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Publié le 12/12/2016
Le délit d'entrave numérique contre la rébellion électronique des gueux
FIGAROVOX/CHRONIQUE - La gauche a créé un nouveau délit d'entrave numérique contre les sites anti-IVG. Pour Gilles-William Goldnadel, vouloir défendre à ce point un droit à l'avortement nullement attaqué pourrait dissimuler une pulsion destructrice contre la liberté.
Gilles-William Goldnadel est avocat et écrivain. Il est président de l'association France-Israël. Toutes les semaines, il décrypte l'actualité pour FigaroVox.
Mes fidèles lecteurs savent que je ne répugne pas à questionner la psychologie collective, derrière les comportements politiques apparemment inexplicables. Je tenterai donc de soumettre la loi liberticide réprimant les prétendues désinformations électroniques sur l'avortement à cette analyse. Je ne reviendrai pas sur la loi elle-même, tout a été écrit, et bien, à son propos et notamment dans ces colonnes.
Les socialistes, à l'origine de ladite loi, n'ont aucune raison de craindre la moindre menace sur le droit à l'avortement, et ils font, au demeurant, à peine semblant. À un premier degré d'explication, le simple fait de s'interroger moralement et à voix haute sur l'avortement, ou sur ses dérives abusives, leur apparaît comme une faute morale consubstantielle.
Le fait que François Fillon ait pu ainsi publiquement indiquer qu' «à titre personnel» il était hostile à l'avortement même s'il reconnaissait sans enthousiasme excessif obligatoire le droit légal des femmes à le pratiquer librement , dans le droit fil de la loi Veil, a été en conséquence considéré comme un crime de lèse-féminisme.
«À titre personnel». Il n'en fallait pas plus pour qu'Augustin Trapenard, reprenne ironiquement cette antienne la semaine dernière sur l'antenne . Sur France Inter, avec Josiane Balasko, représentante emblématique de l'artiste progressiste, on s'en donna à coeur-joie pour railler, à titre personnel, le représentant désormais emblématique de la pensée conservatrice. Avec cette manière supérieurement goguenarde que l'on entend plus désormais que dans les micros du microcosme capitonné de service public, la comédienne fit observer finement, du moins le croyait elle: «que les adversaires de l'avortement étaient généralement les partisans de la peine de mort». Puis-je faire remarquer respectueusement que l'argument - faux - est inopérant parce que réversible, car généralement les partisans les plus résolus de l'avortement sont également les plus déterminés à considérer la peine de mort donnée aux assassins comme le crime absolu ? Exception faite, bien entendu lorsqu'elle est donnée collectivement et massivement par Castro et autres héros sur des braves gens.
À titre personnel, et ne considérant pas religieusement la vie, je me permettrai de dire que je suis très modérément en faveur du droit à l'avortement et de l'abolition de la peine de mort, même si je me garderais bien de couvrir d'injures ceux qui ne partagent pas mon avis, tant le mien est peu assuré.
C'est dire que je me garderais bien également de restreindre leur liberté. Il est vrai que je ne suis pas socialiste.
À ce stade en conséquence, je n'écarte pas l'idée que sous ce comportement irrationnel de vouloir défendre à ce point un droit à l'avortement nullement attaqué, se dissimulerait dans l'ombre une pulsion destructrice de mort, en tous les cas morbide.
En tout état de cause, et a un second niveau d'analyse, cette rage de colère rouge à vouloir interdire et sanctionner une prétendue désinformation sur la toile - nullement avérée - dissimule à peine l'impuissance à combattre cette rébellion électronique irrésistible des gueux contre feu la toute-puissance de l’idéologie gauchisante.
On assiste en effet de part et d'autre de l'Atlantique, et davantage encore depuis l'élection de Donald Trump, à une attaque en règle par la pensée conforme: ici contre la fâcheuse sphère, là-bas contre des sites de désinformation répandant paraît-il une «post-vérité» qui seule pourrait expliquer la folie populiste.
L'idéologie à la domination désormais contestée devrait s'interroger, si toutefois elle était accessible au doute, sur les raisons de cette désaffection d'un public dubitatif et ambulant qui l'a fait migrer du papier à l'écran.
Je ne méconnais certes pas les dangers d'Internet, mais la désinformation idéologique ne l'aura pas attendu.
C'est dans un journal en papier que les lecteurs du Monde ont pu croire, à lire son correspondant au Cambodge, que la population de Phnom-Penh, en liesse, faisait un accueil fleuri à ses libérateurs Khmers rouges.
Deux jours plus tard, la même population était jetée sur les routes, avant le génocide communiste.
C'est sur un écran télévisé de la deuxième chaîne nationale de service public que son correspondant à Jérusalem, sans le moindre élément factuel, affirma péremptoirement qu'un petit palestinien avait été assassiné froidement dans les bras de son père par la soldatesque israélienne. Daniel Pearl, journaliste et juif, comme beaucoup d'autres depuis, a été assassiné par les islamistes sous la photo du petit «martyr» Mohamed Al Dura.
Hier encore, CNN, suivi allègrement par le Monde, affirmait que Donald Trump allait poursuivre son activité dans la télé-réalité pendant sa présidence dans le cadre de l'émission «Celebrity Apprentice». Patatras ! Dans un tweet joyeux qui a le don de mettre en rage les soi-disant sérieux, le président élu les démentait gaiement.
On remarquera dans ces trois désinformations choisies parmi des milliers, qu'elles ont en commun de faire plaisir à l'informateur désinformant.
Bien entendu, la désinformation la plus efficace réside moins dans les mensonges contrôlables que dans les informations soigneusement cachées.
Ainsi on remarquera qu'à l'exception de Valeurs Actuelles, aucun média national n'aura révélé que la présidente du Syndicat de la Magistrature venait d'être, par décision de la Cour de Cassation, définitivement renvoyée devant le tribunal correctionnel dans la célèbre affaire du mur des cons.
Il est vrai que pareille information n'était pas de nature à plonger la presse convenue dans un état profond d'exaltation.
En dépit de toutes ces désinformations et désinformations, il n'est pas à craindre que le pouvoir socialiste fulmine une nouvelle loi de répression.
Seul, le droit à la liberté de dire sa part de vérité idéologiquement contestée est légalement avorté.
Mais ils peuvent toujours vitupérer, tempêter, excommunier, menacer, sanctionner, le pouvoir encoléré et son idéologie imprimée sont aujourd'hui impuissants à impressionner le lecteur et demain l'électeur.