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Publié le 05/12/2016
Hollande, Cambadélis et Royal à Cuba: Le naufrage du Parti socialiste
FIGAROVOX/CHRONIQUE - Le patron du PS a remis en cause toute la stratégie du quinquennat en cours, estimant comme Martine Aubry que le président avait été «flou». Pour Gilles-William Goldnadel, François Hollande ne peut être tenu comme seul responsable de l'échec de la gauche.
Gilles-William Goldnadel est avocat et écrivain. Il est président de l'association France-Israël. Toutes les semaines, il décrypte l'actualité pour FigaroVox.
Rarement à court d'un argument baroque, Jean-Christophe Cambadélis nous a livré ce dimanche sur RTL son explication définitive sur l'impopularité de François Hollande.
Le premier secrétaire du Parti Socialiste va chercher loin derrière les causes de la déconvenue. Il se fait historien. Il rappelle que Martine Aubry qualifiait le programme de François Hollande de «flou».
«Elle avait raison et je n'ai pas compris que les gens qui étaient en accord avec elle (Arnaud Montebourg ndlr) ne l'aient pas soutenue au deuxième tour. Et à partir de là s'est composé un gouvernement où il y avait deux lignes, d'où les couacs, les cacophonies.»
Vous avez bien lu: M. Cambadélis remet ainsi en cause toute la stratégie développée par le président de la république au cours de son quinquennat. Peut-être aurait-il été bien inspiré de nous faire part de ses vues avant une déconvenue publique qu'il est autorisé de trouver tristement pitoyable, même lorsqu'on a le coeur à droite.
Et si on allait chercher des ingrédients moins indigestes dans le pot de déconfiture ?
Tous ne sont pas à placer uniquement au débit du président décevant, mais aussi à un système médiatique ultra-critique et systématiquement négativiste envers les politiques. A fortiori lorsqu'ils ne font pas le poids requis.
L'homme Hollande est ce qu'il est. Intelligent mais avant tout madré. Sympathique plutôt que gentil. Un physique trop normal, encore que quelquefois, révérence gardée, un peu ahuri sur la photographie.
Un caractère aussi à l'indécision trop anormale.
Les artistes pétitionnaires du JDD, contempteurs de ce qu'on a appelé le «Hollande bashing», l'avaient oublié, mais ce qui n'était pas qu'un phénomène imaginaire, avait succédé à un «Sarkozy bashing» peut-être encore plus extravagant dans lequel l'ancien chef d'État était accusé régulièrement de tenir entre ses mains la presse et d'être une manière de fasciste.
Le monde médiatique serait bien inspiré de penser avec humilité que la perte de crédibilité dont il souffre dans le public puise partie de ses raisons dans l'exaspération qu'il suscite devant son sentiment de supériorité morale à l'égard des autres acteurs de la société, en ce compris les politiciens.
À cet égard, il était quelque peu piquant de voir les deux journalistes auteurs d'un livre au titre assassin venir plaindre un peu tard l'homme un peu trop bavard. Lorsqu'on lit l'ouvrage qui porta l'estocade, le plus pathétique est d'y apprendre que le confident incontinent escomptait beaucoup de celui-ci.
Étrange époque transparente donc impudique, où les oreilles ont remplacé les murs, et où il n'existe plus de secret, ni d'alcôve, ni d'État.
Quoi qu'il en soit, et pour reprendre au passage la combien tardive critique Cambadélis sur le programme Hollande, il apparaissait clairement à ceux qui avaient des yeux que le candidat «normal» n'avait ni la taille de l'emploi ni les moyens de ses promesses.
Et pourtant il fut élu. Sans insulter le scrutin démocratique, il faut bien constater que souvent le citoyen électeur à une conduite sadomasochiste. Il adore chasser du lit royal le souverain qui l'occupe pour y mettre à sa place un nouvel amant plein de promesses auxquelles il feint de croire, pour avoir l'étrange plaisir quelques moments plus tard de se dire cornard.
En conséquence, et pour être en la circonstance, ni populiste, ni démagogue, la faute première d'avoir élu le premier des Français incombe à ces derniers.
Ayant donc plaidé quelque peu à décharge mais sans conviction, vient le réquisitoire sans excès de passion.
Laissons de côté un bilan économique et social assez calamiteux.
Le fiscalisme idéologique aura définitivement terrassé la compétitivité des entreprises avec ses conséquences sur l'emploi. Toutes les tentatives ultérieures d'y remédier en jouant petit bras auront été autant de cautères sur une jambe de bois.
Mais c'est évidemment l'affaire Léonarda qui aura définitivement cloué justement le tergiversant sur la croix.
Jamais autant que ce jour là les Français n'avaient pu constater, avec autant d'effroi, à la fois l'arrogance d'une certaine immigration illégale et forcée à l'égard de la France, et à la fois la faiblesse insigne et obséquieuse du représentant suprême de la gauche morale à l'égard de celle-ci.
Les Français avaient bien compris que c'était moins par charité mal ordonnée que par soumission à une idéologie que j'oserais nommer «altérophile», bien en cour à gauche, que le président s'était couché devant une jeune fille ingrate.
Le fait que dans ses confidences du soir à ses deux visiteurs, il ait décrit l'immigration massive comme invasive et insupportable et l'islam comme inquiétant constitue a posteriori une circonstance aggravante.
Un président ne devrait pas faire ça lorsqu'il dit tout bas comme le gros de son peuple.
M. Cambadélis devrait bien se faire à la réalité: qu'il n'aille pas chercher l'explication trop loin. Les gens de ce pays ne supportent plus sa gauche. Moins pour des raisons économiques il est vrai, que pour des raisons sociétales et culturelles.
La réaction dont le président définitivement sortant est la victime est profonde dans ses causes et épidermique et urticante dans ses effets.
Et ce n'est pas l'extravagant discours de Mme Royal, rendant un hommage appuyé au régime castriste qui mettra du baume sur la plaie irritée.
La semaine dernière, dans ces mêmes colonnes, je faisais un sort aux sorties du secrétaire général du PCF, de Mme Clémentine Autain, féministe radicale mais adoratrice des barbus de tous poils, et de Jean-Luc Mélenchon, conservateur officiel du souvenir de Maximilien Robespierre.
Que les marxistes invétérés célèbrent un dictateur du prolétariat fantasmé est une chose, que la numéro trois du gouvernement les imite idéologiquement servilement, en dit long sur l'état intellectuel et mental de la gauche morale.
En bonne antifasciste, elle aurait évidemment poussé le cri Hitler! si les autrichiens avaient choisi Hofer.
Voilà ce qui désormais irrite les Français.
François Hollande aura désormais tout le loisir d'expliquer cela à M. Cambadélis et à son ancienne compagne. À voix basse.