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Cette semaine, Gilles-William Goldnadel revient aussi sur les 80 victimes assassinées à l’université de Damas et l'intervention au Mali.
Publié le 4 février 2013
Dans ma dernière chronique, j’évoquais le besoin compulsif de la gauche française de mobiliser les fantômes de la Deuxième Guerre mondiale pour combler les vides de son discours.
La manifestation pour le ‘’mariage pour tous’’ et ses suites ne m’auront, hélas, pas démenti cruellement.
Entre la photo d’Anne Frank exhibée dans les rues de Paris et légendée ainsi : ‘’Le mariage pour tous ! Les fachos l’auront dans le cul !‘’, les déclarations du député socialiste de l’Hérault, Christian Assaf, considérant à l’Assemblée nationale que : « le temps du triangle rose est terminé », et celle de Pierre Berger déclarant que les opposants au mariage gay incarnaient la vieille France antisémite, tous les poncifs post-shoatiques auront été servis sans grande parcimonie.
Les nostalgiques du Troisième Reich ne sont décidément plus là où l’on veut le faire croire.
Si, lors de la ‘’manif’ pour tous’’, de tels errements avaient été constatés, l’imagination humaine est impuissante à prévoir les réactions qu’ils auraient déchainées.
Si Madame Taubira n’existait pas, la droite la plus cynique aurait dû l’inventer.
Pas une semaine ne se passe sans que ses bourdes ou ses provocations ne viennent contredire dans les faits la pondération Hollandaise.
J’ai beau avoir ici même écrit que la politique présidentielle, sournoisement ambivalente, tenait à dessein du yin et du yang, le yang Taubiresque est en passe, par son ubuesque, de dissoudre le yin qui apaise. C’est ainsi que la publication de la circulaire de Christiane Taubira sur la régularisation des enfants nés de mères porteuses à l’étranger aura plongé le gouvernement et sa majorité dans un embarras inespéré pour son opposition. Sur le fond, si la fameuse Gestation Pour Autrui ne venait pas pallier ici la cruelle carence de la nature pour les couples homosexuels, il y a peu de doute que la gauche serait la première à s’insurger contre la marchandisation du corps féminin.
Certes, ce n’est pas la première fois que celle-ci est prête à s’asseoir sur les principes dont elle se fait habituellement le héraut le plus bruyant : chantre de la laïcité, elle se voile les yeux, Ligue des Droits de l’Homme en tête, lorsqu’il s’agit de l’Islam.
Héroïne du féminisme, elle ne voit pas les femmes violées sur la place Tahrir. Avocate de la cause homosexuelle, le sort des concernés en Orient lui est indifférente.
Abolitionniste en chef, les crimes de masse du terrorisme la rendent parfois philosophe quand elle n’est pas théoricienne. Contemptrice hier de l’antisémitisme, elle est aujourd’hui bonne fille envers l’antisionisme radical. Veut-elle éradiquer la faim dans le monde ou incarner le Progrès, qu’elle interdit les OGM ou toutes recherches sur les nouvelles énergies gazières au nom de son alliance avec le médiévisme vert.
La gauche s’est-elle trahie, ou est-ce toujours la même ?
Pour en revenir à la Garde des Sceaux, c’est aussi sur son pré carré pénal que la madone de la gauche décomplexée aura donné toute sa démesure. L’organisation le 14 février prochain d’une « Conférence de Consensus » tellement consensuelle qu’elle sera présidée par une figure du Syndicat de la magistrature en est la démonstration flamboyante.
L’ensemble de l’édifice anti-récidive concocté par le précèdent gouvernement est promis à la déconstruction : c’est ainsi que la ministre envisage de développer des « peines de probations » dont on imagine déjà sans peine le caractère dissuasif pour les délinquants chevronnés. La rétention de sûreté, privative de liberté, pour les grands criminels est promise également à la suppression.
Là encore, les pauvres, premières victimes de la criminalité et théoriquement protégées par la gauche, seront les victimes premières de son idéologie.
Au Mali, l’armée française avance sans rencontrer de résistance. Les tortionnaires du peuple malien se sont pour l’heure évanouis sans combattre. Il suffisait de leur dire non pour libérer les territoires conquis. C’est ce que j’écrivais lorsque, au début de l’offensive française, j’indiquais que le combat « devait d’abord être gagné dans les têtes ».
Pour avoir approuvé sans barguigner la décision présidentielle, je peux tempérer le zèle un peu intempestif de certains de ces zélateurs. Ainsi de Thomas Wieder, ordinairement mieux inspiré, qui n’hésite pas à écrire sans rire (Le Monde du 30 janvier) : « l’intervention de la France au Mali peut lui permettre (François Hollande) de devenir le grand réformateur qu’il n’est pas encore. Les français ont appris que les succès militaires pouvaient être les préludes à de grandes lois. Napoléon, bien sur, De Gaulle, évidemment. »
Un peu excessif, non ?
Dans ce contexte de lutte contre le djihadisme, l’attitude, pour l’instant impunie du Qatar commence enfin à être dénoncée. Ainsi on lira avec profit l’interview du pourtant très tempéré Gilles Kepel dans le Nouvel Observateur du 24 janvier : « il faut souligner le rôle des États arabes du golfe dans le développement de ces groupuscules d’Al-Qaida. Car l’essentiel du financement des mouvements djihadistes vient de donateurs privés de la péninsule arabique à l’insu ou non de ses dirigeants. [...] Ceux qui ont menacé ce processus de la manière la plus radicale, ce sont les Qataris, principal sponsor des révolutions arabes, avec leur bras cathodique Al Jazeera. »
Sur le même sujet, la toujours très factuelle Natalie Nougayrède note (Le Monde du 30 janvier) « Ce qui est moins mentionné par l’ancien entourage de Nicolas Sarkozy c’est le rôle obscur du Qatar, l’allié de la guerre de Libye. L’émirat gazier a ses accointances avec la mouvance islamique au Sahel. François Hollande en a brièvement parlé début novembre 2012, devant la presse, évoquant des ‘’financements’’ opaques. D’autres officiels européens vont plus loin et racontent que « deux avions qataris se sont posés à Tessalit », au printemps 2012, en pleine zone malienne contrôlée par les salafistes armés. Tessalit est située à une courte distance de la frontière de l’Algérie, qui a laissé faire.
Avec le scandale naissant de la corruption au sein du football mondial (France Football de cette semaine), il semblerait que l’étoile de la petite monarchie pétrolière commence à pâlir dans le firmament médiatique parisien.
Mais ici, pour être juste ce n’est pas la gauche qu’il faut incriminer pour avoir trahi ses idéaux démocratiques et patriotiques.
Cette semaine, Le Monde aura titré avec justesse sur la catastrophe humanitaire sans précédent dont la Syrie est la victime.
Les 80 victimes assassinées par on ne sait qui à l’université de Damas n’ont eu le droit qu’à quelques entrefilets, tant la liste des suppliciés s’allonge un jour puis l’autre.
À la page Débats du Monde du 31 janvier, Philippe Ryfman professeur à l’université Paris I, interpelle avec justesse les consciences : « le temps de grandes campagnes de collectes de fonds pour la Syrie (dont l’absence depuis presque 2 ans interpelle) pourrait être venu, et les médias auraient aussi un rôle à y jouer. »
Quitte à interpeller les grandes consciences, Mr. Ryfman aurait pu également s’étonner, comme je le fais ici régulièrement de l’absence de la moindre manifestation de celles-ci sur les pavés parisiens. Il est vrai que l’on ne s’indigne de République jusqu’à Nation que lorsque l’on peut conspuer l’Occident ou bien Sion.