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Publié le 12 décembre 2011
Sale temps pour la "gauche morale"
Hier encore, "gauche morale" relevait du pléonasme, au train où vont les choses, ce pourrait être demain une manière d’oxymore.
Lundi, dans un compte rendu assez minimaliste – et sans citer la CGT – France Inter faisait état d’un rapport accablant de la Cour des Comptes relatif « aux dysfonctionnements du comité d’entreprise de la RATP ». Vacances somptuaires, vie de château (au sens littéral), tout y passe, si bien que la Cour réclame exceptionnellement la saisine de la justice pénale.
Après les comités d’entreprise d’EDF-GDF (où en est donc cette procédure pénale ouverte en 2004 qui ne passionne guère la presse ?), d’Air France, de la SNCF ou de France Telecom, voilà donc venu le tour des intransigeants du métropolitain.
Deux jours plus tard, le Monde titrait sur ces « dérives et irrégularités », mais brocardait l’attitude du Figaro-Magazine, qui avait révélé le caractère explosif d’un rapport parlementaire sur les mécanismes de financement des organisations syndicales, au motif que celui-ci a, finalement, été enterré avec un touchant unanimisme par l’ensemble de la représentation parlementaire.
La presse, dans son ensemble, n’a pas manqué de moquer cette pusillanimité des politiques. Cette gausserie, coutumière, aurait plus de tenue si la plupart des directeurs de la presse hexagonale n’avaient pris l’inconfortable posture de ramper chaque fois qu’ils croisent un ouvrier du Livre ou un responsable du Syndicat National des Journalistes.
Quand Jack Lang menace Arnaud Montebourg
Jeudi, la presse se répandait sur des détournements qu’aurait favorisés le patron de la puissante fédération socialiste du Nord-Pas-de-Calais, sorte de solidarité chti à avec le midi des Guérini. Dans cette bataille – qui tourne au pancrace – et qui voit Jack Lang menacer Arnaud Montebourg d’une gifle (on en tremble), on ne sait si l’on doit prendre le parti de Matamore ou de Savonarole.
Décidément, et après les frasques new-yorkaises, qu’il est loin, le tintement du bling-bling.
Faire grimper le FN en le victimisant
Le même jour quelques « antiracistes de gauche », cornaqués par SOS-Racisme empêchaient Marine Le Pen de s’exprimer à l’université de Paris-Dauphine. Le député socialiste Sapin déclarait « comprendre » leur geste.
Je le comprends tout aussi bien, puisqu’il s’agit, selon la bonne vieille méthode politicarde, de faire grimper le Front National – en le victimisant – au détriment de la droite classique. Mais j’ai plus de difficultés à entendre les protestations des habituels défenseurs indignés de la liberté d’expression et de réunion. Ceux qui taxent « d’intégristes » tous les manifestants catholiques devant les théâtres, ou qui défendent, à juste titre, le droit des islamistes de se réunir, par exemple.
Encore un mot, sur ce chapitre : j’ai cru distinguer parmi les manifestants « antiracistes » certains juifs encartés. Surtout, qu’ils ne viennent pas se plaindre lorsque des intellectuels israéliens seront exclus des débats, comme désormais régulièrement à Oxford et comme hier à Marseille.
Le peuple palestinien, une invention ?
A ce dernier sujet, Gilles Paris, dans son blog du Monde dédié au Proche-Orient moque gentiment les candidats républicains aux États-Unis pour leur tropisme pro-israélien. Surtout, il admoneste l’un d’entre eux, Newt Grintrich, pourtant professeur d’Histoire, pour avoir osé prétendre que le peuple palestinien était une invention. Comme j’aurais aimé constater un tel esprit critique à l’égard d’une extrême gauche française, pourtant plus proche, et maniaquement pro palestinienne.
Je ne me souviens pas non plus que qui que ce soit au Monde, ait brocardé le fameux et fumeux « Comment le peuple juif a été inventé » commis par l’antisioniste Israélien Shlomo Sand.
Sur le fond, je ne conseille pas à Gilles Paris, lorsqu’il voudra bien respecter le parallélisme des formes, de comparer les mérites respectifs du brulot précité avec le tout récent « Comment le peuple palestinien fut inventé » de David Horowitz et Guy Milliere (ed.David Reinarc) destiné à lui répondre.
Ces deux éminents auteurs rappellent effectivement qu’en 1948, lors de la proclamation de l’Etat juif, nul ne parlait de « nation palestinienne » mais d’une nation arabe. Nul non plus n’a parlé de « peuple palestinien » avant que la notion soit, de fait, inventée, dans la deuxième moitié des années 60. En est-il autant pour le peuple juif ?
Ceci fermement posé, je veux ajouter ici que ces discussions historiques, passionnantes, sont dépourvues d’intérêt politique, au moins pour deux raisons :
- S’agissant des Juifs, il est indéniable que la majorité d’entre eux est longtemps demeurée hostile au sionisme. Notamment dans le milieu orthodoxe. Ceci disqualifiait-t-il le sionisme ?
- S’agissant des Arabes, certains sionistes devraient se rappeler des propos de l’un de leur plus intransigeant représentant,Vladimir Zeev Jabotinsky, qui dans son œuvre maitresse, « Le mur de fer », conseillait à ses sympathisants de ne pas se faire d’illusions : si, par extraordinaire, les Arabes venaient à reconnaitre la légitimité de la présence juive, ceux de Palestine seraient les plus irrédentistes.
Ce qui se prouve bien la spécificité de cette population, quelque soit son nom ou la manière dont elle se considère, et le droit qu’elle possède de s’organiser politiquement comme elle le veut.
Le problème est ailleurs, et là au demeurant où Newt Grintgrich, plus subtil que ne le voudrait le Monde, l’a situé : dans la persistance obstinée du peuple arabe de Palestine à préférer détruire le seul Etat juif que de construire un énième état arabo-musulman.
"Le très sérieux Le Monde" : pléonasme ou oxymore ?