BERLUES STORIES
La classe médiatique européenne s'est trouvée un ennemi, et un seul.
Il s'appelle Berlusconi et il menace la liberté de la presse. Rien que ça.
Ce n'est pas Chavez, qui vient pourtant de fermer le micro à une vingtaine de stations de radio.
Ce n'est certainement pas le président iranien, non, c'est Berlu.
Il y a quinze jours, c'est France Inter qui avait consacré sa matinale à un festival contre sua émittenza où se sont exprimés uniquement ses adversaires de la Republica.
Pour faire bonne mesure, une journaliste, dont on appréciera la pondération, susurra que la France de Sarkozy n'était pas très éloignée de la péninsule.
Cette semaine, à la suite de la manifestation de l'opposition italienne durant le week-end, Arte et France 2 s’y sont mis à leur tour. Notons tout de même, que sur la chaîne nationale française, le journaliste de la RAI questionné, finit par dire qu'aucun danger véritable ne menaçait sa télévision, dominée par l'opposition.
En réalité, les médias de gauche n'arrivent pas à se faire à l'idée que certains médias, et notamment des chaînes privées, puissent oser être de droite, sans que le fascisme ne soit inéluctablement de retour.
On remarquera au passage que nul n'a contre argumenté sur le fait que ce n'est pas tous les jours qu'un brûlot cinématographique est consacré à un homme politique – comparé à un requin – par un réalisateur important, Nino Moretti pour ne pas le nommer, et présenté à grand bruit à Cannes. Il est vrai que le scrutin démocratique qui s'ensuivit ne fût guère cruel pour le squale.
Parmi les griefs récurrents opposés par les chaînes précitées au Président du Conseil italien, on retrouve le fait que celui-ci poursuit devant la justice certaines publications (voir encore le sévère, forcément sévère éditorial du Monde du 13 septembre).
Je ne suis pas sûr que les contempteurs que j'ai nommés soient les mieux placés pour donner des leçons sur ce chapitre.
Commençons par Arte : je mets au défi qui que ce soit de réclamer des comptes au CSA, concernant la chaîne franco-allemande. À l'instar de la chauve-souris du poème, elle n'est ni tout à fait française ni tout à fait allemande, ce qui fait qu'aucun organisme ne peut légalement la contrôler. Pour autant que le CSA contrôle quelque chose.
S'agissant, de France 2, nul n'a oublié que la chaîne a cru devoir judiciairement, mais en vain, réclamer des comptes à un certain Philippe Karsenty pour avoir osé dire que son reportage sur la mort du jeune Mohamed Al Dura ne sentait pas très bon.
Enfin, quant au Monde, on signalera le fait rarissime que celui-ci a envoyé au pilon, après une transaction peu glorieuse, le livre de Péan qui lui était consacré et qu'il avait poursuivi devant les tribunaux. On a déjà vu plus grand respect de la chose écrite dans les colonnes du temple de la liberté de pensée.
Mais venons-en au fond. Il n'est que trop clair que le simple fait, pour un homme politique, de recourir, à tort ou à raison, aux tribunaux pour réclamer justice d'un éventuel excès de la liberté de publier est considéré comme un odieux acte de censure.
On voit là encore l'incommensurable souci de soi de la caste médiatique et intellectuelle, qui n'en fait pas toute une affaire lorsque ce sont ses adversaires qui sont traînés sur les bancs de justice. Je pense à Le Pen, je pense à Dieudonné dès l'instant où il est passé de gauche à droite pour avoir fréquenté le premier, je pense au député prétendument homophobe Vanneste, je pense précisément à tous ceux qui ont le malheur mérité ou immérité d'avoir mauvaise presse.
Moi-même, je sais un peu ce qu'il en coûte d'avoir osé saisir légalement la justice française de réclamations à l'égard d'égarés de la plume ou du micro.
Ceux qui ont affûté leurs grands couteaux au moment des caricatures du prophète n'en ont pas tant entendu.
Le pire, c'est que nombre de politiques acceptent de courber l'échine avec obséquiosité et reconnaissent le crime de lèse-majesté dans la simple critique d'un plumitif. Dans mon dernier blog-note, je notais que le ministre suédois des affaires étrangères n'osait même pas commenter l'article d’Aftondablet qui prétendait que l'armée israélienne se livrait au trafic d'organes de palestiniens.
Bien entendu, l'affaire Polanski est à rapprocher de cette notion d'impunité de la caste.
J'ai déjà eu l'occasion de persifler sur le cas Cantat et la fantastique pétition d'intellectuels cornaqués par Armand Gatti qui prétendait que le chanteur de Noir Désir ne pouvait être condamné puisque « il avait été de tous les combats », idem pour Edgar Morin, intellectuel juif de gauche qui ne pouvait pas avoir écrit un texte stupidement, haineusement contre les juifs, idem pour Charles Enderlin protégé par des bétitionnaires qui expliquèrent sans rire qu'un pelé, qu'un galeux, même pas journaliste, n'allait tout de même pas donner des leçons de morale à ceux qui savent.
Le cas Polanski n'est pas très différent – et Dieu sait pourtant que j'apprécie le type et son œuvre – puisqu'il s'agit ni plus ni moins et seulement du respect de la loi.
On peut être plein de talent, M. Kouchner, et même né dans le ghetto de Varsovie, tout en étant accessible à une sanction pénale.
Il est vrai que dans casting, il y a caste.
On terminera par le discours magnifique de Benjamin Netanyahou à l'ONU. D'autant plus beau que personne n'en a rapporté la teneur en France.
Soyons juste, personne non plus n'a rapporté que dans le discours d’Obama à Manhattan, celui-ci avait évoqué la légitimité de «l'État juif d'Israël»
Mais, revenons à Bibi. Celui-ci a cru devoir morigéner les représentants des nations qui n'étaient pas sorties de la salle au moment où le président iranien prononçait sa diatribe.
Sans doute. Mais, avant que de faire la leçon aux autres, il vaudrait mieux nettoyer devant sa porte. Ils n'étaient pas 3000 dans la presqu'île pour protester contre la venue du naziranien. Décidément le judaïsme américain n'a jamais été très bon contre le nazisme.