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17 mars 2015 2 17 /03 /mars /2015 11:27

Paru dans FIGAROVOX - lefigaro.fr http://www.lefigaro.fr/vox/
http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2015/03/16/31001-20150316ARTFIG00378-goldnadel-rue-helie-de-saint-marc-et-indignation-selective.php

Publié le 16/03/2015

Goldnadel: rue Hélie de Saint Marc et indignation sélective

FIGAROVOX/CHRONIQUE - Diabolisation du FN, campagne anti-racisme pour Christiane Taubira, polémique engendrée par la décision du maire de Béziers: Gilles-William Goldnadel regrette que soit laissé à la gauche le monopole de l'indignation.

Gilles- William Goldnadel est avocat et écrivain. Il est président de l'association France-Israël. Il tient une chronique hebdomadaire sur FigaroVox.

Ainsi, par décret gouvernemental, le diable est de retour. Il ne porte pas la barbe noire. Pas de risque de stigmatisation d'une certaine religion. Il n'est pas en Prada mais a les cheveux blonds.

Le vocabulaire religieux du Premier ministre en campagne trahit sa pensée. En revendiquant la «stigmatisation» du Front National, ce n'est pas sa disqualification par diabolisation qu'il recherche. Il sait bien aujourd'hui que cette quête est vouée à l'échec, à un moment où le discours moralisateur des «élites» en faillite, énerve plus qu'il n'impressionne. Aucune chance de prouver désormais le signe de la bête immonde sur une nuque bleu marine. Il escompte au contraire que le martyre du parti très à droite, crucifié publiquement, poussera une partie du peuple «de souche», stigmatisé par réflexe, à abandonner la droite affadie. Il n'est pas dit que ce calcul cynique soit forcément mauvais. Surtout, quand la droite parlementaire ne mène pas le combat qu'elle se devrait de mener.
Deux exemples suffiront.

Cette semaine, la campagne hystérique autour du racisme dont serait victime la garde des Sceaux s'est poursuivie. Pour la nourrir encore, l'exécutif présidentiel et gouvernemental n'a pas hésité à invoquer les déclarations d'une obscure élue municipale de droite de Juvisy-sur-Orge qui enjoignait vulgairement Mme Taubira de rentrer à Cayenne en faisant référence implicitement à son passé d'indépendantiste guyanaise. Il n'en fallu pas plus pour que le président de la République et le porte-parole du gouvernement expriment publiquement leur indignation encolérée.

L'auteur du présent article n'a jamais caché, et encore la semaine dernière, sa répulsion pour l'instrumentalisation dans la vie politique d'un racisme supposé, a fortiori lorsqu'il est infinitésimal. Mais si l'on doit vraiment se résoudre à vivre dans ce système pervers et dangereux, encore faut-il, ne serait-ce pour le neutraliser, qu'il soit équilibré.

Dans ce cadre obligé, la droite n'aurait fait que son travail en protestant contre les déclarations dénuées de toute ambiguïté de deux représentants de l'extrême gauche: l'un est le candidat du Front de Gauche pour le canton de Marseille, il s'en prend au pouvoir juif. L'autre, Bénédicte Bauret, est membre de la Ligue des Droits de l'Homme. Elle est élue de l'extrême gauche à Mantes. Convoquée par la police pour cause de boycott des produits israéliens, elle s'en est pris expressément «aux pharmaciens juifs» qui commercialiseraient des médicaments de la marque Teva, estampillés de l'étoile davidienne…
À un moment où l'on sait le Front de gauche fort chatouilleux sur le sujet, et la gauche socialiste toujours aussi sentencieuse, l'intelligence, la morale et l'intérêt politique commandaient à la droite de ne pas laisser le monopole de l'indignation à cette gauche indigne.

L'autre exemple est fourni par la polémique et les manifestations engendrées par la décision du maire de Béziers de rendre hommage à Hélie de Saint-Marc en lui dédiant le nom d'une rue de la cité, au lieu et place de l'ancienne dénomination du «18 mars 1962», date, on le sait, des accords d'Évian. Ici encore, l'extrême gauche est montée au front et le premier ministre de répudier «les nostalgiques de l'Algérie française». Cette chronique n'est pas consacrée à la légitimation de la décision de la municipalité biterroise. Je me contenterai donc de faire observer qu'il n'est pas illégitime de considérer effectivement que les accords d'Évian, largement foulés aux pieds, n'ont hélas pas signé la fin de la guerre d'Algérie.

Il est vrai que les deux mille musulmans harkis, chrétiens et juifs d'Oran, massacrés le 5 juillet 1962 ne sont plus là pour en témoigner. L'écrire n'est pas être nostalgique de l'Algérie française.
J'observerai encore que l'hommage rendu à Hélie de Saint-Marc, grand résistant, déporté, mutin de l'Algérie française mais réhabilité et décoré par l'ancien président de la République, n'a rien de répréhensible. Mais je ne demanderai pas à un Mr Poutou, de ce NPA qui participait à la manifestation de protestation de Béziers comme il participait aux manifestations interdites et antisémites pour Gaza de le comprendre.

Mon propos est ailleurs. Pourquoi laisser, ici encore, à la gauche indigne le monopole de l'indignation ? Dans mes dernières chroniques, je n'ai eu de cesse de rappeler que plusieurs municipalités communistes ayant fait citoyens d'honneur des terroristes condamnés leur ont dédié le nom d'une rue ou d'une allée. La droite n'a pas bougé.

Et qu'en est-il des nombreuses rues Lénine, grand massacreur sous le soleil trompeur de la révolution bolchevique ? Des rues Maurice Thorez, déserteur après le pacte germano-soviétique et stalinien de la première à la dernière heure ? Et tant qu'à mener la guerre des rues, que dire du choix délicat de Carnot, bourreau de la Vendée, pour la ville vendéenne de Challans ?
La rue n'est pas la propriété exclusive de la gauche ni de sa mémoire sélective. Le nom des rues, non plus.
La droite parlementaire n'est pas habilitée à se plaindre de la partialité médiatique sans avoir entrepris le combat culturel qu'elle n'a jamais voulu mener. Et il n'est de victoire politique à espérer sans bataille des esprits et des cœurs à livrer. Rue par rue.

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10 mars 2015 2 10 /03 /mars /2015 11:44

Paru dans FIGAROVOX - lefigaro.fr http://www.lefigaro.fr/vox/

http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2015/03/09/31003-20150309ARTFIG00353-damarnin-taubira-goldman-et-goldnadel.php

Publié le 09/03/2015

Damarnin, Taubira, Goldman et Goldnadel

FIGAROVOX/CHRONIQUE - Sortie de Gerald Damarnin sur Christiane Taubira, polémique autour du clip des Enfoirés, interdiction d'Eric Zemmour réclamée par Mazarine Pingeot: Gilles-William Goldnadel décrypte une semaine marquée par le retour de l'idéologie victimaire.

Gilles-William Goldnadel est avocat et écrivain. Il est président de l'association France-Israël. Il tient une chronique hebdomadaire sur FigaroVox.

Quand je vous disais que depuis le 11 janvier, c'est encore pire. L'esprit nouveau allait définitivement régler son compte au terrorisme intellectuel. Tu parles Charlie.

Qu'on en juge. Mme Mazarine Pingeot, dont j'avoue ne pas connaître les exacts mérites, réclame l'interdiction d'Eric Zemmour de la télévision française. Elle a malgré tout l'esprit libéral puisqu'elle n'exige pas le même traitement prophylactique à l'égard de Tarik Ramadan ou de Jean-Luc Mélenchon.

Mme Christiane Taubira s'est désormais attribué le titre de gardienne la plus soigneuse de sa propre icône. La critiquer est désormais constitutif de crime contre l'humanité. Gerald Darmanin, député de la république est donc un criminel. Il a osé qualifier notre garde des Sceaux de «tract en faveur du FN». Chacun sait en effet que le terme de tract est l'injure la plus offensante de la langue française. J'ignorais cependant qu'il avait une connotation raciste. Je suis reconnaissant à certains amis de la ministre de me l'avoir appris. Pour avoir osé donc oser cette métaphore de papier, Gerald Darmanin a été qualifié par la ministre offensée, entre autres amabilités, de «déchet de la pensée humaine».
Mon imagination est impuissante à décrire la réaction des associations antiracistes professionnelles si la présidente d'un parti politique située très à droite avait utilisé ce propos, littéralement, ordurier à l'endroit de l'imprécatrice irascible.

