Gauchisme : imposture et tabou
Dans un récent entretien publié par le Figaro Littéraire (jeudi 14 septembre), l'auteur déclarait : «Ces nouvelles radicalités me passionnent car elles correspondent à une spécificité bien française.
Je crois avoir été l'un des premiers, à l'occasion d'une note pour la défunte Fondation Saint-Simon, à avoir pronostiqué que notre extrême gauche allait persister après la chute du Mur. Cette persistance de la gauche radicale, beaucoup plus influente en France que dans le reste de l'Europe, Italie comprise, est un des aspects de ce qui reste une"exception française".».
Quelle influence effective a l'extrême gauche dans le débat français, à quoi est due cette imprégnation dont des thèses sont souvent effarantes et pas seulement sur Israël? questionnent les auteurs de cet entretien, Jacques de Saint-Victor et Paul-François Paoli.
Réponse de Raynaud : «Elle a d'abord, c'est une banalité, un poids électoral : dans aucun autre pays européen, elles ne pèse autant sur la vie politique.
C'est un vrai souci pour le Parti Socialiste dont la situation était moins compliquée quand son partenaire était le Parti Communiste.
Mais l'influence de l'extrême gauche se fait sentir au-delà de ses électeurs. Les problématiques de l'altermondialisme sont très présentes dans le débat social où l'extrême gauche bénéficie de l'anti- libéralisme ambiant en France. Nous sommes, sans doute, un des rares pays où le mot" libéral" est une insulte. (...)
Le succès d'un journal comme le Monde Diplomatique qui tire à 400 000 exemplaires, est révélateur de cette tendance radicale.»
Moi aussi, depuis des années, j'insiste lourdement non pas sur cette "tendance" mais sur la radicalité du discours français, désormais influencé en permanence d'une manière d'autant plus profonde qu'elle est insoupçonnée. Je rappelle souvent que ce n'est pas Lionel Jospin mais Olivier Besancenot qui a été choisi par la rédaction du Monde dans le cadre d'une élection présidentielle virtuelle. Je rappelle aussi que selon un sondage de Marianne, 80 % des journalistes français se divisent entre gauche et extrême gauche.
Gramsci peut triompher : il est plus important que les idées radicales gouvernent les esprits plutôt que les urnes.
Et c'est l'opinion politique et sociétale du pays qui s'en trouve modifié globalement. Pas seulement les politiques économiques et extérieures.
La vision de l'immigration, de la sécurité également.
Lorsque Sarkozy met en cause les juges qui refuseraient de sanctionner les "jeunes" délinquants, c'est M. Rozencweig et la juge des enfants du tribunal de Bobigny, représentante officielle d'un Syndicat de
Lors du débat sur le CPE, ce sont les syndicats de lycéens et d'étudiants d'obédience trotskiste qui se chargent de transférer la contestation du Parlement à la rue.
Et ici encore, la force de leur influence réside en grande partie dans le fait qu'elle est grandement ignorée par la majorité des protagonistes.
Lorsqu’elle ne l'est pas, cette influence fait l'objet d'une occultation digne des plus grands tabous. Aucun homme politique, aucun journaliste, ne se risquerait à expliquer la force de la contestation estudiantine par l'encadrement des professionnels de l'agitation para- marxiste, sauf à passer pour un ringard ou un obsédé du complot fantasmatique, alors même que cette réalité indicible saute aux yeux.
Enfin, et surtout, Raynaud ne mentionne pas la puissance irrésistible du conformisme des artistes, dont l'immense majorité se sentent confusément dans l'obligation morale et professionnelle d'adhérer par principe à l'idéologie dominante et sommaire.
Cet exercice de style imposé rappelant celui des années 50, lorsque le Parti dominait la scène.
Ce conformisme étant d'un effet d'autant plus implacable -notamment sur la jeunesse- qu'il émane de la corporation censée être la plus anticonformiste, la plus indépendante d'esprit et la plus généreuse, par essence.
Est-il au moins possible de dénoncer cette imposture unique dans l'histoire d'un monde prétendument libre ?
GWG