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VALEURS ACTUELLES 20 mars 2017
Tribune. Chaque semaine, Gilles-William Goldnadel propose aux lecteurs de Valeurs actuelles son regard sur l'actualité.
C'était jeudi dernier lors de la revue de presse matinale de France Inter. La préposée à cette tâche de la radio active, contaminée depuis si longtemps par l'idéologie qu'elle finit par diffuser sans rire un gaz hilarant, en fit son ouverture. Brigitte Bardot s'était confiée à Valeurs Actuelles et à en juger à ses idées, l'interviewée était bien assortie à son intervieweur. À écouter la préposée délicieuse mais choquée, le vert langage de Brigitte était digne du charretier: À la question de notre cher André Bercoff relative à l'Union Européenne, Brigitte répondit en effet: “il faut en sortir. Bruxelles nous casse les burnes”.
Waouh ! Ça dépote ! On comprend l'émotion dans les studios. La voix de la France se faisait soudainement aphone.
On ne s’exprime pas ainsi sur France Inter. Oh bien sûr, il y a les petits copains de la bande à Charline qui font parfois dans le pipi caca, mais ils sont jeunes, ils ont l'âge pour çà. Il y a Pablo Mira, qui de temps à autres appelle à flinguer un président élu, mais c'est pour rire, turlututu chapeau pointu. Il y avait aussi Mehdi Meklat “Arthur Rimbaud des banlieues”, selon France Inter, qui officiait sur cet organe radiophonique arbitre du bon goût. Celui qui écrivait dans Burn out (page 113) : “j'ai glissé ma main sous sa jupe. Salope… Salope continue… Il avait suffi qu'elle mette sa bouche sur ma queue pour que j'éjacule”. C'est autrement plus distingué que les burnes de la Brigitte.
Ce Mehdi qui gazouillait encore: “Faites entrer Hitler pour tuer les juifs” et dont Pascale Clark écrivait finement le 18 février 2017 qu'il ne “fut que poésie, intelligence et l'humanité”. Propos réitérés lors du journal de 13 h sur France Inter le 21 février.
Alors oui, comment après une telle délicatesse d'esprit et de langage adoubée par notre radio nationale de service public, un journal aussi ignominieux que Valeurs Actuelles peut-il se laisser aller à interviewer une aussi méchante femme qui se permet de dire : “Depuis mon enfance, j'adorais les animaux. Quand je tournais des films, notamment au Mexique, au Brésil et même en France, il m’arrivait de croiser des chiens et chats abandonnés, efflanqués, affamés et me traversait un irrépressible besoin de les secourir. Puis j'ai découvert l'horreur des abattoirs, le massacre des bébés phoques et autres indicibles manifestations de la cruauté humaine envers les animaux, et un jour je me suis dit : ça suffit comme ça. J'ai décidé d'arrêter le cinéma et de me consacrer entièrement à cette lutte”. Méchante femme. Et encore: “J'ai été élevée dans l'honneur, le patriotisme, l'amour et le respect de mon pays. Quand je vois ce qu'il est devenu, je suis assez désespérée”. Méchante femme. Méchant journal qui lui ressemble.
Heureusement, pour France Inter, il existe des artistes bobos en France qui ne sont pas Brigitte Bardot. Ils sont bonbons et délicieux et on n'en dira que du bien très sucré. Houda Benyamina, par exemple, sacrée par les Césars mais dont le site est en “maintenance” depuis la révélation de ses messages antisémites et conspirationnistes. Ou encore Oulaya Amamara, “meilleur espoir féminin” lors des Césars 2017, et dont les tweets racistes et homophobes ainsi que son goût culinaire prononcé pour la quenelle sauce Dieudonné ont été révélés, mais certainement pas dans la revue de presse de France Inter.
À condition de les écouter avec légèreté, les ondes radio actives font des bourses d'acier.