Mais trêve de badinage: l'obsession raciale de la gauche gauchisante atteint désormais des sommets. Au micro d'Europe 1, Henri Leclerc considère que la droite serait ignoble envers la ministre. Et mon confrère de se laisser aller à rappeler que pour avoir posté sur son site l'odieuse caricature simiesque de l'intéressée, une femme avait été condamnée à neuf mois de prison ferme par le tribunal de Cayenne. J'aurais naïvement pensé que l'ancien président de la Ligue des Droits de l'Homme aurait pris plutôt quelque distance avec la justice d'outre-mer quand elle est exceptionnellement excessive.

Pardon de voir les choses autrement. On a le droit de critiquer un homme ou une femme politique, même injustement, sans se voir opposer, sans aucun élément pertinent, un racisme introuvable. À défaut, prévaut ce terrorisme intellectuel dont le 11 janvier devait notamment nous délivrer.

Dans cet esprit, il y a des lustres, dans le magazine Tribune Juive, je reprochais à Lionel Jospin d'avoir senti dans la critique par Jacques Chirac de Robert Badinter, autre garde des Sceaux taxé de laxiste, et résidant «sous les lambris de son appartement rue Guynemer» des propos nauséabonds. Il arrive paradoxalement que la gauche ait l'odorat moins sensible quand cela sent incontestablement mauvais. C'est ainsi qu'elle n'avait pas cru devoir s'émouvoir lorsque Daniel Mermet, de la radio de service public, avait finement autorisé la diffusion d'une rubrique nécrologique imaginaire de Nicolas Sarkozy réputé «mort dans son bunker de Jérusalem».…

Pour en revenir à la garde des Sceaux, et pour dire les choses nettement, il ne faudrait pas que la caricature de Minute lui serve à jamais de bouclier et l'autorise à tous les excès. D'autres qu'elle ont connu le racisme stupide sans s'octroyer pour autant le droit permanent à l'injure publique. Pour le dire autrement, si Mme Taubira menait une toute autre politique pénale que celle que j'ai bien le droit de trouver calamiteuse, je la porterais au pinacle, mais simplement pour des raisons politiques.


Pour une simple ritournelle, Jean-Jacques Goldman a été relégué dans le camp réactionnaire. Il faut dire que dans notre société jeuniste, être accusé d'avoir critiqué ce qui est, par essence, beau, innocent, généreux et mutin, c'est assassiner Mozart, Gavroche et Guy Moquet. Tout le monde s'y est mis, de Jacques Attali à Marine Le Pen. Pourtant, la fille de Jean-Marie n'était pas la plus mal placée pour savoir les affres du moralisme vétilleux. L'occasion était sans doute trop belle pour ne pas se payer un milieu artistique rebelle par conformisme. Mais le pudique Goldman, ni modeux ni mondain, et encore moins donneur de leçons, était la plus mauvaise des cibles.

Quelqu'un pourrait-il dire à Jean-Jacques que se faire traiter de réac' par ces progressistes qui se sont appliqués à pourrir l'avenir de ceux qui arrivent est un très joli compliment ?

Pendant qu'on continuait dans le monde virtuel et nombriliste à ratiociner, pérorer, élucubrer sans fin sur des déclarations ou des paroles chantées, le pouvoir politique, sur le même fondement d'un moralisme antiraciste obsessionnel ou d'une victimisation fantasmée continuait à faire l'exact contraire de ce que les saignées de janvier lui imposaient.

L'idée d'un apartheid social et ethnique à l'origine des crimes islamistes a fini par être imposée de force dans les esprits captifs. Et tant pis si Kouachi, Kouachi et Coulibaly n'en étaient pas victimes. L'inoculation inepte et criminogène dans l'inconscient collectif d'une question noire et blanche, décidément permanente, avec son cortège inévitable de victimisation et de culpabilisation injustifiées entraîneront fatalement de nouveaux drames. La politique de mixité proclamée par un gouvernement sans moyens d'une France en faillite aurait peut-être son utilité si elle rencontrait la confiance de la population encore majoritaire. Pour cela, il faudrait la persuader qu'elle puisse jouir du droit à la sécurité et à l'identité auquel tout peuple aspire.

Mais on sait que la politique pénale de Madame Taubira annihile les efforts d'une police encore efficace mais condamnée à l'action stérile. Le Figaro du 6 mars décrivait ces citées de plus en plus nombreuses dans lesquelles les délinquants surarmés défient la loi. Je renvoie également à un article de Paul Gonzalez du même jour décrivant le désarroi des procureurs et magistrats devant les ratés de la chaîne judiciaire: «On préfère mettre un sursis avec mise à l'épreuve, mais rarement du ferme avec mandat de dépôt, même quand nous sommes face à des multirécidivistes. De toute façon, même quand les sections d'exécution des peines des parquets décident d'incarcérer, on se retrouve avec l'aménagement de la peine dans la foulée. La situation carcérale est telle que chacun estime que la prison n'est une place pour personne. Nous sommes dans un système schizophrène ou la peine n'a plus de sens.»
Quant à la protection du sentiment de se sentir encore chez soi ou de se protéger contre les menées de l'islamisme conquérant, la question de l'immigration incontrôlée n'est même pas abordée. Les Français sont sommés de subir une politique de peuplement intérieur pendant que le gouvernement reste taisant sur toute politique de peuplement qui protégerait les frontières de l'Europe et du pays.

Le même Figaro, du 4 mars, était contraint de titrer à la une sur «l'explosion» de l'immigration illégale en Europe: en un an, les entrées clandestines ont bondi de 153%, soit 230 000 illégaux de plus. Silence dans les rangs gouvernementaux par ailleurs si bavards. En revanche, une chaîne de service public comme ARTE, soirée après soirée, culpabilise les Européens «égoïstes» en raison d'une guerre qui leur est étrangère opposant la radicalité arabe à la radicalité islamique. Il ne vient à l'idée de personne que les émirats désertiques et prospères pourraient prioritairement accueillir ces populations malheureuses avec lesquelles tout les lie, de la langue à la religion.

Lorsque certains Français désespérés se rencontrent, ils confient à mi-voix que «c'est foutu»… Pour les faire mentir, il faudrait commencer par leur parler vrai.

 

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5 mars 2015 4 05 /03 /mars /2015 12:18

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ACTUALITE JUIVE - N° 1335  – Jeudi 5 mars 2015

 

Toute vérité est bonne à dire

  Le mois qui vient de s'écouler a donné l'occasion à l'esprit médiatique français de ne s'en prendre qu’à deux déclarations publiques: celle du premier ministre Israélien et celle du président du CRIF. Ceux qui pensent qu'il s'agit d'un hasard sont, dans le meilleur des cas, bien candides.
 
Jamais Benjamin Netanyahou n'a enjoint les juifs d'Europe d'émigrer en Israël. Il leur a seulement indiqué qu'Israël est prêt à les accueillir. Il n’a fait en cela que répéter l'adresse de Ben Gourion ou d'Ariel Sharon avant lui. Israël est un État refuge. Ne doit-il servir que par temps calme ?
 
Le fait qu’aucun responsable communautaire français, sous le déluge des critiques ineptes de l’anti-israélisme systématique, n’a eu le courage de le remercier pour cette invitation alors que tous ont remercié pour les condoléances faciles qu'ils reçoivent en dit long sur leur résolution.
 
En ce qui concerne le président de l'organe représentatif des juifs de France, j'ai cru devoir prendre publiquement sa défense dans la tempête. Pour avoir énoncé deux affligeantes évidences, celui-ci a reçu une injuste volée de bois vert. Cette défense ne m'empêchera ici de dire mes vérités.
 
