Blog-note du 06/02/12 : Coup de fièvre des molosses de l'anti-racisme contre des ennemis imaginaires
PARU SUR LE SITE « ATLANTICO, un vent nouveau sur l’info » : http://www.atlantico.fr
Publié le 6 février 2012
Cette semaine, Gilles-William Goldnadel revient sur l'article dans Elle intitulé « Black Fashion Power », sur la polémique autour des propos de Claude Guéant et sur les manifestations de masse en Égypte.
Ainsi, les vigilants cerbères prétendument antiracistes recommencent à grogner en meute. C’est d’abord le journal « Elle », dont chacun sait qu’il incarne la haine de l’autre par excellence, qui a fait les frais de leur hargne. Un article intitulé « Black Fashion Power » a mis le feu de l’enfer à la poudre de riz. Dans la réalité non fantasmée, il s’agissait en fait d’un simple passage en revue des nouvelles « égéries noires » qui « fascinent les créateurs » et « inspirent la rue ».
Dans ce cadre somme toute assez léger, la rédactrice de l’article s’interrogeait de savoir si cette élégance chic nouvelle, qui romprait avec l’aspect « destroy » d’autrefois, ne relevait pas de « l’effet du couple Obama ». Il aura fallu l’imagination débridée d’Audrey Pulvar, ordinairement plus calme, pour y voir dans une chronique de France Inter du 26 janvier rien de moins « qu’un papier de merde, imbécile, et raciste », pour lâcher les chiens.
Heureusement, l’écrivain d’origine camerounaise Calixte Beyala y a vu « une surenchère qui crée un malaise. Il y a des gens qui font de l’antiracisme un fonds de commerce. » De même, Patrick Lozes, ancien président raisonnable du Conseil Représentatif des Associations Noires, a su dire, dans les colonnes d’Atlantico, qu’on ne pouvait qualifier ce texte de raciste. Je ne suis pas sur qu’en présentant ses excuses, Valérie Toranian la directrice de la rédaction du magazine féminin, n’ait pas, prise de panique, galvanisé la horde.
Sous un article, bien équilibré, d’Elise Vincent consacré à ce psychodrame, le Monde du 3 février annonce la première édition française du « Black History Month » qui célèbre les grandes figures afro-américaines. Le quotidien y voit, à l’instar de la polémique qui précède, « une affirmation identitaire noire dans l’hexagone ». Gageons que cette affirmation identitaire-là, pourtant strictement ethno-raciale, ne déclenchera aucun débat acrimonieux.
Ce fut ensuite au tour de Claude Guéant de sentir dans sa chair les crocs du molosse déchainé. Pour avoir, si j’ai bien compris, suggérer préférer la civilisation de la liberté démocratique et religieuse à celle de la décapitation et de la lapidation. Il faut reconnaître que son dossier est accablant. Curieusement, lorsque, ainsi que le rappelle Ivan Rioufol, dans son « De l’urgence d’être réactionnaire » (Puf), la très vigilante Rokhaya Diallo se présente sur un plateau de télévision avec un T-shirt où est inscrit « Super Musulman », les chiens de garde n’aboient pas.
De même, lorsque, Youssef al Qaradawi, proche des Ramadan et star d’Al-Jazira, déclare à Rome : « Avec vos lois démocratiques nous vous coloniserons, avec nos lois coraniques nous vous dominerons », ils ronflent paisiblement.
Toujours aussi étrangement, lorsque les salafistes tunisiens défilent aux cris de« Mort aux Juifs ! » dans les rues de Tunis (Canal+, le 5 février), ils se font même gentils toutous.
Impunités syndicales (suite)
Dans le même quotidien du soir, un article est consacré à un inspecteur du travail qui « souffrant d’une perte de sens » aurait mis fin à ses jours pour des raisons professionnelles. A dire le vrai, le pauvre Romain n’ayant pas laissé de lettre pour expliquer les raisons de son suicide, grande part est faite à une spéculation intellectuelle assez déplaisante.
J’ai moi-même consacré une bonne partie de ma semaine à ferrailler judiciairement contre la CGT – qui a fait fond du harcèlement au travail poussant les salariés au suicide (de France Telecom à la Poste) et qui voulait voir à toute force dans le geste fatal d’une malheureuse ayant emporté son secret dans la tombe la marque de la cruauté patronale. Passons sur l’indécence de la démarche.
Dans le même quotidien du 18 novembre 2009, un article de Luc Peillon avait cependant retenu mon attention : « EDF-GDF : le suicide qui embarrasse la CGT ».
Verbatim : « C’est un suicide sur lequel la CGT s’est abstenue de communiquer. Et pour cause : la structure qui employait la victime n’est autre que la Caisse Centrale d’Activités Sociales (CCAS), autrement dit le Comité d’Entreprise d’EDF-GDF Suez… dirigé par la CGT.
Vendredi 6 novembre, Philippe D, salarié de la région Paris-Nord de la CCAS, s’est donné la mort, peu de temps après avoir envoyé un mail aux motifs plutôt explicites : « Depuis 10 ans, je suis sous la responsabilité de Y, celui-ci me dénigre et me harcèle moralement régulièrement. »
Contrairement, à mon affaire où le parquet, malgré le silence de la défunte, avait décidé de poursuivre, la CGT elle, n’a pas été inquiétée.
Violences en Egypte
L’ensemble de la presse a reproduit sans commentaires perplexes les accusations des supporteurs égyptiens de football qui ont incriminé l’armée à la suite des violences qui ont entrainé la mort de 74 personnes. A la suite du carnage, les supporteurs ont organisé des manifestations de masse au Caire qui ont entraîné de nouveaux morts.
En réalité, il suffisait de se renseigner pour comprendre que les supporteurs des clubs de Al Mahdi et de Al Ahli, porteurs de gourdins, n’étaient que des hooligans n’ayant rien à envier au Kop de Boulogne et étaient les propres responsables du malheur survenu. Et si la sécurité avait été tardive et défaillante, seuls les policiers étaient à incriminer et en rien l’armée du maréchal Tantaoui.
Mais, il est inutile d’espérer le moindre esprit critique, venant d’observateurs qui ne sauraient mettre en doute le bon sens des masses, a fortiori de la « rue arabe ». La foule, dans la société post démocratique occidentale, a toujours raison, surtout lorsqu’elle est déraisonnable.
Pendant ce temps en Syrie...
En Syrie, le massacre se poursuit. L’avis de recherche que j’avais lancé la semaine dernière pour retrouver Mouloud Aounit et Mgr Gaillot, absents de toute manifestation de protestation n’a toujours rien donné. Quant à Besancenot, il parait qu’il serait toujours à bord d’une flottille humanitaire au large de Gaza.