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20 janvier 2014
Les Français sont redevenus réalistes
L'œil de Goldnadel.Chaque semaine, Gilles-William Goldnadel propose aux lecteurs de Valeurs actuelles son Regard sur l'actualité. Aujourd'hui, il se dit que les Français son redevenus réalistes !
Il paraît que la droite devrait être embarrassée par la conversion affichée du premier des français aux réalités de l'économie et de l'entreprise. Que des politiciens prétendument de droite, en manque de conviction ou de positionnement, soient privés, un temps, de discours critique, peut-être. Mais la droite libérale ? En quoi devrait elle bouder son plaisir à voir un président élu sur un programme démagogique basé sur le ressentiment, contraint d'aller à Canossa, lui qui haïssait la finance et ne croyait qu'en la taille pour tenter de conserver son royaume et son trône ?
On a déjà connu plus embarrassant.
La réalité profonde, masquée par les commentaires médiatiques superficiels, habite dans le constat que l'immense majorité des français, lorsqu'ils ne sont pas travaillés par la haine sociale, sont convaincus de la vanité des recettes post-marxisantes. La réalité, c'est que les français sont redevenus réalistes.
Ceci posé, et la victoire intellectuelle prestement savourée, il est à présent recommandé à la droite libérale -et fière de l'être- de mettre publiquement en doute la parole d'un souverain dont le principe cardinal de gouvernement est, précisément, de ne pas en avoir. Il faut une belle audace pour vouloir encore être cru, et une belle naïveté ou un aveuglement déshonnête pour le croire.
Et quand bien même, par hypothèse extraordinaire, notre monarque républicain se serait, pour le même prix, converti à la sincérité, qu'il devrait pour appliquer sa nouvelle politique, en convaincre les idéologues bien en Cour et les aristocrates de la gauche extrême qui lui ont permis de s'asseoir sur ce trône qui aujourd'hui vacille.
Dans quelle autre contrée civilisée a-t-on vu un social-démocrate, allié aux communistes et aux écolos-rouges ? La sociale-démocratie consistant, par essence, à tourner le dos à l'idéologie bêtifiante du XIXe siècle. S'il voulait sincèrement appliquer ce que commande son aggiornamento de l’an neuf, M. Hollande devrait dénoncer les menées du dernier syndicat européen communisant qui séquestre les cadres et s'oppose à tout dialogue constructif. S'il voulait vraiment prendre à bras-le-corps le réel économique, plutôt que d'écouter les discours moyenâgeux sur le nucléaire et le gaz de schiste de sa dame Duflot, le nouveau converti serait bien inspiré de regarder vers l'Ouest, ce que font les Anglais et les Américains.
Mais M. Hollande et son parti sont toujours prisonniers de leurs alliances obscènes et saugrenues et de leur tropisme idéologique envers la gauche extrême. Que la droite politique ne le voit pas encore en dit long sur sa trop courte vue.
L'une des conséquences de la capitulation théorique et sans combat du magistrat suprême aux positions économiques pragmatiques de ses adversaires va être de ramener au centre médiatique du débat les questions sociétales, à commencer par celles de l'immigration et de l'identité.
L'idéologie xénophile aurait bien voulu les dissimuler sous le tapis, depuis qu'elle décline et que ses postures extravagantes sont désormais régulièrement ridiculisées comme l'ont montré les épisodes « Léonarda » et « Rapport sur l'intégration ».
Les subtils stratèges qui, prétendument à droite, imaginent ou espèrent que la bataille de France se situera au centre, devraient méditer cette nouvelle situation politique.
Au-delà du débat sur la frontière à tracer entre les domaines privés et publics, il serait intéressant de prévoir les conséquences à terme de la petite affaire de la rue du Cirque sur ce qui reste de popularité au souverain primesautier et infidèle.
Débat dans lequel, on remarquera, sans grand étonnement, que la presse hexagonale a eu moins de coquetterie pour relater et commenter l'escapade marine de M. Sarkozy sur la nef d'un riche capitaine d'industrie que l'embarquement pour Cythère de son successeur.
Ceci posé, on me pardonnera de préférer vivre sur cette terre des Gaules plutôt que chez les Angles obtus ou les prudes Saxons. Et puisse jamais le pantalon de M. Hollande suivre le parcours judiciaire de la robe de Mlle Lewinsky.
Or donc, de quel côté va tomber la pièce de vingt sous de la popularité ?
Pile ? Le peuple va-t-il vouloir sanctionner l'écart, décidément systématique, entre les belles paroles et les actes vulgaires ? Et si, face plus grivoise, celui que tout rapprochait du seizième roi bourbon, dans la gaucherie bonhomme, la ronde mollesse, et jusqu’à la faiblesse envers l’impopulaire et revêche maitresse, était encouragé tout bas par le monde gaulois d’avoir repris le sceptre du vert galant ?
Dans la rubrique, si ce n'est pas moi qui le dis, alors qui ?
Vendredi matin : débat sur France Inter entre trois femmes, toutes opposées au projet espagnol de limiter l'avortement. Les auditeurs interviennent. Tous sont également du même avis. L'intégrisme de l'église espagnole et de ses membres est vilipendé.
L'intervention du pape François, ordinairement si populaire dans les milieux laïcs de gauche quand cela leur convient, mais ici frontalement opposé à l'avortement, n'est pas évoquée.
Le même jour, le Figaro publie dans sa page débat deux points de vue opposés sur le même sujet.
Le premier, intitulé « Respect de la vie : Espagne 1-France 0 » de Jean-Marie Le Méné.
Le second, intitulé « Pour un véritable droit à l'IVG » de Barbara Pompili, députée Verte, favorable en outre à une réforme de la loi Veil qui supprimerait la notion de « détresse » jugée « trop culpabilisante ».
Je déduis nécessairement de ce qui précède, que le Figaro, journal de la droite traditionnelle et conservatrice, est plus pluraliste que la radio de service public astreinte à une obligation de neutralité.
Toujours, s'agissant de notre service public national de l'information, j'avoue ne pas encore avoir digéré ces images de France 2, filmant les cadres de Continental, la tête basse et mutiques, séquestrés par la CGT, à la manière d'otages humiliés. Pas davantage que le commentaire de la journaliste excusant d'avance les nervis syndicaux : « Ils savent que ce sont leurs derniers moyens de pression ». La différence entre cet empathique « ils savent » et un plus rigoureux « ils pensent », correspond exactement à la distance qui sépare le militant du journaliste.
L'Unesco, sur proposition du centre Simon Wiesenthal, avait prévu d'organiser une exposition sur le thème du lien tri-millénaire entre le peuple juif et sa terre. Après protestation des 23 pays arabes, la présidente de l'Unesco a décidé courageusement de renvoyer sine die l'événement culturel. Il est vrai que comme il n'y a pas de peuple juif et que la Palestine a toujours été arabe et musulmane, cette exposition relevait de la provocation.
Ceux qui prétendent que les Israéliens sont toujours en manque d'interlocuteurs ouverts ont vraiment l'esprit chagrin. Et les pays européens et leurs médias, épris de paix et de culture, ont bien raison de regarder ailleurs.