Oui, Marine Le Pen ne peut se voir reprocher, au rebours de son père, aucune déclaration antisémite. On doit lui donner acte de sa reconnaissance des horreurs de la Shoah. Ceux qui ne le font pas et qui, par paradoxe pervers, considèrent que cette attitude rendrait le Front National plus dangereux encore se conduisent en nostalgiques de l'extrême-droite d'hier.

 Le Front National demeure un parti extrémiste qui comprend en son sein des individus peu recommandables. Mais ce parti n'a pas le monopole de l'extrémisme et ne véhicule pas la haine d'Israël comme le font les partis de l'extrême gauche française. À un moment où tous s'accordent enfin à reconnaître que la haine d'Israël est le moteur moderne de l'antisémitisme assassin, ne pas inviter le FN au dîner annuel du CRIF mais continuer d'inviter le PCF qui fait citoyens d'honneur de ses villes des terroristes assassins de juifs ou les Verts dont certains membres se rendent à des manifestations où l'on brandit les étendards du Hamas et du Hezbollah et qu’on crie « mort aux juifs ! » constitue une légitimation de l'extrême-gauche irresponsable. Le faire au lendemain des tueries provoquées par l'islamo-gauchisme est invraisemblable.

Oui, ceux qui assassinent les juifs de France sont des jeunes musulmans.Tous. Le fait qu'ils fassent partie de l'islam radical  minoritaire ne leur ôte pas leur identité religieuse. Le président du CRIF n’a fait que constater la triste évidence. Dommage que le lendemain, sur le perron de l'Élysée, il se soit senti dans l'obligation de proclamer que « juifs et musulmans étaient victimes du racisme ».
 
On ne se fait pas pardonner une vérité par un demi-mensonge.
Le racisme assassin dont sont victimes les juifs est sans commune mesure avec l’islamophobie, qui, au demeurant est d'une tout autre nature. On ne massacre pas les musulmans dans les écoles ou les supermarchés. Et le racisme qui frappe les uns émane précisément d’une partie des autres.
 
Dans la tempête médiatique injuste, celui qui se veut capitaine se doit de tenir la barre fermement.
A fortiori lorsque le mauvais vent mauvais souffle sur le navire.

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2 mars 2015 1 02 /03 /mars /2015 13:25

Paru dans FIGAROVOX - lefigaro.fr http://www.lefigaro.fr/vox/

http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2015/03/02/31003-20150302ARTFIG00116-gilles-william-goldnadel-antisemitisme-et-islamophobie-ne-sont-pas-comparables.php

Publié le 02/03/2015

Gilles-William Goldnadel: Antisémitisme et islamophobie ne sont pas comparables

FIGAROVOX/CHRONIQUE - Le président du CRIF a déclaré que «juifs et musulmans étaient ensemble victimes du racisme» lors de sa «réconciliation » avec le recteur de la Grande Mosquée de Paris à l'Elysée la semaine dernière. Gilles-William Goldnadel dénonce une dangereuse contrevérité.

 

Gilles- William Goldnadel est avocat et écrivain. Il est président de l'association France-Israël. Il tient une chronique hebdomadaire sur FigaroVox.

 

C'était sûr. Promis, craché. Rien ne serait plus jamais comme avant. Le 12 janvier au matin, les nuées pestilentielles de la haine, de l'intolérance, et du terrorisme intellectuel seraient emportées par un ouragan nommé Charlie. Certains, très peu nombreux, demeuraient fort sceptiques.

Contre le vent qui soufflait, ils prophétisaient sans plaisir qu'il était douteux qu'un happening satisfait, un festival du consensus mou allant jusqu'à refuser de détester la haine et encore moins de la nommer, une escroquerie émotionnelle aux sentiments, ne fassent autre chose que bien rire les méchants. Ces mauvais prophètes maudissaient le roi et plus encore ses puissants opposants de ne pas avoir saisi l'occasion du malheur pour se libérer des fers que la religion de la préférence pour l'Autre avait posés sur les sujets de France.

La semaine dernière, dans ces mêmes colonnes, je disais que le seul scandale provoqué par les évidences affligeantes prononcées par le représentant censé représenter les juifs français résidait précisément dans le fait qu'elles aient pu faire scandale. Mais un autre habite dans le fait que les déclarations du même, le lendemain, n'aient déclenché, au rebours, aucun commentaire.

Le président du CRIF s'est en effet rendu à l'Élysée, comme d'autres à Canossa, pour se réconcilier, sous égide présidentielle, avec le très estimable président Boubakeur qui avait cru devoir se sentir insulté par le lieu commun, la banalité, l'observation ingrate de l'identité religieuse des assassins de juifs. Bref, en la circonstance, c'étaient les musulmans qui faisaient figure d'offensés.

On revoyait ainsi se dérouler au même endroit, la même scène qui avait été jouée au lendemain du massacre de Toulouse, et où les acteurs de l'époque avaient lourdement insisté sur le «pas d'amalgame !». Quelques jours après, le Grand-Rabbin de France avait regretté , mais un peu tard, la centralité de cette thématique qui masquait la réalité des responsabilités respectives. Cette fois-ci, le président du CRIF s'est senti obligé de déclarer publiquement que «juifs et musulmans sont ensemble victimes du racisme»… Je comprends bien, et je la souhaite autant qu'un autre, la nécessité de bonnes relations entre les enfants d'Israël et ceux d'Ismaël. Mais pas au prix d'un mensonge au moins par omission pour se faire pardonner une dure vérité.

Il n'existe aucune équivalence actuelle entre la souffrance juive et la souffrance musulmane. Les renvoyer dos à dos est une offense dangereuse à la cruelle vérité. Que le représentant du CRIF m'oblige à m'imposer, au nom de la vérité due aux victimes de la haine islamiste, cet exercice ingrat qui sera considéré par certains comme constitutif de concurrence victimaire, m'afflige.

Énoncer dans une même phrase que juifs et musulmans seraient victimes du même racisme donne à penser que, comme toujours, les racistes sont les non-juifs et les non-musulmans. Pour un peu les éternels franchouillards… Or dans la tragique circonstance actuelle, les tourmenteurs de juifs se recrutent au sein de l'islam radical.

Laisser également à penser qu'antisémitisme et islamophobie seraient les deux revers d'une même médaille ensanglantée relève de la dangereuse contrevérité. Comme l'a encore écrit mon cher Pierre-André Taguieff dans ces mêmes colonnes «la symétrie entre islamophobie et judéophobie relève de l'escroquerie intellectuelle et morale.» «Point de musulmans assassinés en France parce que musulmans, point d'enfants musulmans tués en tant que musulmans. Point non plus en France, même après les tueries de janvier 2015, de manifestations islamophobes violentes avec des slogans comme «mort aux musulmans !» ou «musulmans assassins !». Ni même avec un slogan du type «musulman, casse-toi: la France n'est pas à toi!». Dieu merci.

J'ai défendu ici-même le droit et même le devoir qu'avait le président de l'instance représentative des juifs de France de dire la vérité sans faillir. Dans la tempête médiatique s'il le faut. Ce n'était pas la peine de s'y risquer sans savoir tenir fermement la barre. Mais je sais aussi d'où souffle le mauvais vent qui gonfle la tempête. Si les choses ont changé depuis le 11 janvier, ce n'est pas en mieux.

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24 février 2015 2 24 /02 /février /2015 17:49

Paru dans Figarovox /http://www.lefigaro.fr/vox

Le 24 février 2015

http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2015/02/24/31003-20150224ARTFIG00074-goldnadel-le-scandale-est-que-les-propos-de-cukierman-fassent-encore-scandale.php

Goldnadel: Le scandale est que les propos de Cukierman fassent encore scandale !

FIGAROVOX/ENTRETIEN- L'avocat Gilles-William Goldnadel réagit aux polémiques provoquées par les déclarations de Roger Cukierman sur le Front National et les musulmans. Il revient sur le dîner du Crif.

