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L'oeil de Goldnadel
29 octobre 2013
Le pseudo-antiracisme de la gauche relève de l'obsession de la race
L'oeil de Goldnadel. Chaque semaine, Gilles-William Goldnadel propose aux lecteurs de Valeurs actuelles son Regard sur l'actualité. Aujourd'hui, il explique que le pseudo-antiracisme dont la gauche abreuve la société française, jusqu'à la noyer sous le pathos, relève de l'obsession de la race.
« Ce sera bien la première fois que tu seras gentil avec une Arabe » a donc asséné Patrick Mennucci à un adversaire UMP qui se proposait d'applaudir Samia Ghali.
Jean-Claude Gaudin et ses amis ont tort de considérer l’emblématique sortie du député PS sur sa malheureuse rivale comme « raciste ». Prêter à autrui d'ordinairement maltraiter « une Arabe » est, au contraire, hautement antiraciste.
C'est précisément là ou l'on voit que le pseudo-antiracisme dont la gauche abreuve la société française, jusqu'à la noyer sous le pathos, relève de l'obsession de la race.
Mennucci, sous couvert d'antiracisme, est incapable d'oublier un instant l'origine ethnique de sa compétitrice. Dans la même veine sanguine fantasmée, Barbara Pompili, députée EELV considérait il y a peu que la garde des Sceaux était assaillie de critiques en raison de la couleur de sa peau. La parlementaire verte ne voyait en Christiane Taubira qu'une femme noire. Incapable qu’elle était de concevoir que la droite puisse la critiquer sans aménité ni complexe en raison du caractère calamiteux de sa politique pénale.
Dans un registre plus subtil, Le Monde, sous la plume de Jacques Mandelbaum, consacrait un article intitulé « l'empire de la chair, la chair de l'empire » aux accusations portées par deux jeunes actrices à l'encontre du talentueux mais ombrageux cinéaste Abdellatif Kechiche. Morceau de bravoure : « Il y a plus, le sentiment que la tension ethnique, chassée par la porte, revient par la fenêtre. Au détour des accusations portées par Léa Seydoux contre Abdellatif Kechiche (…). La nouvelle icône du cinéma français, affiliée aux détenteurs de l'empire Gaumont Pathé et héritière d'une lignée de chevalier d'industrie contre l’ex-colonisé, immigré sans-grade débarqué de sa Tunisie natale… ». Ici encore, on voit l'impérieuse nécessité d’essentialiser par l'origine ethnique un conflit entre deux êtres de chair, avant tout, humaine.
Ne nous y trompons pas, dans l'inconscient « antiraciste » d’une gauche xénophile, ne pas resituer l'affrontement dans un contexte postcolonial et social, c'était livrer le cinéaste taxé de violence sexiste et dont l'arabité obsède, à des accusations nécessairement racistes.
Sous un autre angle, dans mes « Réflexions sur la question blanche » j'ai essayé de montrer que l'obsession du métissage de l'extrême gauche d'aujourd'hui équivaut exactement à l'obsession de la race pure de l'extrême droite d'hier.
Cet antiracisme que voici est bien du même mauvais métal que ce racisme que voilà. L'envers de la même fausse médaille.
Dans ce cadre obsessif, on comprendra que les dernières propositions de Jean-François Copé sur les nécessaires modifications à apporter au « droit du sol » seront examinées par nos antiracistes médaillés sous l'unique prisme de la xénophobie.
Ne nous épuisons donc pas à expliquer ce racialisme irrationnel en voie d'extinction que vouloir endiguer un flux migratoire incontrôlé en empêchant légalement l'acquisition d'un droit obtenu par la fraude est d'essence républicaine.
Mais puisque le mot sacré est lâché, corrigeons tout de même cette fausse rumeur historique qui circule opportunément à gauche comme à droite : le droit du sol existait déjà sous l'ancien régime, il n'est pas une pure création de la république qui n'a fait que le rendre plus sévère par la conscription obligatoire (voir notamment l'interview dans le Figaro du 27 octobre du professeur Saint Bonnet par Guillaume Perrault).
Remarquons enfin que selon un sondage BVA, sept Français sur dix, qui ne sont peut-être pas tous d’odieux racistes, sont favorables à une modification du droit du sol actuel, comme l'avait d'ailleurs aussi suggéré cet été Manuel Vals, en même temps qu'il s'interrogeait sur le regroupement familial.
