Bloc-note
ACTUALITE JUIVE - N° 1251 - Jeudi 18 avril 2013
L’art de la récidive par G. W. Goldnadel
Président de France-Israël et d'Avocats Sans frontières
Périodiquement, les ondes du service public de l'audiovisuel français sont frappées d'une sorte de crise de prurit antisioniste et radical
C'est ainsi que le 26 mars dernier, Daniel Mermet, qu'il est inutile de présenter dans ces colonnes, a de nouveau sévi gravement.
Je rappelle que l'un des derniers hauts faits de ce producteur d'émissions sur France Inter a consisté à diffuser une rubrique nécrologique imaginaire d'un Nicolas Sarkozy judéo-nazifié dans laquelle celui-ci était censé avoir trouvé la mort « dans son bunker de Jérusalem »…
Pour cette raison, une fois n'est pas coutume, un redoutable avertissement lui avait été infligé par sa direction.
Le 26 mars, M. Mermet a convié pour discourir sur son nouveau livre intitulé « comment j'ai cessé d'être juif » l'antisioniste Israélien Shlomo Sand, concepteur on se le rappelle, du « peuple juif qui a été inventé », mais qui a apparemment décidé aujourd'hui de renoncer à cette improbable judéité.
Encore que je remarque qu'il est moins dangereux de prendre cette singulière position, que de s'interroger sur l'historicité du « peuple palestinien », M. Mermet est en grand progrès, puisqu'il a en principe coutume d'inviter Michel Warshawski, cet antisioniste proche du FPLP, qui vient d'être décoré par Madame Taubira.
Mais le 26 mars, l'invité de M. Mermet se sera surpassé : s'en prenant au film Shoah et à son auteur Claude Lanzmann, Shlomo Sand a reproché à ce dernier d'opérer « un tri ethnique » entre les victimes juives et non juives et, ce faisant de, « continuer le travail d'Hitler »…
Il n'est pas inutile non plus de se reporter au dernier pamphlet de l'invité de M. Mermet, dans lequel celui-ci accuse les juifs et Israël de se livrer à une « industrie de la Shoah » dans un but à la fois « économique et hégémonique ». Bref du Garaudy matiné de Dieudonné.
Régulièrement, je suis contraint d'écrire que pareil déferlement de ce genre d'immondes stupidités respectabilisées par une antenne officielle et étatique n'est jamais sans lendemain qui pleure.
Dans la même veine, le jour de commémoration de la Shoah en Israël, une offensive cybernétique menée par le groupe gauchiste Anonymous entendait « rayer de la carte » informatique l'État juif.
L'institut Yad Vashem faisait partie des cibles privilégiées des attaquants, eux aussi, obsédés par le génocide hitlérien.
C'est dans ce contexte d'un extrémisme effectivement très ciblé, que Radio J a cru devoir inviter le dimanche 7 avril Jean-Luc Mélenchon.
On se souvient peut-être qu'il y a quelques mois, notamment sous la pression d'une partie de la communauté organisée, Marine Le Pen avait été désinvitée par cette radio de qualité dont j'ai l'honneur d'être l'un des éditorialistes.
J'avais dit à l'époque pourquoi, sur le terrain de la liberté d'expression, la mesure m'avait déplu.
Je redis donc ici combien j'attache de l'importance à voir bénéficier des mêmes droits Mme Le Pen et M. Mélenchon.
Mais voir ce dernier, après censure de la première, invité comme si rien n'était, dans le silence de cette même communauté organisée, un mois et demi après l'hommage obséquieux rendu à Chavez, trois semaines après des propos moins urbains sur la non francité de M. Moscovici, me laisse, moi aussi sans voix.
En dépit de nos connaissances, l'hémiplégie intellectuelle est une maladie mortelle qui n'épargne décidément aucun cerveau.