Gilles-William Goldnadel est avocat et écrivain. Il est secrétaire national à l'UMP chargé des médias. Il préside par ailleurs l'Association France-Israël. Toutes les semaines, il décrypte l'actualité pour FigaroVox

Le diner du Crif a provoqué une sérieuse polémique entre Roger Cukierman et le CFCM. M. Boubakeur a-t-il eu raison de ne pas se rendre au dîner ? Roger Cukierman a-t-il eu tort de pointer du doigt les musulmans ?
Il me semble que Roger Cukierman avait pris la précaution de préciser que les jeunes musulmans visés étaient ultra minoritaires. Dès l'instant ou il n'a fait que dire une triste évidence - tous les islamistes étant musulmans - et dans les circonstances actuelles, la décision de M. Boubakeur est déplorable et étonnante venant d'une personnalité aussi respectable.
En ce qui concerne l'antisémitisme Marine Le Pen est elle selon vous «irréprochable» comme l'a dit Roger Cukierman ?
Je vis ce qui s'est passé hier comme une régression intellectuelle et politique surréaliste après une saignée de janvier qui a montre dramatiquement ce que je dis depuis des lustres: la violence anti-juive est le produit de l'islamo-gauchisme. La détestation d'Israël (comme l'a reconnu enfin Hollande hier) est son moteur moderne. L'antisémitisme issu de l'extrême droite, pour exister encore, est subalterne. Ce qui est scandaleux, c'est que les propos de Roger Cukierman fassent encore scandale: cela prouve la force de frappe de l'idéologie gauchisante: depuis qu'elle est présidente du FN, Marine Le Pen n'a fait effectivement aucune déclaration anti juive qu'on puisse lui reprocher. Au rebours de son père, elle est sortie définitivement de l'ambiguïté a l'égard de la réalité et des horreurs de la Shoah. Ne pas en prendre acte c'est se montrer, en creux , nostalgique de l'extrême droite d'antan et des petits frissons shoatiques. En ce qui concerne le FN, en revanche, celui-ci n'a pas achevé son aggiornamento. Il conserve en son sein des personnalités notoirement antisémites ou proches du Hezbollah. Il doit choisir.

François Bayrou refuse de s'y rendre, le FN n'y est jamais invité, Nicolas Sarkozy y est resté une demi heure... Ce qui devait être un dîner de rassemblement n'est-il pas devenu un rendez vous politicien et même polémique ?
Je ne me rends plus aux dîners du CRIF depuis trois ans. Celui-ci paie a présent son tribut au politiquement correct et au fait d'avoir choisi de faire, à chaque fois, un pas en avant, un pas en arrière. J'exhorte depuis trop longtemps la communauté organisée à sortir de son hémiplégie morale et politique. Il est littéralement insensé après tout ce qui c'est passé, que le Parti Communiste (dont de nombreuses municipalités ont fait citoyens d'honneur des terroristes tueurs de juifs) et les Verts (dont certains membres ont participé aux manifestations sur Gaza qui ont viré a la haine et aux exactions anti juives) soient invités et pas le FN ! J'ai toujours dit à Roger Cukierman: «Ou tous les extrêmes, ou aucun !»... Quand on est incohérent et louvoyant, on le paye. La facture est arrivée.

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24 février 2015 2 24 /02 /février /2015 17:33

Paru dans Figarovox /http://www.lefigaro.fr/vox

le 23 février 2015


http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2015/02/23/31003-20150223ARTFIG00146-goldnadel-la-seule-cause-nationale-lutter-contre-l-ideologie-de-la-connerie.php

Goldnadel: «La seule cause nationale: Lutter contre l'idéologie de la connerie !»

FIGAROVOX/CHRONIQUE - Contre toute attente, le principal profanateur du cimetière juif de Sarre-Union est un antifasciste revendiqué. L'occasion pour Gilles-William Goldnadel de constater l'échec de l' «antiracisme professionnel».

Gilles-William Goldnadel est avocat et écrivain. Il est secrétaire national à l'UMP chargé des médias. Il préside par ailleurs l'Association France-Israël. Toutes les semaines, il décrypte l'actualité pour FigaroVox


Misère de la gauche antiraciste. On ne peut pas dire qu'elle ait fait des merveilles pour éradiquer le mal. Depuis que SOS-Racisme a vu le jour, la haine raciale ne s'est jamais aussi bien portée et n'a jamais été aussi violente. À croire qu'ils ont eu raison, les linguistes psychologues qui ont fait observer que l'intitulé de l'organisation politisée signifiait qu'elle se proposait de secourir l'objet prétendu de sa détestation. Mais foin de philologie appliquée.

Un peu d'actualité. Encore raté: contrairement aux prévisions pleines d'espérance d'un député socialiste, le profanateur en chef du cimetière juif de Sarre-Union n'était pas membre du Front National, mais était au contraire un antifasciste revendiqué et détestait viscéralement le parti lepéniste.

Je sais, c'est difficile, mais c'est ainsi: les résistants de la 25ème heure entonnant le chant des partisans, les islamo-gauchistes à keffieh font des antisémites beaucoup plus sérieux, et surtout infiniment plus violents, que les héritiers en extrême droite ligne de Pierre Poujade.
En ce qui me concerne et depuis fort longtemps, lorsque j'entends quelqu'un me dire "je suis militant antiraciste", je cours me réfugier vers l'abri le plus proche. Ces gens-là ne peuvent imaginer qu'un blanc puisse vraiment souffrir ou un musulman avoir vraiment tort. Il est vrai que ces gens-là ont plus de préjugés que d'imagination.
Après cela, que les organisations antiracistes puissent être toujours à la manoeuvre les lendemains des tragédies sanglantes à organiser le défilé des pleureuses professionnelles, elles qui auront favorisé par leurs petits calculs et leurs grandes théories les tragédies, en dit long sur l'impudence et la folie du temps.

Autre actualité, toute aussi cruelle: M. Mélenchon a menacé de ses foudres judiciaires le distingué Dominique Régnier. Le sourcilleux président du front de gauche n'a pas en effet supporté que le politologue puisse affirmer, au micro de France Inter et sondages à l'appui, que ses électeurs fassent partie des plus antisémites du paysage politique. Bien lui en a pris d'ailleurs: À peine avait-il vu rouge que l'aimable radio de service public lui accordait un droit de réponse que ni le droit ni l'usage ne lui imposaient.

Sur le fond, je conseillerais à l'impétueux imprécateur de brider ses ardeurs judiciaires. Depuis Jules Guesde, il est acquis au débat politique que l'extrême gauche socialiste n'a jamais souhaité désespérer un «lumpenprolétariat» bouffeur de juifs, de curés et de bourgeois. Dreyfus comme Israël sont coupables d'être militaires et patriotes. Quant à M. Mélenchon, je ne sais s'il est antisémite, et à dire le vrai, je m'en moque. Dans la hiérarchie de l'horreur dangereuse, je place bien plus haut le carriérisme cynique ou le populisme démagogique. Après tout, le radical-socialiste Bousquet aura commis plus de tragiques dégats que le monarchiste Xavier Vallat.
Ce que je sais, c'est que le patron du Front de gauche aura beaucoup joué avec le feu en décrivant un Moscovici «incapable de penser français mais pensant finance internationale», en pleurant toute les larmes de son corps devant la dépouille embaumée d'un dictateur vénézuélien antisémite ou en demeurant inhabituellement placide à l'égard d'un terrorisme islamiste qu'il ne veut pas nommer. Je souhaite donc la modestie et le calme à M. Mélenchon.

Que reste-t-il des grandes envolées lyriques du lendemain de l'arrivée de Syriza sur l'Acropole ? Après la rixe mortelle entre nazillons bruns et nazillons rouges ? Et de l'esprit fumeux du 11 janvier ? Autant d'escroqueries morales orchestrées par la gauche futile. Autant d'occasions ratées par la droite inutile de renverser la table islamo-gauchiste. Restent aujourd'hui le gâchis et demain la suite de la tragédie.

