CRUELLE ALTERNATIVE
La presse française, dans son ensemble, a accueilli avec bienveillance les critiques de certaines organisations censées défendre les droits humains contre la manière, parait il scandaleuse, dont les Kurdes de Syrie, échoués illégalement sur une plage corse, ont été accueillis par les autorités.
Selon ces organisations, relayées puissamment par les médias, ces kurdes syriens, martyrisés dans leur pays, n'auraient pas dû être placés en centre de rétention pour voir examiner leur cas individuellement, mais bénéficier immédiatement du droit d'asile.
Le problème réside dans le fait qu'alors que je ne me considère pas comme particulièrement sous- informé, j'ignorais que la Syrie rudoyait ses sujets kurdes.
Nous avions tous appris, certes avec retard, que Saddam Hussein avait gazé ses propres kurdes irakiens ; mais je défie quiconque de me mettre sous le nez le moindre articulet d'une gazette hexagonale concernant les kurdes de MM. Assad père et fils.
Dès lors, l'alternative est peu reluisante pour la presse : soit, elle relaie sans le moindre recul les affirmations fantaisistes des organisations gauchistes habituelles, soit elle aura, pendant des lustres, couvert, avec la pudeur qu'on lui sait parfois, les crimes du régime syrien.
Sur le même sujet, mention toute particulière doit être accordée à la Ligue des Droits de l'Homme, qui n'a plus rien à voir, sauf le nom, avec la noble organisation jadis présidée par Daniel Mayer, et qui a été tout le week-end en pole position concernant les kurdes précités.
Voilà une association très engagée dans le boycott illégal des produits israéliens. La semaine dernière, une de ses militantes, Mme Sakina Khimoun, pour ne pas la nommer, comparaissait devant le tribunal correctionnel de Bordeaux pour discrimination à raison de l'appartenance à une nation. Condamnation a été requise par le Ministère Public.
Je vous fais grâce des cris d'orfraie poussés par l'extrême gauche et les islamistes qui hurlent leur indignation habituelle et leur détestation particulière pour votre serviteur, Avocats Sans Frontières, étant partie à la procédure.
Eh bien, vous ne le croirez pas, lecteurs de peu de foi, la Sainte Ligue ne milite pas en faveur d'un quelconque boycott des produits made in Syrie.
Dans le même ordre d'idées, le MRAP, qui soutient dame Khimoun, n'envisage pas de mettre à l'index les produits algériens. J'attire en conséquence l'attention du mouvement de Mouloud Aounit, dont on connaît l'équanimité, sur le dernier rapport de Human Rights Watch qui condamne « la poursuite des violations généralisées des droits humains en Algérie » dans ce rapport de 612 pages (20 janvier ) l'organisation rappelle «l'échec continu à rendre compte des personnes victimes de disparitions forcées aux mains des agents de l'État pendant le conflit civil durant lequel 100 000 Algériens sont morts».
Plus généralement encore, ni le PCF, ni le NPA du gentil Besançenot, qui soutiennent le boycott d'Israël, ne militent en faveur de mesures identiques à l'égard du Soudan génocidaire ou de l'Arabie saoudite ou d'un autre État de notre malheureuse planète.
Mais cela, n'a rien à voir avec l'antisémitisme. Rien.
Excellent article (25 janvier) de l'envoyée spéciale du Monde au Chili, Mme Christine Legrand. Celle-ci cite le grand écrivain libéral péruvien Mario Vargas Llosa : «Ne pas être de gauche en Amérique latine oblige l'écrivain à se battre pour répondre aux calomnies qui le satanisent».
On croisera cette déclaration avec l'article de Caroline Monnot dans le même journal (17 janvier) : pour illustrer la véhémente radicalité de publications soutenant Marine Le Pen, la journaliste mentionne la reprise de citations du bloc-notes de mon ami Ivan Rioufol publié par Le Figaro…
Après cela, on doutera encore de la latinité française.
À la lecture de ce qui précède, on ne s'étonnera guère que je nourrisse le projet – déjà assez avancé – de créer un site dédié à un examen critique du verrouillage médiatique et de ses dérives.
Il me paraît que le présent blog dispose d'un vivier de collaborateurs motivés et compétents.
Écrire à la rédaction qui transmettra.