Il existe des témoins et des pétitionnaires professionnels. Esther BENBASSA, par exemple, vient de signer deux mémorables pétitions. La première, en compagnie de mon senior GAILLOT, dans Témoignage Chrétien, consistait à réclamer la fin du boycott du Hamas pour cause de terrorisme. La seconde, moins récente, toujours en compagnie de mon senior, visait à réclamer l’éviction d’Alain FINKIELKRAUT de l’antenne de France Culture en suite de ses réflexions vilipendées sur les émeutes de novembre dans nos cités. Un petit mot, juste en passant sur mon senior. Celui-ci avait, on s’en souviendra peut-être, importé du Canada un enseignant pédophile et condamné. Le malheureux récidive en violant des enfants français. La presse hexagonale, pourtant généralement bonne fille envers mon senior, qui frôlera de justesse la mise en cause judiciaire, le décrira penaud et fuyant. Question : notre saint homme a-t-il des problèmes de conscience ? Réponse : sans doute pas puisqu’il continue à prodiguer des conseils que nul ne lui réclame et des excommunications ex cathedra. Passons aux témoins. J’en connais un très bon. Il s’appelle Théo KLEIN. Jadis, au cours de sa déjà très longue vie, il fut président du CRIF. C’est souvent à ce titre qu’il envoie des lettres ouvertes aux premiers ministres d’Israël qui sont sans doute les seuls à ne pas les lire et qu’il témoigne donc en justice. Il y a peu, il avait témoigné en faveur d’Edgar MORIN et des copain et copine d’icelui, Samy NAIR et Danièle SALLENAVE qui avaient, on se le rappelle, commis un très bête et très méchant article dans Le Monde et qui devait également être très antisémite puisque mes amis et moi-même d’Avocats Sans Frontières avions réussi à le faire condamner en justice. C’est tout dire. Il devait l’être vraiment puisque Esther BENBASSA et mon senior avaient courageusement pétitionné en faveur du Monde et de ses amis, au nom de la liberté d’expression dont on voit le plus grand cas qu’ils font à propos de FINKIELKRAUT. Mais revenons-en au président d’honneur du CRIF. Celui-ci est venu à nouveau apporter sa caution en témoignant en faveur d’Eyal SIVAN dans le procès que celui-ci intentait à FINKIELKRAUT qui avait cru devoir le traiter de « juif antisémite ». Ceux qui ignoreraient qui est Eyal SIVAN, peuvent être pardonnés. Ce cinéaste israélien est pratiquement inconnu des cinéphiles tel-aviviens et a réussi à se faire un petit nom en France en filmant un coiffeur de Ramallah qui faisait immanquablement penser au coiffeur du Shoah de Lanzman et en commettant un articulet dans le Monde dans lequel il expliquait que les juifs français ne pouvaient se plaindre, en pleine Intifada, des violences qu’ils subissaient dès lors qu’ils maintenaient leur solidarité avec Israël. Flash-back. Un jour que je donnais une conférence au Press Club, pour présenter mon dernier bouquin, et que BENBASSA et son mari et collaborateur m’apportaient la contradiction, je vois et j’entends un type au fond de la salle, doté d’un fort accent hébraïque, m’accabler de reproches dont je percevais mal la cohérence. Le lecteur voudra bien ne pas prendre pour pure vantardise l’affirmation que j’ai immédiatement devinée que j’avais en face de moi Eyal SIVAN. C’est donc en faveur de celui-ci que Théo KLEIN est venu témoigner, non pas pour défendre sa liberté d’expression, comme il a prétendu le faire en faveur d’Edgar MORIN, mais pour obtenir la condamnation de FINKIELKRAUT, sans doute coupable d’avoir utilisé la sienne. Disons maintenant les choses. Je me moque comme d’une guigne qu’Esther BENBASSA ou Théo KLEIN témoignent ou pétitionnent à tour de bras. Leurs prises de positions me sont assez indifférentes. Quoique, en ce qui concerne Théo KLEIN celui-ci n’a pas l’excuse de ne pas être intelligent. Ce qui me pose problème, c’est que ce sont ceux-ci, en priorité, qui sont consultés doctement par la presse nationale es qualité d’experts en antisémitisme. C’est précisément à une partie de cette presse ravie que nos spécialistes expliquent gravement qu’Ilan HALIMI n’est pas mort de l’antisémitisme. Et le pire, c’est lorsque la piétaille juive vient exprimer sa douleur et son incompréhension devant des positions aussi saugrenues, nos experts se drapent dans le voile d’un spinozisme courageux et martyrisé par les siens. On décrit souvent de tels juifs comme animés par la haine de soi. Quelle sottise. Voilà une haine peu meurtrière. Leurs épines s’appellent France Inter, le Monde ou Témoignage Chrétien. Il est des chemins de croix plus douloureux. Etrange haine de soi qui consiste sans doute à trop s’aimer. G.W.G.