PS: toujours aucune nouvelle de Mme Taubira, un mois après que je lui ai demandé, en ma qualité de président d'Avocats Sans Frontières, de saisir son parquet pour apologie de la violence à l'encontre des maires des nombreuses municipalités communistes qui ont fait citoyen d'honneur de leur ville des terroristes condamnés par les justices française ou israélienne. Il est vrai que le gouvernement et de nombreux médias préfèrent s'en prendre au maire de Béziers pour avoir exhibé photographiquement l'arme qui équipera sa police municipale. C'est beaucoup plus utile contre la terreur.


PPS: il est également vrai que la garde des Sceaux était occupée à ordonner à son parquet d'interjeter appel à l'encontre de la décision du magistrat instructeur refusant son non-lieu à la présidente du Syndicat de la Magistrature dans l'affaire du mur des cons.
Lutter contre l'idéologie de la connerie, voilà la seule cause nationale.

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17 février 2015 2 17 /02 /février /2015 18:18

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Juifs de France, Netanyahu, Valls: Une polémique inutile

Publié le 17/02/2015




FIGAROVOX/CHRONIQUE - Après les propos de Benjamin Netanyahu qui a appelé les Juifs d'Europe à s'installer en Israël, Manuel Valls a vivement réagi. Pour Gilles-William Goldnadel, les deux premiers ministres sont dans leur rôle.
 
Gilles-William Goldnadel est avocat et écrivain. Il est secrétaire national à l'UMP chargé des médias. Il préside par ailleurs l'Association France-Israël. Toutes les semaines, il décrypte l'actualité pour FigaroVox.
 
En cette triste période où chaque mot est compté, le pouvoir français aurait pu faire l'économie d'une polémique gratuite et surréaliste avec le premier ministre de l'État d'Israël.
Qu'a donc déclaré ce dernier pour justifier l'ire publique des président de la république et premier ministre français: «Nous disons aux juifs, à nos frères et à nos soeurs: Israël est votre maison. Nous nous préparons et nous appelons à l'absorption d'une immigration massive d'Europe.»

Aucune injonction, seulement une invitation. Aucune critique de la manière avec laquelle les pays européens frappés par les crimes antisémites ont agi. À commencer par celle de la France. Chacun a joué la partition que ses obligations historiques lui imposaient.
Manuel Valls a dit et bien dit une nouvelle fois que les juifs de France étaient chez eux dans leur pays qui les aimait. Quant à Benjamin Netanyahu, à l'instar de tous les présidents du Conseil qui l'ont précédé, celui-ci a rappelé qu'Israël avait pour vocation d'accueillir en son sein tous les Juifs en danger de par le monde.
Si la notion d'État-refuge a un sens et une utilité, c'est de pouvoir servir par mauvais temps. Feindre d'ignorer cela, c'est contester la légitimité du sionisme politique.

Nul ne conteste la liberté des juifs en danger de choisir l'option qui s'offre à eux dans les temps terribles qu'ils rencontrent. Un juif français est parfaitement dans son droit de décider de demeurer coûte que coûte dans le pays qui est le sien depuis des temps immémoriaux. Mais nul ne devrait à sa place, au nom d'un courage facile par procuration, lui imposer ce choix.
Le premier ministre Israélien a dit encore «qu'Israël accueillera les juifs à bras ouverts». Aurait-on préféré que les bras restent fermés ? Imagine-t-on dans quel état psychologique se trouveraient de nombreux juifs en France, en ce compris cette immense majorité qui demeure déterminée pour l'heure à s'accrocher à cette terre de France qu'ils vénèrent, s'il n'existait pas quand même, au tréfonds de leur conscience, cette possibilité extrême d'un asile protecteur ?

C'est méconnaître aussi l'état d'esprit d'un peuple tourmenté par les fantasmes et les réalités de l'Histoire tragique que de les priver de cette extrémité si proche à leurs coeurs chavirés. Cette polémique est tellement stérile qu'elle en devient suspecte.
Il n'est pas si courant que les propos d'un responsable politique étranger soient contestés en place publique. Et s'il fallait le faire, ceux de ce ministre des affaires étrangères turc quittant à peine Paris et la manifestation du 11 janvier et qualifiant l'État juif d'État barbare nazi aurait pu faire l'affaire. Au lieu cela, ce fut le premier ministre d'Israël qui fut la tête de turc, commode et inutile.
Dans cette sortie étrange, le premier ministre français peut compter sur quelques juifs de Cour socialistes et complaisants. Lourde tradition historique que celle de vouloir complaire à certains médias et au pouvoir en place. La même qui les conduisit dans la mi-temps des années 80 à accompagner niaisement un immigrationnisme irresponsable dont les juifs sont aujourd'hui les premières victimes au milieu de tous les Français désespérés.

J'ignore pour quelle raison profonde un homme de la valeur de Manuel Valls s'est laissé aller à cette facilité. Comme si, dans ces temps chaotiques, il décidait, pour le meilleur et pour le pire, d'aller d'abord à hue et ensuite à dia, en s'inspirant des zig et des zag du locataire de l'Élysée. Un jour, avec un rare courage, il ose les termes défendus de l'islamisme radical puis de l'islamo-fascisme. Le lendemain, il emploie le concept inepte et dévastateur pour l'esprit public «d'apartheid», convoquant ainsi dans les tréfonds de l'inconscient collectif les questions noires et blanches avec la culpabilisation manichéenne qui les accompagne. Dans ce contexte acrobatique et madré, taper un peu, fusse injustement, sur un responsable de l'État d'Israël peut aider à rendre la potion anti-islamiste un peu moins amère.

Mais les temps de la petite politique sont révolus. Le discours compassionnel ou les condoléances présentées avec une indéniable sincérité à la communauté juive vont trouver bientôt leurs limites. Et les Français vont se lasser de voir leur président inaugurer les chrysanthèmes.
Le Premier ministre a déclaré récemment que les Français devaient s'habituer aux attentats qui viennent. Je doute cependant que les Juifs français, premières cibles de la terreur islamiste, acceptent de s'habituer. La liberté, comme le déclarait Winston Churchill, n'est jamais gratuite, elle a un prix.
La réponse sécuritaire du gouvernement français est admirable en ce qui concerne sa police. Elle est lamentable en ce qui concerne sa justice. Toujours le hue et le dia.

Un seul exemple: J'indiquais dans un article récent que j'avais, en ma qualité de président d'Avocats Sans Frontières, attiré l'attention de Mme Taubira sur l'inaction de son parquet à l'encontre des municipalités communistes (Valenton, Aubervilliers, Avion etc.) qui avaient fait citoyen d'honneur de leur communes des terroristes condamnés soit par la justice française, soit par la justice israélienne. Ceci constitue le délit d'apologie de la violence. À ce jour, je n'ai été honoré d'aucune réponse. Plus d'un mois après les saignées de janvier…

La liberté a un prix, fût-il électoral.
Dans une chronique précédente, je rappelais le discours courageux de Mme Merkel: «Il n'est plus possible de tolérer qu'on s'en prenne à un juif parce qu'il est juif ou parce qu'il aime Israël».
Chaque mot compte et chaque mot devrait être compté.

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16 février 2015 1 16 /02 /février /2015 13:59

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http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2015/02/16/31003-20150216ARTFIG00151-copenhague-serait-on-enfin-en-train-d-ouvrir-les-yeux-sur-l-islamo-facisme.php

Copenhague: Serait-on enfin en train d'ouvrir les yeux sur l'«islamo-facisme» ?

Publié le 16/02/2015


FIGAROVOX/CHRONIQUE - Après les attentats qui ont frappé le Danemark, Gilles-William Goldnadel remarque que certains politiques mais aussi intellectuels et éditorialistes commencent à ouvrir les yeux sur la réalité de l'islam radical.
 
Gilles-William Goldnadel est avocat et écrivain. Il est secrétaire national à l'UMP chargé des médias. Il préside par ailleurs l'Association France-Israël. Toutes les semaines, il décrypte l'actualité pour FigaroVox.
 
