LES BONS ET LES MECHANTS
La gauche, c'est bien connu, déteste Manichée et vitupère le manichéisme. Foin du Bien. Comprendre le Mal.
Que n'a-t-on entendu, lorsque George Bush, le petit, au lendemain d'une péripétie nommée 11 septembre, avait déclaré sa guerre à «l'Axe du Mal».
En réalité, il n'y a pas plus manichéen qu'un anti-manichéen militant et sélectif.
Exemples : Canal+, «l'effet papillon», samedi 28 novembre, 13 h 30. Reportage sur l'Uruguay.
Petit rappel historique, relativement honnête, sur la situation qui prévalait avant la démocratie : attentats des Tupamaros, ce mouvement terroriste qui a peu à envier aux FARC colombiens et au Sentier Lumineux péruvien ayant pratiqué à grande échelle les assassinats (Canal+ préfère parler «d'exécutions»…) et ayant abouti, comme souvent, à l'arrivée d'une dictature militaire excessivement répressive.
Quelques années plus tard, arrive le gouvernement démocratique qui déclare l'amnistie générale pour tous les crimes du passé.
C'est là, où l'on interview complaisamment une ex Tupamara, qui s'indigne vertueusement contre «l'impunité» des militaires, sans qu'à aucun moment elle ne soit contredite.
Gentille résistante. Méchant casqué.
Le Monde du 24 novembre. Climat : gros titre de la page 4 : «les négateurs du réchauffement ignorent les faits établis».
Rien de moins, donc, que du négationnisme.
Suit une attaque en règle contre les climato-sceptiques, qui attribuent le réchauffement en cours à d'autres facteurs que l'activité humaine.
Ceux-ci ont en effet publié, pour les discréditer, des centaines de courriels échangés entre les climatologues officiels du C.R.U., institut-clé de la recherche climatique. L'article s'emploie à minimiser les soupçons venant du caractère troublant de certains échanges. Laborieusement, le journaliste écrit : «en réalité, sur les quelques 1073 échanges de courriels rendus publics, seule une expression, sortie de son contexte, peut jeter le trouble. Dans un message de 1999, Phil Jones, directeur du C.R.U., explique à son interlocuteur avoir utilisé une «astuce» permettant de «masquer» une divergence, dans certains jeux de données, entre épaisseur des cernes d'arbres et température. »
Une seule ? Voire. Bien que ne me considérant pas particulièrement qualifié pour arbitrer cette querelle d'experts, j'ai eu la curiosité de me rendre sur les sites contestataires, leur thèse centrale, au demeurant, me paraissant loin d'être hirsute.
Vérification opérée, (voir notamment Agoravox) et contrairement à ce que prétend le Journal Officieux, les courriers électroniques troublants sont nombreux : c'est ainsi, et qu'entre autres, on peut lire : «le fait est que nous ne savons pas expliquer l'absence de réchauffement actuellement et c'est ridicule. Les données du CERES publiées dans le supplément d’août en 2008 montrent qu'il devrait y avoir encore plus de réchauffement : mais les données sont certainement fausses. Notre système d'observation est déficient.» Dans un autre courriel, Phil Jones dit qu'il masquera le déclin des températures en utilisant un «truc»….
Mais tout cela n'empêche pas le journal de citer pour conclure la sentence d'un chercheur américain du bon camp : «le Bien l'emportera finalement sur le Mal.»
«Bavures», c'est le titre du même journal du 28 novembre. Au menu, le récit – sans témoins – d'un étudiant maghrébin en quatrième année à Sciences-Po et racontant dans Libération les insultes xénophobes des forces de l'ordre contre des jeunes issus de l'immigration, venus fêter sur les Champs-Élysées la qualification de l'Algérie contre l'Égypte pour la coupe du monde de football.
Sans vouloir entrer dans une improbable concurrence victimaire, je note que les récits de mes petits clients en kippa, agressés au sortir des synagogues, sont davantage érigés en doute par une presse, curieusement moins confiante, qui ces derniers temps a tôt fait d'évoquer des règlements de comptes entre bandes ethniques.
Surtout, je note, à l'instar de Fabrice Madouas dans «Valeurs Actuelles» de cette semaine, qu'à l'exception de la presse de province, peu de journaux se sont épanchés sur les violences qui ont souvent accompagné les manifestations des supporters franco-algériens : cortège de voitures incendiées, vitrines brisées et 217 personnes interpellées.
Il fallait entendre, au contraire, les commentaires attendris sur ces manifestations relevant manifestement d'une identité nationale d’excellent aloi (France Info, lundi 23, France 2, dimanche 29).
Gentils keffiehs, méchants képis.