que notre pays sombre dans le racisme le plus abject. C'est ainsi que l'une d'elles considère que l'on est plus libre au Maroc… où elle aurait préféré repartir. Une autre décrit un régime d'apartheid. Une troisième craint pour bientôt que l'on épingle sur la poitrine des musulmans une petite lune jaune… Très peu décrivent une autre «réalité» sur les centaines de témoignages livrés en pâture au public américain.

À dire le vrai, le journal new-yorkais a une longue tradition de conformisme intellectuel derrière lui. Pendant la deuxième guerre mondiale, son patron de l'époque, Arthur Sulzberger Jr, craignait qu'on lui reproche un improbable singularisme juif, impopulaire dans le cadre de la guerre difficilement décidée contre Hitler. Raison pourquoi l'on respecta jusqu'au bout sa stricte consigne de faire silence sur la Shoah (Laura Leaf «C'est écrit en page 7»). Les magnats de Hollywood ne firent pas autrement.
La peur mondaine a changé de peau, mais la tragique docilité au conformisme des libéraux américains, indifférente aux faits, est bien la même.

Avec ce courage intellectuel et politique qui le singularise dangereusement dans l'hémisphère gauche, Manuel Valls a dit ce qu'il fallait dire sur la partialité effarante de l'article du journal américain.

Mal lui en a pris de vouloir sauver l'honneur français, et les «Décodeurs» du Monde, relais du N Y. Times de l'autre côté de l'océan, l'ont sermonné vertement. On ne critique pas le New York Times quand on est correct, politiquement s'entend. Dans leur zèle, les journalistes qui se voudraient purement factuels, se permettent même de mettre en doute le fait que lors du fameux camp de décolonisation organisé par les amis des Indigènes de la République, les blancs auraient été interdits. Tout au plus, concèdent-ils, seules les victimes habituelles du racisme étaient-elles conviées. Lorsque l'on sait que nos militants développent la thématique centrale que le racisme émane seulement des blancs et que ces derniers ne peuvent donc en être les victimes, on arrive à la conclusion purement factuelle que l'on peut décoder à plein tube.

La lecture de Paris-Match de cette semaine est également édifiante.

Page 12: Interview de l'excellent Jean-Pierre Bacri: «Ce sont surtout les vedettes, les philosophes, les chroniqueurs qui ont la science infuse, contrairement aux autres qui n'ont rien compris».
Question de Paris-Match: «Vous pensez à un Éric Zemmour, par exemple ?»
Réponse: «Ce n'est même pas un intellectuel, c'est un vil propagandiste d'extrême droite, un gars frustré. Je ne le considère même pas comme un pédant, parce que lui, c'est plutôt des soins qu'il lui faut.»
Libre à Monsieur Bacri de ne pas porter dans son cœur Monsieur Zemmour, et de le considérer comme un pseudo intellectuel, à la manière subtile d'une certaine ministre de l'Éducation nationale.
De là à préconiser la méthode psychiatrique soviétique…
Page 22: interview de Laurent Ruquier et de Vanessa Burgraff (qui a fait sa rentrée dans l'émission «On n'est pas couché» du premier).
Question de Paris-Match: «Vanessa, vous avez été fortement critiquée sur Twitter après votre première émission».
Laurent Ruquier: «Alors là, je vous interromps tout de suite ! Vous n'allez pas faire partie des cons qui reprennent Twitter, cette fachosphère. C'est tellement débile. Vous n'êtes pas assez grands pour juger par vous-même ? Dites ce que vous pensez, ne vous basez pas sur trois Tweets de connards, s'il vous plaît. (…) Vous, les médias vous êtes les premiers responsables. Vous saviez peser le pour et le contre, stimuler les débats, vous faisiez réfléchir les Français. Maintenant ce sont 100 connards sur un réseau social qui vous dictent votre façon de penser. Ça rappelle le courrier des lecteurs, ça n'a aucune valeur. Il faut que les journalistes reprennent le pouvoir».

Intéressant et pathétique, ce cri spontané de l'aristocrate qui sent le pouvoir absolu lui échapper.
Certes, les réseaux sociaux, à commencer par celui du moineau bleu, charrient le meilleur et le pire, et l'auteur de ces lignes n'est pas le plus mal placé pour en témoigner.

Il est certains gazouillis qui sentent le vomi.
Moi ce n'est pas de cette mystérieuse «fachosphère» dont je pourrais principalement me plaindre, mais plutôt, pour emprunter la terminologie historique précitée, d'une «bolchosphère» ou d'une sphère islamiste qui semblent beaucoup moins affecter Laurent le magnifique.

Sur la toile bleutée, cet été, j'ai reçu de nombreuses fientes dont on peut résumer la structure délicate et cohérente par: «espèce de sale juif raciste» ou encore: «sale nazi sioniste, dommage que Hitler n'ait pas fini le boulot…»
Ce n'est pas pour autant que je vais demander la fermeture d'un réseau où je trouve de nombreux articles intéressants et des points de vue de particuliers dont j'avoue ne pas comprendre, à premier examen, pourquoi ils seraient moins légitimes que celui de Monsieur Laurent Ruquier.

De même, je confesse ne pas très bien saisir pour quelle raison le lecteur d'un journal serait, a priori, décrété moins respectable - et en l'espèce plus méprisable - qu'un collaborateur choisi par Monsieur Ruquier sur des critères que j'ignore.
À ce stade en effet, pourrais-je savoir de quel magistère intellectuel ou moral notre ponte médiatique peut se targuer pour pondre des édits aussi définitifs ?

Ses quelques émissions qu'il m'a été donné de regarder ne m'ont frappé violemment ni par leur hauteur de vue, ni par leur largeur d'esprit, ni par leur grande modération.

Il m'est arrivé, dans ces colonnes, de dire ce que je pensais des interventions de Monsieur Caron. J'ai encore à l'esprit la manière méprisante avec laquelle il a traité Véronique Genest. Je n'ai pas oublié l'accueil qu'il a fait à Alexandre Arcady, venu présenter son film sur l'assassinat d'Ilan Halimi, en lui objectant niaisement les morts de Gaza.

J'ai déjà lu des tweets plus subtils que cela.

Et s'agissant du respect des journalistes, c'est selon. Je me souviens comment mon client Clément Weill-Raynal, chroniqueur judiciaire à FR3, a été cloué au pilori, en son absence, pour avoir osé révéler l'existence du mur des cons du Syndicat de la Magistrature.

Sur le fond, quand on dispose, pour des raisons inconnues et en tout état de cause arbitraires, du privilège aristocratique de faire la pluie et le beau temps sur un service public de l'audiovisuel qui ne se caractérise pas par le pluralisme intégral, il est mieux d'éviter de cracher sur les gueux.

Et touchant toujours au pluralisme démocratique inhérent au cahier des charges de la chaîne de service public, j'aimerais savoir au nom de quel droit divin et personnel, l'intéressé pourrait répugner à inviter une dame bleue marine tout en déroulant, samedi soir encore, un tapis extrêmement rouge sous les pieds de Monsieur Mélenchon.

Que cela plaise ou non aux seigneurs médiatiques, l'occultation de l'information, des critiques, ou de la pluralité des points de vue est devenue plus malaisée. Et il serait plus seyant de le comprendre de meilleure grâce.

On ne peut plus écraser les petites araignées sur la toile, même avec des escarpins vernis.

Le politiquement correct se raidit. Comme un corps avant la mort.

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