Nouveau : PARU DANS FIGAROVOX
Paru dans lefigaro.fr http://www.lefigaro.fr/vox/
La Vox est libre ! Par Alexis Brézet
Publié le 03/02/2014
Le Figaro depuis toujours se fait l'écho des débats qui traversent la société, des opinions qui s'affrontent dans l'arène publique, des controverses qui rythment la vie intellectuelle.
Ce mouvement des idées que vous retrouvez chaque jour dans les pages Champs Libres a désormais son prolongement sur internet: Figarovox. Cette nouvelle verticale du figaro.fr, orchestrée par Paul- Henri du Limbert et Vincent Trémolet de Villers a pour ambition de donner aux lecteurs tout ce qui nourrit la vie de l'esprit. De l'expertise pour aller au fait, de la hauteur de vue pour comprendre avant de juger, de l'indépendance pour sortir du prêt-à-penser, des convictions pour affirmer ce que nous sommes, de l'humeur pour répondre aux ridicules de notre temps, de l'ouverture et de la liberté parce qu'elles sont les deux respirations de l'intelligence.
Les grandes plumes du Figaro - Eric Zemmour, Guillaume Tabard, Renaud Girard, Natacha Polony, Ivan Rioufol, Luc Ferry, Nicolas Baverez…- y côtoieront des invités de prestige: Franck Ferrand, Philippe Bilger, Gilles William Goldnadel,, Gaspard Koenig, Maxime Tandonnet, Chantal Delsol, Irina de Chikoff… Spécialistes, professeurs, économistes, historiens, écrivains, polémistes, politiques donneront leur éclairage sur les grands sujets d'actualité.
Les internautes ont, bien entendu, toute leur place sur Figarovox parce que la France fourmille de talents et d'expérience qui ne demandent qu'à se faire connaître. Faire vivre sur internet un débat riche, audacieux et constructif, c'est le pari de Figarovox !
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Théorie du genre: les socialistes entre déni et mépris par Gilles William Goldnadel
Publié le 03/02/2014
CHRONIQUE- Chaque semaine, Gilles William Goldnadel plaide dans FigaroVox. Ce Mardi, l'avocat dénonce la vision idéologique du gouvernement qui l'entraîne dans des domaines variés à nier la réalité.
Mais pourquoi faut-il que les socialistes français soient toujours entre déni et mépris?
Ils devraient prendre exemple sur le premier d'entre eux: «le déni ça ne marche pas» a lancé François Hollande, dans une crise de sincérité subite, avant d'avouer son échec historique sur le chômage. Cette tardive confession succédant aux concerts de dénégations, ratiocinations, circonlocutions et admonestations de sa porte-parole la plus inspirée. Le déni, puis le mépris. C'est ainsi. Jadis, la gauche morale niait la réalité de l'insécurité. Il ne s'agissait que d'un fantasme de beaufs, instrumentalisé par l'extrême droite. Idem pour l'immigration qui ne progressait absolument pas, sinon dans l'esprit malfaisant de racistes bas d'un front, forcément national. Défense donc d'en parler. Puis, à l'instant précis où le déni est devenu impossible: trop tard pour en débattre, la France est devenue multiculturelle...
La dernière manifestation du déni de la réalité dérangeante par la gauche et ses relais médiatiques concerne la fameuse théorie du genre.
En décembre dernier, c'était notre premier ministre qui niait niaisement tout lien entre lui-même et cet ineffable rapport sur l'intégration qui proposait «d'assumer la dimension arabe orientale» de la France. Ce discours inoubliable, à utiliser en gargarisme, et dont les auteurs nous suggéraient de faire davantage dans «l'en commun», dans le cadre d'une «identification à un nous inclusif et solidaire». M Ayrault n'était absolument pour rien dans ce document halluciné, sauf qu'il en avait désigné «les personnalités qualifiées» pour le rendre, qu'il n'avait pas manqué de complimenter à l'aune de leur talent, après publication officielle sur le site de Matignon.
La dernière manifestation du déni de la réalité dérangeante par la gauche et ses relais médiatiques concerne la fameuse théorie du genre. Il s'agit en réalité d'un double déni: la théorie du genre n'existerait que dans l'imagination débridée de la droite et de l'extrême droite. En tout état de cause, et contrairement à ce que suggérerait notamment le Figaro, le ministère de l'éducation nationale ne l'aurait en aucun cas instrumentalisée.
Double effronterie. Il suffit de consulter le dictionnaire Larousse de la psychanalyse pour se convaincre qu'il existe tout un corpus théorique développé à partir notamment d'un concept «introduit par Stoller en 1968 qui vise à établir une distinction entre les données biologiques, qui font objectivement d'un individu un mâle ou une femelle, et celles, psychologiques et sociales, qui l'installent dans la conviction d'être un homme ou une femme». À partir de ces analyses au demeurant respectables s'est agrégée outre-Atlantique une idéologie hétéroclite, anti freudienne, de plus en plus féministe et radicale, dont l'égérie la plus fantasque est sans doute Mme Butler. L'effronterie tourne au loufoque lorsque l'on relit l'excellente définition donnée par Mme Vallaud-Belkacem le 31 août 2011 au journal «20 minutes» d'une théorie dont elle conteste aujourd'hui jusqu'à l'existence: «la théorie du genre, (qui) explique «l'identité sexuelle» des individus autant par le contexte socioculturel que par la biologie…» Idem pour Le Monde dont les journalistes se cantonnent dans une molle et complexe dénégation tandis qu'est publiée le 31 janvier sous la plume d'un professeur, M. Jean-Yves Mas, une opinion «les sciences économiques et sociales, pionnière de la théorie du genre» qui la reconnaît expressément: «pour notre part nous considérons que la théorie du genre est bien l'exemple emblématique d'une théorie émancipatrice» que l'auteur reconnaît expressément appliquer à l'école….
