J'inaugure une collaboration ponctuelle avec le quotidien "Atlantico", qui propose une alternative indépendante sur la toile, rompant enfin avec la pensée convenue et obligatoire.
Ci-après un premier article.
Un extrême peut en cacher un autre
Le parti de Marine Le Pen - "qui reste un parti pas comme les autres" ne doit pas masquer les dérives de l'extrême gauche, et empêcher de parler de certains sujets, dénonce l'avocat Gilles William Goldnadel.
J’aurai passé beaucoup de temps, consacré des ouvrages, usé beaucoup d’énergie à répéter une évidence, un lieu commun d’une affligeante banalité :
La dénonciation de la radicalité ne saurait s’accommoder de la discrimination abusive.
Lorsque j’examine les deux folles décades qui ont précédé et suivi la dernière consultation électorale, je me dis qu’un nouvel article ne sera pas de trop.
Ainsi, et à nouveau, le Front national déclenche des réactions irrationnelles, quelquefois calculées, et place à nouveau son responsable – qui a changé de sexe et de génération – au centre du terrain politique, tel un épouvantail au milieu du champ.
Comme chacun sait , une partie de ma réflexion et de mon action se situe au sein d’un espace culturel spécifique, et c’est donc dans ce cadre que je voudrais ici réfléchir et intervenir, avant tout parce que, compte tenu de la charge symbolique que charrie le souvenir de la Seconde guerre mondiale, les relations entre la communauté juive et le FN ont toujours été particulièrement tumultueuses.
Mon dernier livre (1) montre encore comment la médiatisation de la Shoah a été à l’origine de l’impossibilité de traiter de nombreuses questions sociétales, à commencer par celle de l’immigration, sans être la proie du fantasme.
C’est sur ce terreau fétide, qu’aujourd’hui encore prospère la pensée – ou ce qui en tient lieu – malhonnête ou l’argument spécieux.
Ainsi, et à nouveau, on a vu une partie sinon représentative au moins prétendant l’être, de la « communauté » réserver un sort particulier au parti lepéniste en appelant celle-ci à ne pas accorder une seule voix à celui-là.
En revanche, nul meeting, nulle consigne pour dissuader les éventuels intéressés d’apporter leurs suffrages au NPA de Besancenot, au Front de Gauche de Mélenchon ou au PCF.
Afin d’éviter malentendus ou contresens, il nous faut répéter que le FN n’est toujours pas un parti comme un autre, qu’en dépit du changement de sa direction, et des inflexions notables du discours sur le génocide juif de sa nouvelle présidente dont il serait irresponsable de ne pas prendre acte – sauf à ne pas vouloir qu’il change – il n’a certainement pas accompli son aggiornamento. Surtout, il comprend encore de nombreux représentants clairement xénophobes ou judéophobes avec lesquels son président-fondateur et d’honneur n’a jamais voulu rompre.
Ayant écrit cela, je veux également rappeler que la nouvelle intifada antisémite n’est pas l’œuvre de l’extrême droite. Que le boycott des produits Israéliens est organisé et soutenu par des groupes islamistes ou gauchistes, encouragé par des députés communistes ou Verts.
Que c’est le NPA de Besancenot qui, il y a peu, se faisait le vecteur de cette calomnie qui voudrait que les sauveteurs Israéliens à Haïti pratiquaient le trafic d’organes…
Que c’est Stéphane Hessel, l’icône gauchisante, qui dans sont non-livre s’indignait des crimes israéliens à Gaza en brandissant un rapport Goldstone dont s’excuse aujourd’hui son auteur éponyme.
Que le sang juif qui a coulé en France depuis 30 ans n’a pas été versé par des groupes fascistes aux maigres bataillons.
Il y a 10 ans, dans le « Nouveau Bréviaire De La Haine », je rappelais comment l’attentat contre la synagogue de Copernic avait été instrumentalisé et comment on avait fait descendre des centaines de milliers de personnes dans les rues en leur faisant croire à un attentat néonazi.
Aujourd’hui, le responsable pro palestinien de la tuerie attend toujours dans une prison canadienne son extradition dans l’indifférence générale.
J’écrivais encore que le Front national avait servi de leurre, dans toutes les acceptions du terme, et avait permis à l’islamo -gauchisme d’avancer ses pions sans rencontrer la moindre résistance morale ou politique.
Je veux croire que ces lignes sont inutiles et dictées par le seul impératif de la conscience.
Il m’étonnerait en effet qu’aujourd’hui, après les agressions antijuives et le déni de la bienpensance, après les manifestations de rue d’après Gaza ou les gauchistes sont descendus au coude à coude avec les sympathisants du Hamas et du Hezbollah pour dire la haine d’Israël, parfois aux cris de « Mort aux juifs », ces derniers puissent à nouveau être aussi commodément leurrés.
(1) « Réflexions sur la question blanche » (Ed. Gawsewitch).
Gilles William Goldnadel
Publié le 4 avril 2011 - Mis à jour le 5 avril 2011
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