Le mal court. La ségrégation s'étend. J'ignorais que les Danois si paisibles avaient, eux aussi, institué un régime d'apartheid social et ethnique qui faisait obligation à ses victimes d'assassiner des iconoclastes, des policiers, et évidemment des juifs. Mais cessons de faire du mauvais esprit du 14 février. D'ailleurs, en dépit de la culture de l'excuse institutionnalisée au plus haut niveau de l'État, certains esprits d'escalier commencent enfin à descendre les degrés qui mènent à la dure réalité.

C'est ainsi que Laurent Joffrin reconnaissait (Libération 9 février) que «les questions d'immigration et d'islam sont bien au cœur du malaise français». Ceux qui disaient la même chose bien avant lui, étaient incontinent épinglés dans son journal ou sur le mur des cons du Syndicat de l'intelligence et du bon goût français. Michel Onfray, qui vient de loin, expliquait il y a peu que l'extrême gauche est tellement islamophile qu'elle en est devenue antisémite.

Plus audacieux encore, Houellebecq dans la livraison du Point de cette semaine peut impunément déclarer: «l'extrême gauche a désigné Israël comme ennemi: des gens comme Besancenot ou Plenel, ont développé cette construction aberrante qu'est l'islamo-gauchisme. On connaît les coupables» sans être convoqué séance tenante pour crime de lèse-majesté anti-trotskiste.
Dire qu'il y a quelques mois seulement, le même Plenel avait pris la plume pour écrire «Pour les musulmans», dédié à Edgar Morin, rien que pour reprocher à Finkielkraut d'avoir osé suggérer «qu'il existait un problème de l'islam en France». Il y peignait les mahométans en nouveaux juifs victimes. D'évidence, il ne déclencha pas la même bronca que «Soumission». Un peu avant, Edgar Morin, marrane autoproclamé et icône de la gauche, écrivait avec Tariq Ramadan, icône des islamistes, un livre à quatre mains harmonieusement consensuel qui ne gêna ni n'offusqua personne.
C'était il y a un an, autant écrire un siècle.

Mais ne rêvons pas. Ces degrés descendus vers la réalité dérangeante, nos esprits si légers sont capables de les regrimper vers le paradis du confort intellectuel et de l'esthétique morale dans lequel ils vivent mollement depuis des lustres, enivrés par les vapeurs de l'opium xénophile vaporisé dans tous les salons. Plutôt que le fameux «it is the economy, stupid» de James Carville, je proposerais plutôt «c'est l'idéologie, ballot» pour expliquer cette folie de notre temps d'occident, au sens clinique du terme.
Pour prendre un exemple dans un domaine moins éloigné qu'il n'y paraît, Dominique Strauss-Kahn et le Carlton feront l'affaire. Au moment où j'écris ces lignes, les chroniqueurs judiciaires les plus distingués, ceux du matin comme ceux du soir, s'accordent à reconnaître que l'ancien président du FMI court vers sa relaxe, tant l'instruction menée à charge contre lui s'écroule piteusement. Pour quelles raisons alors écrivais-je, assez seul, le 14 novembre 2011 que «la bouffonnerie graveleuse du Carlton de Lille, où il s'écrit ici et là, qu'ayant bénéficié, de par son prestige, des improbables charmes de dames tarifées, il (DSK) se serait rendu coupable de recel d'abus de biens sociaux, et pourquoi pas de complicité de proxénétisme» fera long feu ? (Atlantico) Pas en raison de dons divinatoires particuliers.

Encore moins par sympathie pour l'intéressé avec lequels j'entretenais de mauvais rapports et au sujet duquel j'écrivais dans le même article: «Je ne suis pas loin de penser que, de même que le psychorigide Alfred Dreyfus aurait fait un excellent antidreyfusard, l'ancien patron du FMI, à l'instar de ses amis politiques qui hurlaient au complot, aurait pris le parti de la femme de chambre (de Manhattan) pour peu que son violeur putatif ait été un conservateur bon teint».
Simplement parce que le dernier des juristes et le premier homme de bonne foi venus pouvaient comprendre, à l'énoncé seulement des faits, qu'ils ne pouvaient être constitutifs du délit infamant de proxénétisme. Pourquoi alors des juges d'instruction, en dépit de la demande de relaxe du parquet lillois, ont-ils décidé d'imposer à un homme l'humiliation du déballage public et inutile de sa sexualité ?

En raison de leur méconnaissance de profonde de la vie ? De leur ignorance de ce que le pouvoir, la notoriété, l'intelligence peuvent constituer un puissant aphrodisiaque chez certaines femmes ? Que d'autres peuvent même apprécier des rapports sexuels brutaux ? Et que donc un homme qui en est coutumier peut s'estimer légitimement désiré ? Pas seulement.
Pour faire le procès de la prostitution ? De la violence faite aux femmes ? De la sexualité vulgaire et débridée ? Pas seulement.
Pas dans notre société schizophrène, permissive ou pudibonde à la tête du client: je suis tombé un soir à 23h sur la chaîne de service public Arte, non cryptée, sur un film américain montrant avec précision un homme en érection en sodomisant un autre. Après quoi un troisième, manifestement contorsionniste, pratiquait très acrobatiquement une auto-fellation. On pouvait voir distinctement le liquide séminal s'écouler lentement de son sexe à sa bouche entrouverte. Il est vrai qu'il s'agissait d'un film progressiste et homophile.

Pas dans notre société, féministe certes, mais dans laquelle on peut voir en boucle sur les chaînes musicales destinées à la jeunesse, des rappeurs musclés et machistes traiter les femmes avenantes comme de la marchandise à consommer sans trop de modération.

La clé de compréhension d'une procédure inepte est contenue dans deux sombres déclarations éclairantes:
- Celle de l'un des avocats américains de Nassifatou Dialo, appelé au secours de la procédure lilloise: «Comment DSK pouvait-il s'imaginer, à son âge et avec son physique qu'il pouvait plaire à ces jeunes femmes ?»

- Et surtout celle de ce responsable écologique: «La prostitution est faite pour servir les mâles blancs, vieux et gras».

L'idéologie, ballot.

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9 février 2015 1 09 /02 /février /2015 15:44

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http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2015/02/09/31003-20150209ARTFIG00175-le-requisitoire-de-goldnadel-esprit-du-11-janvier-es-tu-la.php

Le réquisitoire de Goldnadel: «Esprit du 11 janvier, es-tu là ?»


Publié le 09/02/2015

FIGAROVOX/CHRONIQUE - Après la législatives partielles dans le Doubs et les débats autour du front républicain, Gilles-William Goldnadel dénonce l'instrumentalisation politique de l'»esprit du 11 janvier».
 
Gilles-William Goldnadel est avocat et écrivain. Il est secrétaire national à l'UMP chargé des médias. Il préside par ailleurs l'Association France-Israël. Toutes les semaines, il décrypte l'actualité pour FigaroVox.
 
 
Esprit du 11 janvier, es-tu là ? À ce degré de vacuité, faut-il faire tourner la table ou bien la renverser ? Le président Charlie Hollande aura réussi l'exploit d'égaler, par le souffle du vide, l'exploit planétaire de l'auteur d'«indignez-vous !». La recette du soufflet gagnant est la même: surtout aucune idée, un slogan rebelle, et un prêchi-prêcha progressiste n'ayant rien à craindre d'un univers médiatique pavlovien, dénué de sens critique.
 
Le président Charlie s'est bien gardé d'utiliser les mots qui fâchent les cerbères bien dressés et les font aboyer dès qu'ils sont prononcés: «islam radical», «immigration incontrôlée», «intégration ratée». Bien au rebours, il a employé magiquement ceux qui les font incontinent saliver: «vivre ensemble», «ségrégation», ou les a caressés dans le sens du poil avec des promesses creuses qui ne coûtent pas cher dès lors qu'elles ne sont pas mises en oeuvre: «laïcité», «éducation», «service civique».