Peut-être, les Français sont-ils en train de défendre enfin leur propre droit au sol.
Mme Anne Hidalgo, en même temps qu'elle reprochait sans surprise à la droite de courir après le Front National assumait fièrement cette semaine son alliance revendiquée avec le Parti Communiste.
« J'entends mes adversaires, dire que Paris serait la dernière ville en Europe dirigée par l'idéologie communiste, c'est un peu ringard de parler comme ça ».
Et si, subitement, c’était l'union de la gauche qui apparaissait comme définitivement obsolète ?
Un sondage BVA rapporte cette semaine qu'une majorité de Français souhaitent que les Verts quittent l'actuel gouvernement. Ils sont neufs sur dix pour condamner la tentative de racolage des lycéens par les soi-disant écologistes.
Mais soyons justes, nos socialistes français qui marinent depuis 30 ans dans la baignoire idéologique de l'extrême gauche, sont mal placés pour donner des leçons de vertu et de tempérance à leurs alliés hyperactifs. Lorsque le porte-parole du PS, M. Eduardo Rihan-Cypel, gourmande sévèrement ses amis Verts en hasardant ce lieu commun que les lycéens seraient mieux dans leur lycée, il frise la pornographie politique, par l'indécence du propos.
Il oublie en effet, que ce sont les satellites péripatéticiens de son parti (FIDL, UNEF) qui ont passé leur temps, à faire le trottoir des lycées depuis les années 70.
Quant à l'alliance avec le parti communiste, je ne saurais trop recommander à Mme Hidalgo et à tous ses amis qui ne dédaignent pas les parallèles avec la deuxième guerre mondiale, la lecture de l'édifiante correspondance entre Stefan Zweig et Joseph Roth (bibliothèque Rivages).
Citations de ce dernier qui avait vu Hitler venir de loin : « le communisme n'a pas du tout transformé toute une partie du monde. Rien du tout ! Il a engendré le fascisme et le national-socialisme et la haine contre la liberté de l'esprit. »
Vous avez dit ringard ? Comme c’est ringard.
Dernière extravagance de la gauche parisienne et morale, justement dénoncée par le Conseiller de Paris, Jérôme Dubus : la violation du règlement de la Ville de Paris qui impose d'attendre cinq années après le décès d'un particulier, pour pouvoir attribuer son nom à une rue. Mais la sainte pulsion transgressive était trop forte : il fallait sacrer séance tenante Stéphane Hessel, il est vrai canonisé de son vivant par le clergé post marxiste.
Il est également vrai que quelqu'un qui a considéré en novembre 2010, dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung, que l'occupation nazie était « relativement inoffensive », comparée à ce que faisait l'État juif, méritait d'urgence une plaque à son nom.
« Mort aux cons ! », ainsi parlait le maire ex-PS de Fleury-Mérogis, la semaine passée, avant que de rejoindre les radicaux.
Ça va faire beaucoup de rues à consacrer.
Un esprit crédule aurait pu croire et espérer que la gauche plurielle mais singulière aurait cantonné sa folie idéologique au domaine sociétal. Las, voilà la gestion de l'économie atteinte du même mal qui court décidément très vite.
M. Hollande avait promis d'épargner les classes moyennes. C'est leur épargne que l'on a voulu casser.
Assurance-vie, plans d'épargne-logement ou en actions : tous ceux qui n'ont pas flambé, les fourmis économes, les écureuils prévoyants : à la caisse ! Et de manière rétroactive, s'il vous plaît, histoire de faire définitivement perdre confiance aux naïfs qui ont cru en la parole d'État.
Dans l'affolement, M. Gérard Bapt, rapporteur de la loi socialiste qu’il défendait bec et ongles hier, a découvert le lendemain qu'au rebours de l'assurance-vie typique des nantis, l'épargne-logement est l'outil des manants.
Je gage que mardi, il changera d'avis.
Il y a un mois, dans la même chronique, j'écrivais que la loi Duflot était au loyer, ce que la Taubira était à la prévention des délits : dangereusement idéologique et insensée.
Je prévenais qu'elle risquait d'entraîner une raréfaction de l'offre, déjà étroite, et réservée en priorité aux fonctionnaires assurés d'un emploi, sans préjudice d'une augmentation du montant des cautions exigées par des propriétaires échaudés par l'impossibilité de recouvrer leurs biens en cas d'impayés.
Je disais qu'il n'était pas établi que le loyer moyen était en nette augmentation pour qu'il faille l'encadrer judiciairement.
