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5 décembre 2016
Tribune. Chaque semaine, Gilles-William Goldnadel propose aux lecteurs de Valeurs actuelles son regard sur l'actualité.
On peut gloser longtemps sur les causes de la déconfiture assez pitoyable - au sens littéral - de François Hollande.
L'une des plus puissantes, au-delà du manque de carrure d'un homme trop normal et de l'indécision trop anormale de son caractère, repose sur l'exaspération populaire grandissante qu'inspire désormais la gauche française. Et l'hommage vibrant rendu hier dimanche par Ségolène Royal, à la Havane, au bilan de Fidel Castro - rejetant dédaigneusement les accusations de violation des droits de l'homme - ne fera rien pour calmer une irritation devenue urticante.
Que la semaine dernière, Pierre Laurent, petit timonier du PCF, Clémentine Autain, féministe mais adoratrice de barbus de tous poils, ou Maximilien Mélenchon, chaveziste estampillé, se soient incliné devant la mémoire du dictateur de La Havane reste dans le triste ordre gauchisant des choses. Mais que l'une des incarnations les plus emblématiques de la gauche morale et moderne ait pu les contrefaire, montre à quel point encore les socialistes demeurent, envers et contre tout, à la remorque idéologique de la radicalité marxiste.
Il est inutile d'indiquer à Mme Ségolène, qu'ainsi que je l'écrivais la semaine dernière dans le Figaro, Castro n'était pas seulement un dictateur, mais aussi un boucher et un équarrisseur. Elle s'en moque royalement. Elle aurait tout de même été bien inspirée de consulter l'article du Wall Street Journal du 30 décembre 2005. Cela aurait pu tempérer sa très pieuse homélie. Elle y aurait appris que le 27 mai 1966, 3,5 litres de sang par personne furent médicalement ponctionnés sur 166 détenus par décision personnelle de Fidel Castro, puis vendus au Vietnam communiste au prix de 100$ le litre. Après la prise de sang, 866 condamnés furent emmenés sur des brancards et assassinés froidement. Un anti-communiste primaire aurait parlé de vampirisme plutôt que de socialisme révolutionnaire.
Notre numéro trois du gouvernement, qui exige des preuves avant que d'écorner la mémoire de son héros humaniste, aurait dû également prendre connaissance du livre « Cuba, une révolution » de l'historien Miguel A. Faria, ou des articles de Jacobo Machover, le célèbre dissident. Elle y aurait appris que selon les estimations les plus crédibles 40 000 personnes ont été assassinées pour raisons politiques depuis la prise de pouvoir par Castro en 1959. Elle qui exige des preuves, aurait pu également s'entretenir avec Christophe Deloire, président de Reporters Sans Frontières, qui rappelait la semaine dernière que Cuba occupe la 171ème place (sur 180) au classement mondial de la liberté de la presse.
Si je m'appelais Royal, je prendrais exemple sur l'actuel souverain républicain, j'éviterais de me présenter à nouveau devant les électeurs. Bien entendu, Mme Royal, en pâmoison devant Fidel, aurait crié au nazisme devant l'élection démocratique de Mr Hofer à la présidence autrichienne.
C'est beau l'antifascisme de la gauche morale.