Ainsi que je l'ai écrit ici avec consternation, le Premier ministre, ordinairement bien inspiré, n'a pas eu le bon esprit de se taire lorsqu'il a prononcé l'injure d'«apartheid» dans le gouffre sans fond duquel tous les revenants de l'idéologie de l'excuse - un temps dissimulés dans la nuit de la honte - se sont précipités en hululant de plaisir. La tragédie française toute entière repose sur son intrigue surréaliste: les médecins prescripteurs devenus fous sont les empoisonneurs.

Comment ne pas entendre dans les déclarations de Coulibaly - le second - déclarant «sa haine de la France, de la police, de l'armée et des juifs» le discours d'un islamo-gauchisme ayant toujours bénéficié de l'indulgence publique. Car les djihadistes à la française ne sont pas des barbus d'importation: ils sont nés dans les laboratoires de l'Occident masochiste, dans les éprouvettes desquels on a versé le bacille de la rage islamiste.

Il est désormais gravé dans le marbre républicain que pour éradiquer moralement le terrorisme, il convient d'imposer aux français ségrégationnistes - victimes décrétées coupables - un vivre ensemble obligatoire, dont la sécurité est garantie par Mme Taubira et une «politique de peuplement» qu'on ne se propose pas d'appliquer d'abord aux frontières de la France.
Cet esprit-là est un esprit faux, raison pourquoi sans doute il alimente désormais le pathos médiatique des grandes chaînes nationales. Alors même que la bataille des idées avait été gagnée, à constater les succès d'édition d'un Finkielkraut, d'un Zemmour ou d'un Houellebecq, alors que l'horrible réalité venait de donner le coup de disgrâce définitif à la théologie multiculturaliste, il aura suffi d'un mot suivi d'un concept culpabilisant pour précipiter à nouveau le pays virtuel dans la régression intellectuelle. Par quelle noire magie ? L'explication contenue dans le dernier livre de Laurent Obertone d'un Big Brother médiatique idéologisé qui joue sur l'émotion sélective et abolit toute réflexion, s'en trouve renforcée. Le succès de ce livre qui avance en dépit de l'omerta qui le frappe en constitue la preuve surabondante.

L'esprit du 11 janvier, s'il existe chez les politiciens, est un esprit de corps. La droite française, plutôt que de faire le procès des ravages de l'islamo-gauchisme, aura préféré se réfugier mollement dans un consensualisme de circonstances. Plutôt que d'être obsédée par les massacres de janvier, elle aura préféré se recentrer sur un improbable deuxième tour en mai.
Dans ce contexte petit et pitoyable, la querelle du ni-ni ou les appels à voter pour un parti socialiste allié à l'extrême-gauche donnent la dimension morale et intellectuelle du politicien français d'aujourd'hui. Car quel que soit le regard que l'on porte sur le Front National, sur la personnalité de son président d'honneur, sur la démagogie, décidément très grecque, de son programme économique, sur son antiaméricanisme suspect, nul ne peut considérer ce parti comme le premier responsable des ravages de l'islamisme fou. Faire en sorte, à l'occasion d'une élection locale, de remettre le parti nationaliste, à ce moment terrible, au centre de la carte de l'enfer satanique revient à tenter de tromper à nouveau les Français au moyen du vieux leurre.
L'esprit du 11 janvier devait, paraît-il, consacrer définitivement la liberté d'expression assassinée.

Sur le plan judiciaire c'est un esprit frappeur. À moins qu'il soit farceur. Valeurs Actuelles, dans l'apathie générale et notamment confraternelle, vient en effet d'être condamné - sur l'initiative d'une organisation d'étudiants juifs, annexe de SOS-Racisme elle-même succursale du parti socialiste - pour avoir osé voiler Marianne et s'être interrogé sur les dangers d'une immigration islamique excessive et sans contrôle.

Ainsi, par le plus terrible des symboles, la question cruciale qu'il convient ontologiquement de poser au lendemain des terribles massacres ne doit pas être posée en France, comme dirait le président du tribunal qui condamna Zola.
Un tribunal de Cayenne a condamné une femme à neuf mois de prison ferme pour avoir posé sur son site Facebook la caricature odieuse et simiesque de la garde des sceaux. Les protestations n'ont pas été aussi bruyantes que lorsqu'il s'est agi de commenter les condamnations des thuriféraires et apologistes des frères Kouachi. Les Femen profanatrices d'églises ont été relaxées. Proférer sur le service public «les juifs exploitent depuis 50 ans leur capital de pitié» relève en revanche de la liberté d'expression... On a peur de comprendre l'esprit sélectif de la jurisprudence.

Et quel esprit justement, pour aborder de front la question juive qui se pose désormais à nouveau à la France ? Au-delà des condoléances sincères mais désormais rituelles, aucun responsable politique français ne l'aura abordée aussi courageusement que Mme Merkel. Les juifs, a-t-elle dit, sans que curieusement ses propos ne soient reproduits en France, «ne doivent pas être attaqués parce qu'ils sont juifs ou par ce qu'ils aiment Israël.»

Si on ne veut pas encourager ce fameux grand remplacement, qui s'agissant des juifs et des musulmans de France, peut difficilement aujourd'hui être nié, les élites françaises feraient bien de méditer ces propos allemands. On en est loin. Comme cette journaliste de Radio France qui, quelques secondes après avoir exprimé sa compassion quasi lacrymale, agresse le président du CRIF en reprochant l'importation par les juifs du conflit israélo-arabe…

Comme Cambadélis, président du Parti Socialiste, qui déclare tout de go: «on identifie les juifs à Israël comme on identifie les musulmans à Daech. Je suis contre». Phrase ahurissante: l'État juif étant ainsi symétriquement comparé à l'État islamique qui décapite et brûle vif ses opposants… Après cela, effectivement, il va être difficile d'aimer Israël et de vivre en France.
Un dernier exemple ? L'auteur de ces lignes a écrit à la garde des Sceaux le 27 janvier, en sa qualité de président d'Avocats Sans Frontières, pour s'étonner d'une étrange apathie judiciaire.

Depuis plusieurs années, plusieurs municipalités communistes ont cru devoir faire citoyens d'honneur de leur commune des terroristes. Il s'agit à n'en pas douter d'une apologie pénalement répréhensible. Ainsi, depuis 2013 les villes d'Aubervilliers, d'Avion, et de Valenton ont fait citoyen d'honneur le chef de la branche militaire des brigades des martyrs Al Aksa, commanditaire de nombreux attentats et condamné par la justice israélienne pour plusieurs assassinats dont celui d'un moine grec orthodoxe. La ville de Bagnolet a consacré de la même manière, le 11 décembre 2013 Georges Ibrahim Abdallah, citoyen libanais, qui purge encore aujourd'hui une peine dans les prisons françaises pour avoir assassiné deux diplomates, américain et Israélien.
Je n'ai reçu aucune réponse venue de la place Vendôme qui expliquerait cette passivité judiciaire à l'égard d'un parti qui, il est vrai, appartient au front républicain antifasciste… Un mois après les tueries terroristes.

Puisse l'insoutenable légèreté des ectoplasmes qui nous gouvernent et nous désinforment ne pas nous annoncer les esprits des ténèbres.

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4 février 2015 3 04 /02 /février /2015 10:32

Paru dans FIGARO EDITION PAPIER LE 04/02/15

ET DANS FIGAROVOX LE 03/02/15

lefigaro.fr http://www.lefigaro.fr/vox/

http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2015/02/03/31003-20150203ARTFIG00399-goldnadel-et-si-le-11janvier-n-avait-rien-change.php

Goldnadel: Et si le 11 janvier n'avait rien changé ?

FIGAROVOX/CHRONIQUE - L'avocat et écrivain s'inquiète de l'idéologie pénale anticarcérale toujours défendue par la garde des Sceaux.

Gilles-William Goldnadel est avocat et écrivain. Il est secrétaire national à l'UMP chargé des médias. Il préside par ailleurs l'Association France-Israël. Toutes les semaines, il décrypte l'actualité pour FigaroVox.

