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17 février 2014
Le gouvernement de tous les excès Par Gilles-William Goldnadel
L'oeil de Goldnadel. Chaque semaine, Gilles-William Goldnadel propose aux lecteurs de Valeurs actuelles son Regard sur l'actualité. Aujourd'hui, il s'indigne devant les nombreux excès du gouvernement.
Aurélie Filippetti avec son sens de la mesure bien connu, confiait récemment dans le journal Le Parisien, « le Medef veut tuer la culture ». En réclamant l'abrogation du régime des intermittents du spectacle. Rien que cela. On comprend que la ministre de la Culture n'ait guère envie d'être copieusement sifflée à la cérémonie des César par les grandes consciences du monde artistique, mais faire du président du Medef Pierre Gattaz, un nouveau taliban est peut-être excessif. C’est même excessivement excessif.
La Cour des Comptes a dit également tout le mal qu'elle pensait d'un ruineux système d'assistanat spécifiquement français appliqué à une catégorie qui devrait, par essence et tradition, accepter plus qu'une autre, le risque et l’incertitude. Et Migaud Didier n'est pas Khan Gengis.
A croire que l'excès dans l’invective n'épargne plus aucune personnalité socialiste. La semaine dernière, c'était la douce ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem qui, avec son gentil sourire, accusait le président de l’UMP, Jean-François Copé de vouloir pratiquer des autodafés de livres pro-théorie du genre pour enfants dans la cour des écoles.
Je n'ose dire ce que je pense du privilège des agents SNCF, également et enfin dénoncé, de pouvoir faire voyager gratis leur belle-mère et la cousine de leur arrière-grand-père. Le ministre des transports serait capable de m'accuser de vouloir faire passer les responsables de la CGT et de Sud rail sous une locomotive.
Peut-être faudrait-il créer un commissariat à l'appellation politique contrôlée ou un Haut Conseil de la nomenclature officiellement répertoriée. On connaissait les antiracistes autoproclamés. M. Dieudonné M’Bala M’Bala en faisait partie, sans que nul n'ose contester ce titre auréolé, lorsqu'il ferraillait à Dreux contre Jean-Marie Le Pen. On s'aperçoit aujourd'hui que l'appellation était peut-être incontrôlée.
La mode est aujourd'hui à l'étiquette « antifasciste » ou au trisyllabique plus branché « an-ti-fa ».
C'est ainsi que les nervis d'extrême gauche qui ont fait le coup de poing, fatal à Clément Méric, contre les nervis d'extrême droite, ont été médiatiquement baptisés ainsi sans contrôle canon tatillon. La suite a prouvé que les choses étaient plus complexes.
Ces derniers jours et à nouveau, à Rennes, les militants armés de manches de pioche ou à Paris, les démocrates épris de liberté qui s'en sont pris à des réunions légales du Front National, ont été, sans barguigner, qualifiés « d'antifascistes ». Et je n'ai pas lu une seule ligne dans la presse qui érige en doute une appellation qui risque d'être dévaluée par un mésusage assez nauséabond.
À ce degré de bassesse, je me dispenserai moi-même d'un couplet supplémentaire pour rappeler que je suis un adversaire politique résolu d'un mouvement dont j'entends protéger résolument la liberté de réunion.
Si je ne le dis pas, alors qui va le dire ?
Pas une ligne non plus (hormis sous la plume de votre serviteur dans Actualité Juive de cette semaine) sur le sort des opposants iraniens. En 2013, l'Iran a exécuté 625 personnes dont 29 femmes et des prisonniers politiques. Plus de 250 de ces pendaisons ont été commises sous la présidence du « modéré » Hassan Rohani. Le dernier de ces assassinats concerne le poète Hachem Shabaani, commis le 25 janvier. L'un des chefs d'accusation du tribunal révolutionnaire relevait de: « la propagation de la guerre contre D.ieu ».
Quitte à morigéner M. Gattaz, notre ministre de la culture, en hommage à ce poète assassiné, aurait pu peut-être réserver ses flèches les plus acérées au voyage indécent de l’organisation patronale à Téhéran il y a 15 jours. Le régime des mollahs exécute sans intermittence ni spectacle.