Car le déni dans le déni est tout aussi cocasse. Ainsi le ministre de l'éducation nationale, la main sur le cœur et le verbe haut conteste-t-il fermement toute instrumentalisation de cette théorie qui n'existe pas sur les fameux sites de l'ABCD de l'égalité. Et vendredi matin, dans une émission de France Inter dénuée de toute aménité particulière envers le Figaro, on affirmait péremptoirement l'avoir effectivement vérifié. Sans doute. Mais assez mal. Il suffit en effet au lecteur thomiste de bien vouloir se rendre sur le site des ABCD de l'égalité portant le logo du ministère de l'éducation nationale, pour se convaincre de ce qu'une fois encore les dénégations sont mensongères, et le mépris récurrent pour ceux qui les dénoncent assez malvenu.
Au-delà en effet des multiples références implicites à la théorie qui n'existe pas, est publiée la conférence donnée par Mme Véronique Rouyer, de l'université de Toulouse 2, pour la journée ABCD de l'égalité à l'école primaire le 4 juillet 2013.
Son thème: «Socialisation du genre et construction de l'identité sexuée de l'enfant». Il est clairement indiqué que «cette conférence s'intéresse aux processus par lesquels tout individu, au cours de sa vie, est amené à assimiler des normes et des codes sociaux relatifs au masculin et au féminin. C'est par ces processus que vont se créer et évoluer tout au long de la vie les identités sexuées des personnes des deux sexes. Cette socialisation s'effectuera au travers d'une pluralité d'instance de socialisation: la famille, les lieux d'accueil de la petite enfance, les écoles, les médias…» Mme Vallaud-Belkacem n'aurait pas mieux résumé cette théorie qui n'existe pas d'un genre qui n'existerait pas non plus tout à fait.
Une fois les vilaines cachotteries éventées, reste à constater, qu'à nouveau, les socialistes français -dont le chef placide est paraît-il social-démocrate- demeurent sous l'irrigation idéologique de ses courants les plus radicaux. Beaucoup de choses ont été écrites sur la question. Certains à droite, l'expliquent par un cynisme qui voudrait que la gauche française, désormais convertie au réalisme économique, n'aurait plus que la terra nova sociétale pour marquer sa différence et subjuguer l'ensemble des minorités ethniques et sexuelles.
Cette explication florentine, sans être fausse, est superfétatoire. La réalité est sans doute plus mécanique et inquiétante. Son examen montre que la gauche française, depuis 1968, est sourdement menée par la dilection de l'altérité. Avec son pendant autrement plus détestable: la détestation pathologique de la norme majoritaire.
Pour illustrer mon propos dans le domaine du genre, difficile de trouver mieux que cet article du Monde daté du 13 avril dernier, signé par Mme Florence Dupont, professeur de latin à Paris Diderot et intitulé «papa bleu, maman rose».
Soyons reconnaissants à Mme Dupont, qui a entendu décrypter par son logo l'aspect réactionnaire de la Manif pour tous, car son propre décryptage est l'illustration caricaturale du caractère anti hétéro et anti blanc d'une partie de la gauche intellectuelle française: «le drapeau français brandi dans la manif n'est plus bleu, blanc, rouge mais bleu ciel, blanc et rose» (…) Bleu, blanc, rose, le drapeau national infantilisé est l'emblème d'un peuple de «Blancs» que ne distingue entre eux que le genre attribué à la naissance. (…) Homme, femme: le principe d'identification du genre est emprunté au programme des toilettes publiques. Chacun sa façon de faire pipi, debout ou assis. La famille nucléaire dessinée sur le logo et présentée comme naturelle n'est que le mariage catholique bourgeois du XIXe siècle, adopté au XXe siècle par la classe moyenne et désormais obsolète. C'est une famille étouffante et répressive, la famille haïssable de Gide, de Brasse Bouillon et de poil de carotte, nœud de vipères de Mauriac. (…) Papa bleu et maman rose ne sont pas un couple d'hétérosexuels, mais une paire de reproducteurs blancs.».
«Papa bleu et maman rose ne sont pas un couple d'hétérosexuels, mais une paire de reproducteurs blancs. ».
Florence Dupont, professeur à Paris Diderot
Une paire de reproducteurs blancs… Il ne s'est évidemment pas trouvé un seul intellectuel de gauche pour dire un seul mot sur cette animalisation qui, si elle avait été coloriée en noir ou brun aurait inspiré une pétition indignée ou le procès d'une association «antiraciste». À ce stade de dégénérescence intellectuelle, il est à peine nécessaire de questionner le propre langage inconscient de nos Trissotin des sciences humaines qui entendent effectivement «déconstruire» le genre humain après avoir successivement déstructuré l'État, la nation et son peuple.
Pas davantage est-il utile d'interroger le sens profond du projet socialiste qui veut effacer du livre de la loi «le bon père de famille».
Enfin, je dirais bien à Mme Vallaud-Belkacem, qui prétend vouloir éradiquer tous les stéréotypes attentatoires à la dignité de la femme, que son silence à l'égard des clips des rappeurs est tristement éloquent.
Mais elle serait capable de le nier et de m'en vouloir.