Ces réflexions s'adressent en priorité à tous ceux qui désespèrent, et ils sont nombreux, que rien n'ait changé dans l'expression de la pensée publique depuis l'advenue du pire. À tous ceux qui comprennent enfin que la grande marche du 11 janvier, pour sympathique et émouvante qu'elle put être, fut avant tout une grand-messe narcissique où l'on fit croire, une fois encore, que toute la France était résistante. Alors que la collaboration culturelle avec la soumission idéologique se poursuivait comme si rien ne s'était passé. Mais s'il ne s'agissait pas de pensée mais de prêt-à-penser obligatoire ? Et s'il ne s'agissait plus d'un combat culturel à livrer paisiblement, mais d'une guerre psychologique à mener rudement ? Exemples à méditer.

Jusqu'au 31 janvier, il était Mr K. Julien Dray, pourtant fin connaisseur du microcosme politique socialiste, reconnaissait ignorer le nom du ministre de la ville et de la jeunesse. Mais on peut passer à la postérité en proférant des énormités. Ce pourrait être l'improbable chance de Patrick Kanner, depuis l'interview qu'il a accordée au Figaro le 31 janvier. Dans le droit fil rouge de l'excuse par l'«apartheid», le ministre de la Ville et de la Jeunesse n'a pas hésité à recommander expressément la discrimination positive pour éradiquer le terrorisme. «Nous avons reçu une claque monumentale avec les attentats de début janvier (…). Il faut combattre le sentiment de relégation et de non-reconnaissance des jeunes des quartiers (…). Les places doivent d'abord aller aux jeunes des banlieues». Ainsi, et une nouvelle fois, un lien direct était tracé entre les assassinats d'iconoclastes, de policiers et de juifs et des victimes sociales et ethniques.

 

M. Kanner, qui doit lire Libération avec application, aura peut-être malheureusement manqué sa livraison du 28 janvier. Dans un éditorial inhabituel, Laurent Joffrin reconnaît, à propos de Coulibaly, que «le jeune délinquant avait trouvé un travail chez Coca-Cola, (qu'il) a bénéficié de l'intervention de travailleurs sociaux, (qu'il) passait même des vacances au soleil, en Crète, en Malaisie ou en République dominicaine, où il a rencontré sa compagne, qui portait à l'époque un bikini et non le voile intégral. Pas précisément le profil d'un exclu confiné dans sa cité… D'ailleurs, la majorité des exclus ne deviennent pas des délinquants et encore moins des terroristes.»

La ville de Lunel, qui aura constitué le principal vivier des djihadistes français, n'est pas non plus une cité de relégation, et les parents des islamistes radicaux n'expliquent pas la motivation de leurs enfants par le sentiment d'une quelconque exclusion sociale ou ethnique.

Si le ministre paraît-il chargé de l'intégration de la jeunesse, plutôt que de réciter des mantras éculés, s'était donné la peine d'étudier l'histoire du terrorisme islamique des quinze dernières années, il aurait également appris que les Saoudiens du 11 Septembre, loin d'être des misérables laissés-pour-compte, étaient des fils de familles aisées, mais baignant dans le salafisme et la haine de l'Occident «décadent».

En proposant une médecine inadaptée à une maladie dont il ignore la cause, le ministre ne se contente pas de préconiser un remède inefficace: il aggrave le mal. Si les jeunes dont il s'agit ne posaient pas déjà en victimes laissées à leur seule colère, si les délinquants en herbe étaient en quête de justifications pour leurs actes à venir, ce qui est hautement improbable compte tenu de la potion victimaire versée dans leur biberon par la lignée des prédécesseurs du ministre ordonnateur, ce dernier vient de leur en administrer une dernière rasade pour la route de délits à commettre avec bonne conscience.

 

Une telle erreur médicale peut-elle être encore tolérée tranquillement après les saignées de janvier ?

Autre exemple: Pascal Popelin, rapporteur socialiste de la commission d'enquête de l'Assemblée sur les missions et modalités du maintien de l'ordre républicain, raconte (Valeurs actuelles du 4 février) qu'en Seine-Saint-Denis la police a trouvé une kalachnikov dans une voiture. Le propriétaire vient d'écoper de quatre mois de prison… avec sursis.

Concernant la cellule de Cannes qui a commis l'attentat mortel contre un magasin kasher à Sarcelles et que le procureur de Paris avait décrite comme le réseau terroriste le plus dangereux arrêté jusqu'à ce jour, l'un des principaux protagonistes a violé son contrôle judiciaire en ne se présentant plus aux convocations. Il avait été remis en liberté au bout de six mois. Le syndicat FO des magistrats critique une disposition permettant aux criminels de quitter plus facilement le territoire national, le contrôle judiciaire ayant perdu son caractère automatique avec la réforme pénale adoptée récemment.

 

À présent qu'il n'est plus à démontrer que la criminalité des cités surarmées conduit directement au terrorisme, l'idéologie pénale anticarcérale toujours défendue par Mme Taubira ne conduit-elle pas à s'interroger sur la réelle et sincère détermination du pouvoir socialiste à éradiquer la violence aveugle ?

Au-delà de tout débat philosophique sur la prison, celle-ci demeure, n'en déplaise à la garde des Sceaux et à ses amis, la première des prophylaxies. On aurait en effet préféré MM. Kouachi et Coulibaly à Fleury -où ils auraient dû se trouver- plutôt qu'à Paris. Les victimes aussi. Et ce point de vue ne relève pas que d'un désir d'une juste répression, mais encore et surtout d'un humanisme vrai qui désespère du laxisme pervers.

Autre exemple: Un aréopage de journalistes distingués, décident, à tort ou à raison, de décerner, dans le cadre d'un trombinoscope, une distinction à un responsable du Front National, parti politique légal. Au moment de la remise des récompenses, et après que le Président socialiste de l'Assemblée Nationale ait refusé de sacrifier à la tradition de se rendre à la cérémonie , les journalistes organisateurs expliquent avec embarras et contorsions que cette distinction n'en est pas vraiment une. Silence dans les rangs.

 

Le même jour, Roland Dumas, ancien président socialiste du Conseil Constitutionnel, explique fièrement qu'il aurait sauvé la république du danger incarné par le parti précité en refusant d'annuler les comptes de campagne, manifestement faux, du candidat à l'élection présidentielle Jacques Chirac.

Dans un univers médiatique tellement moraliste qu'il prônait religieusement il y a encore quelques jours le respect scrupuleux de la légalité républicaine pour lutter contre le terrorisme, aucun observateur n'a cru devoir s'émouvoir d'une telle révélation. Mon imagination est impuissante à deviner le vocabulaire qu'aurait employé le corps médiatique pour qualifier le scandale, si d'aventure, le Parti Communiste ou le Front de gauche en avaient été victimes. Forfaiture et dévoiement de la démocratie, auraient été considérés comme des euphémismes d'une excessive sobriété.

 

À ce stade de la décomposition d'une morale médiatique sélective, qui confère sottement au parti de Marine Le Pen la posture enviable en période tourmentée d'un parti maltraité, faut-il encore tolérer l'intolérable suffisance des intolérants insuffisants ?

 

À ce dernier sujet, il relèverait de la salubrité publique que de publier le bêtisier des perles de culture idéologique de la dernière décennie chantant l'ode au multiculturalisme radieux, vantant la douceur du vivre ensemble arc-en-ciel, bénissant la chance insolente de l'immigration, maudissant le racisme inhérent à toute critique de l'islam conquérant, niant hautement tout antisémitisme dans les banlieues victimes, forcément victimes.

Ce livre très noir de la bêtise très rouge rappellerait le nom de tous les prétendus intellectuels qui au cours de la dernière décennie auront expliqué, excusé, justifié l'emploi de la violence aveugle par les fausses victimes.

Tout occupés à raser un mur des cons spécialement érigé en leur honneur, ils cesseraient enfin de proférer impunément leur idéologie mortifère.

 

Car celle-ci ne relève pas de leur pensée mais de leur psyché, et l'heure si tragique n'est plus au combat culturel, mais à la guerre psychologique. Pour la survie du monde que nous aimons.

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