Je constatais sombrement l'état actuel d'encombrement des tribunaux français qui deviendraient encore plus paralytiques, en cas d'adoption d'une loi irresponsable qui prévoit précisément la saisine du juge par un locataire trouvant son loyer excessif.
Je n'exclus pas que quelque esprit chagrin ait pu écarter cet avis subjectif, au regard de la prévention intellectuelle que m'inspire, je l’avoue, Madame la ministre du logement.
Il se trouve que cette semaine, une étude sur le logement commandée par Jean-Marc Ayrault, a rendu un avis globalement négatif sur la loi Duflot, en reprenant nombre des observations qui précèdent : « l'encadrement des loyers tel qu'il est envisagé risque d'engendrer des inefficacités dans le parc locatif privé… L'expérience du passé et les exemples étrangers indiquent que l'encadrement des loyers réduit la qualité du parc immobilier. Instantanément, le rendement locatif diminue, ce qui incite l'État à accorder des avantages fiscaux aux bailleurs, un coût supplémentaire pour les finances publiques ».
Et plutôt que de judiciariser les rapports locatifs, le Conseil d'analyse économique propose de mettre en place une instance paritaire entre bailleurs et locataires pour arbitrer les litiges, gérer le niveau des loyers et les impayés…
Mercredi, le Sénat a néanmoins avalisé la loi Duflot sur le blocage des loyers.
Retour au Monde : selon Jean Birnbaum, mon ami Alain Finkielkraut « jouerait avec le feu » et se serait même brûlé en publiant son « identité malheureuse ». Surtout, ne cherchez pas ce qui dérange, sur le fond, le critique littéraire du vespéral sévère. Il n'en écrit mot.
En revanche, Birnbaum a découvert, si j'ose dire, le pot aux roses : Finky est amoureux de Renaud Camus, et comme ce dernier ferait les yeux doux à la Marine nationale, la cause lepéniste serait entendue.…
Dans le même journal, un article est consacré à la demande de libération du terroriste Georges Ibrahim Abdallah, condamné à la prison à perpétuité pour l'assassinat à Paris du diplomate américain Charles Ray et du diplomate israélien Yacov Barsimentov.
Cet article arrive en même temps que la publication d'une opinion qui réclame ni plus ni moins que la libération de tous les prisonniers palestiniens. Y compris donc de ces deux qui ont assassiné trois enfants à Itamar, dont un bébé de trois mois, égorgé dans son berceau.
Extrait de l'article sur Georges Ibrahim Abdallah : « il s'est en revanche toujours refusé à exprimer le moindre regret, y compris à l'endroit de la veuve de Charles Ray. »
Je préciserai donc à l'auteur délicat de l'article que M. Barsimentov a laissé également une famille.
Je pense que Finkielkraut et son livre devraient pouvoir survivre à un article du Monde.
Sans égratignures, ni brûlures, ni même éclaboussures.
Si je ne le dis pas, alors qui va le dire ?
Le journaliste Philippe Cohen est mort à 60 ans. C'est très triste. Je l'avais rencontré il y a quelques années au cercle Marc Bloch. Il était inclassable, du genre souverainiste de gauche.
J'avais avec lui des convergences, notamment sur la question des Serbes que l'on traitait mal, selon nous, médiatiquement. J’avais des divergences. Il s’était montré injuste envers certains de mes clients, d'où certains procès. Cohen n'était ni sioniste, ni antisioniste et j'ai toujours pensé que c'était un non-choix parfaitement respectable. Philippe avait publié dans Marianne une critique très positive de mon livre sur Hessel, ce qui, on s'en doute, n'avait pas plu à tout le monde.
Philippe était courageux, il laissera son nom pour la co-rédaction avec Pierre Péan d'un livre-réquisitoire sur Le Monde au temps de Plenel et Colombani. Le livre fut un succès, mais finira après procédure au pilon, ce qui, de la part des chantres de la liberté d'expression, est sans doute considéré comme chose naturelle.
Il m'avait interrogé pendant la rédaction de son dernier livre consacré à Jean-Marie Le Pen. Les pisse-froid habituels ont cru déceler une manière d'apologie de son portraituré.
Le fait que les Le Pen diligentent une procédure à l'encontre du livre prouvera certainement à ces esprits forts qu'ils ont eu raison.
Philippe Cohen nous manque déjà et pour longtemps.