Paru dans Valeurs Actuelles
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Quand la droite est dans la rue, la gauche est à la rue ! Par Gilles-William Goldnadel
L'oeil de Goldnadel. Chaque semaine, Gilles-William Goldnadel propose aux lecteurs de Valeurs actuelles son Regard sur l'actualité. Aujourd'hui, il revient sur le succès de La Manif Pour Tous et décrypte les échecs du gouvernement.
Voilà que ça la reprend ! À chaque fois que la droite est dans la rue, la gauche est à la rue. Une sorte de jalousie névrotique de péripatéticienne encolérée. Quoi ? Le peuple, ce micheton ingrat, me préférerait ma rivale illégitime et détestée, cette pimbêche de salon, qui n'a rien à faire sur mon pavé... Immédiatement, ses protecteurs ont demandé l'organisation d'une marche de la fraternité, seule capable de lui faire oublier l'avanie dominicale. Mais le micheton ne perd rien pour attendre. On va lui en balancer du boniment. On va lui en fourguer de la théorie du genre qui n'existe pas à ce bon père de famille. Il va en avoir pour ses impôts, le cave.
Malheureusement, pas de débordements à se mettre sous la dent creuse de l'amalgame antiraciste. Pas de slogans antijuifs à triturer pour plomber l'ambiance. C'est à désespérer de la droite catholique qui n'est plus ce qu'elle était. À présent, c'est de la gauche antiraciste, c’est des potes de SOS-Racisme à la petite main jaune que viennent les Dieudo et les Farida Belghoul… On a beau appeler ça l'extrême droite pour se rassurer… Le cœur n'est plus à gauche.
Celui qui ne change pas, c'est le Monde. Cette semaine deux articles consacrés à l'importantissime entreprise israélienne Soda Stream. Le premier pour se moquer de l'actrice Scarlett Johanson coupable d'avoir prêté son image à la promotion d'une entreprise située dans les territoires disputés. Le second pour se faire l'écho d'une polémique menée par le dessinateur Siné lors du festival de la B.D. d'Angoulême et qui conteste le fait que l'entreprise israélienne puisse en être l'un des sponsors.
Le Monde ne change pas dans sa discrète promotion du boycott de l'État juif. Cela a commencé par Mouna Naim - qui a quitté le journal - et qui vantait alors les charmes d'Olivia Zémor, pionnière en la matière, et qui a créé Euro Palestine avec Dieudonné. Il y eut ensuite Benjamin Barthe, transfuge de l'Humanité, qui le premier a révélé les tentatives d'empêcher les entreprises françaises d'aider à construire un tramway à Jérusalem. Malheureusement, il n'a pas été indiqué que les associations ont été déboutées par la juridiction française. À présent, l'on doit à Mme Hélène Salon de reprendre le flambeau. Soit. Il n’aurait pas été inutile de préciser que l’entreprise minuscule éreintée est située à Maale Adoumim dans la banlieue de Jérusalem, dans une zone qui –selon l’ensemble des connaisseurs de la question- sera à jamais conservée par Israël après accord. Il n'aurait peut-être pas été inutile non plus d’ajouter que cette entreprise israélienne vient de gagner son procès en France contre les boycotteurs. Surtout, il aurait été utile de s'interroger, en ces heures difficiles, pour savoir pour quelles raisons Siné, ce grand philosémite de gauche que je connais bien -pour l'avoir fait condamner- ne proteste pas contre le fait que les patrons français se rendent cette semaine à Téhéran sous sanctions internationales, ou encore lorsqu'un émirat esclavagiste qui tue chaque jour à petit feu ses ouvriers sur les chantiers sponsorise ou achète la moitié du pays. Une toute petite réflexion, en ce moment, sur l’israélo-centrisme obsessionnel et disproportionné et ses dangers est-elle vraiment impossible ou est-ce trop demander ?
Le Monde ne change pas. D'un certain côté, c'est rassurant.