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19/11/14
Gilles-William Goldnadel: Le vote des députés va encourager le maximalisme des Palestiniens
FIGAROVOX - Pour le polémiste Gilles-William Goldnadel, le vote de l'Assemblée nationale du 28 novembre sur la reconnaissance de l'Etat palestinien va donner un blanc-seing au Fatah pour bloquer les négociations.
Gilles-William Goldnadel est avocat et écrivain. Il est secrétaire national à l'UMP chargé des médias. Il préside par ailleurs l'Association France-Israël. Toutes les semaines, il décrypte l'actualité pour FigaroVox.
Ainsi donc, des parlementaires de la gauche socialiste et de l’extrême-gauche écologiste veulent faire adopter des propositions de loi visant à voir reconnu un « État de Palestine ».
Alors même que je suis depuis toujours partisan de la création d'un État pour les Arabes de Palestine, je vais tenter d'expliquer pour quelles raisons je suis opposé à ces initiatives.
Je sais ma tâche délicate, dans un contexte passionnel rien moins que rationnel et où les faits cèdent constamment le pas à l'idéologie.
C'est ainsi que les auteurs des propositions de loi reconnaissent qu'elles n'ont qu'un caractère symbolique. Ils sont conscients que sur le plan juridique international, elles n'ont aucun sens ni aucune légalité, en l'absence de frontières délimitées et d’une représentation politique des Arabes de Palestine, divisés en deux camps.
Même lorsqu'il s'agit d'un drame qui peut enflammer une région qui brûle déjà d’un feu infernal et qui s'est exporté en France pendant l'été, la gauche n'a pas perdu son goût du psychodrame lyrique et de la pensée magique.
Elle devrait pourtant savoir que la poésie politique a été dans l'histoire malheureuse des hommes le plus efficace des fossoyeurs des grands cimetières sous la lune.
Peu importe qu'elle se soit constamment trompée. Elle préfère, comme on le sait, avoir esthétiquement tort avec Sartre que raison ingratement avec Aron.
Il faut voir avec quelle superbe, il n'y a encore que quelques mois, elle traitait avec arrogance ceux qui manifestaient quelque prudence devant ce qu'elle appelait extatiquement « le printemps arabe » et qu'elle assurait avec hauteur que l'islamisme triomphant dans les urnes allait se dissoudre dans la démocratie.
C'est un drame énigmatique que cette gauche intellectuelle ou politique continue d'exercer son influence sur le monde médiatique et politique français.
Il y a évidemment une raison plus fondamentale qui explique mon opposition.
Et ici encore, je sais la difficulté à être lisible. Le monde médiatique et politique français a su depuis longtemps démontrer son grand esprit critique à l'égard de l'État Israël. Il existe des motifs que je n'aime pas mais connais bien et qui reposent d'abord et avant tout sur une détestation pathologique de l'État-nation occidental issue de 1968. Le fait qu'il s'agit d'un État juif n'est pas une circonstance améliorante. Ils existent aussi des considérations commerciales et diplomatiques sur lesquelles je ne devrais même pas insister même si elles sont aujourd'hui occultées.
Mais il existe aussi de bonnes raisons de critiquer Israël, dont le personnel politique ne brille ni par la qualité ni par la créativité. Et je ne méconnais certainement pas, dans ce contexte politicien, le problème des implantations.
Il n'en demeure pas moins que le monde politique et médiatique français ne montre pas, c'est un euphémisme cruel, le même esprit critique à l'égard de la partie arabe palestinienne.
Il y a quelques jours, dans ce même journal, citations à l'appui, je démontrais que les déclarations incendiaires et antijuives à propos des mosquées de Jérusalem d'un président de l'Autorité Palestinienne, obstinément considéré comme « modéré », avaient été occultées.
Si l'on avait voulu, et si l’on veut encore, obliger les parties à un compromis territorial forcément douloureux, il eut fallu, il faut encore, leur tordre le bras avec équité.
Or, alors que la politique d’implantation d'Israël fait l'objet d'une critique unanime, l'irrédentisme palestinien qui sévit encore se caractérise par la poursuite de ses exigences sur le retour des petits-enfants des réfugiés au sein d'Israël ainsi que par son refus de reconnaître celui-ci comme l'État du peuple juif. Cette constance, qui est centenaire, leur a fait refuser les propositions de partage des gouvernements Barak et Olmert, y compris sur Jérusalem. Étrangement, le monde oublieux l’a oublié.
Cette constance, tolérée avec trop d'indulgence, explique avant tout des déconvenues dont ils sont les premiers responsables, et en dit long sur les arrière-pensées communes des représentants divisés du peuple Arabe de Palestine.
Accorder aujourd'hui une satisfaction politique symbolique à cette partie sans contrepartie ne fera que l'encourager à poursuivre cette politique irrédentiste.
Au début de son mandat, il était du pouvoir du président américain de tordre les bras des mandataires politiques arabes et juifs. C'était même un service à leur rendre à l'égard de leurs radicaux toujours prompts aux cyniques surenchères.
Sa politique calamiteuse et tendre pour les islamistes n'a fait qu'imiter l'hémiplégie morale et politique qui sévit encore en Europe. La Syrie, l'Irak, la Libye n'existent pratiquement plus.
Il n'est pas indispensable de poursuivre cette politique à l'égard d'Israël.