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14 novembre 2016 1 14 /11 /novembre /2016 14:52

Paru dans FIGAROVOX - lefigaro.fr http://www.lefigaro.fr/vox/   

http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2016/11/14/31001-20161114ARTFIG00072-donald-trump-quand-les-electeurs-donnent-des-lecons-aux-donneurs-de-lecon.php

Publié le 14/11/2016  

Donald Trump: Quand les électeurs donnent des leçons aux donneurs de leçon   

FIGAROVOX/CHRONIQUE - L'élection de Donald Trump a étonné les médias américains. Pour Gilles-William Goldnadel, les leçons de morale de l'establishment, en France comme aux États-Unis, sont désormais contre-productives.
 
Gilles-William Goldnadel est avocat et écrivain. Il est président de l'association France-Israël. Toutes les semaines, il décrypte l'actualité pour FigaroVox.

 

 

Les médias conformes sont trop modestes. Au lendemain de l'élection de Donald Trump, un éditorialiste d'une radio française d'État disait «son impuissance». À l'entendre, les journalistes cultivés n'avaient pas été en mesure d'empêcher l'arrivée d'un butor borné.   
 
L'homme, sûr de son intelligence raffinée, se trompait totalement.
Car je soutiens au contraire que de nombreux électeurs, tout aussi raffinés que notre commentateur déprimé, sont venus, pour cause de révolte devant l'expression satisfaite, intolérante, sentencieuse, de médias convenus et unanimes, grossir les rangs de l'électorat populaire promis naturellement au candidat «populiste».
 
Pour le dire autrement, la question se pose de savoir à présent si le matraquage médiatique de la pensée obligatoire n'a pas, aujourd'hui que celle-ci a perdu de son magistère moral et intellectuel, un effet contre-productif sur l'usager qui souffre en silence, mais se revanche ensuite avec d'autant plus de jubilation.
Pour le dire encore autrement, depuis que l'usager possède le décodeur médiatique et que, notamment, l'injonction prétendument antiraciste a perdu de son effet d'intimidation, si le citoyen souffre toujours d'un surmoi social qui lui fait cacher au sondeur ses idées, il craint moins moralement de les exprimer dans l'isoloir.
 
D'où un vote toujours caché. Une mobilisation moins grande du camp faussement majoritaire. Et le résultat final que l'on sait.        
Et compte tenu de la réaction intellectuelle et médiatique au lendemain de l'élection du candidat mirobolant, il y a peu de raisons que cette réaction de révolte change, et ce y compris en France.        
 
Ce qui ne signifie certainement pas que tous les électeurs de Donald Trump apprécient la pensée brute de l'homme décoiffant et ses rudes manières, ou qu'en France tous les électeurs putatifs des candidats dits populistes approuvent entièrement ces derniers.
 
Ceci signifie que la révolte devant la pensée convenue et son expression verrouillée est telle, qu'elle donne envie avant tout à de nombreux électeurs de se donner la joie mauvaise de donner une leçon aux donneurs de leçons. 
Quelques exemples de ce lendemain d'élection illustreront notre propos vengeur.
Les manifestations d'abord des mauvais perdants, qui pleurent, trépignent et allument des bougies. Quand ils ne regrettent pas l'élection démocratique au suffrage universel qui autorise des bouseux incultes à donner leur avis. Bientôt New York et Philadelphie voudront fusionner avec Londres et l'Écosse pour former une république libre et multiculturelle.
 
Les commentaires des commentateurs ensuite qui expliquent tranquillement, que tout compte fait, et après examen du scrutin, ce sont les riches qui ont voté pour le milliardaire.
 
Le portrait du vainqueur brossé par quelques moralistes autoproclamés a de quoi également irriter l'épiderme de quelques hétérosexuels blancs tels que Madame Ernotte voudrait ne plus en voir. Lu ce gazouillis sur Twitter d'une militante écologiste bien connue à propos du triomphant: « Il est blanc. Il est sexiste. Il est raciste. Il est démagogue. Il est con. Il est dangereux. Ils l'ont élu.»
On notera donc le premier défaut chromatique et rédhibitoire reproché au président élu.
 
Effectivement, ce qui caractérise sans doute le plus l'élection américaine - et qui est perçu au moins confusément par les électeurs - est la racialisation à outrance de celle-ci. Ceux qui auront mis en avant obsessionnellement le racisme unilatéral des blancs à l'égard des Noirs et des latinos, dont ils réclamaient le vote unanime, sont mal placés pour s'en plaindre aujourd'hui. Ils auront réussi l'exploit de faire renaître chez l'homme blanc hétérosexuel américain, forcément raciste et sexiste, un sentiment d'appartenance qui lui était jusque-là défendu et la conscience révoltée de l'existence d'un racisme anti blanc alimenté par l'antiracisme sélectif idéologique de la gauche américaine xénophile.
 
Certains, mais un peu tard, commence à s'en apercevoir. C'est ainsi que dans une lettre à ses lecteurs, Arthur O.Sulzberger Jr, l'éditeur du New York Times, quotidien gauchisant sans doute le plus en pointe dans la croisade morale contre le président élu, se sentait dans l'obligation d'écrire au lendemain de la défaite de celle qu'il soutenait radicalement: «Nous entendons nous recentrer sur la mission fondamentale du journalisme du Times et qui consiste à rapporter honnêtement ce qui se passe en Amérique et dans le monde, sans crainte ni faveur.… Désormais le journal va s'efforcer de comprendre toutes les perspectives politiques».
 
Et Michael Goodwin, journaliste au New York Post, d'enfoncer le clou profondément: «Parce que le New York Times a diabolisé Trump du début jusqu'à la fin, il n'a pas été capable de se rendre compte que Trump avait mis la main sur quelque chose de réel. Et parce que le quotidien avait décidé que ceux qui soutiennent Trump étaient des tas de beaufs racistes et homophobes, il n'avait pas la moindre idée de ce qui se passait dans la vie des Américains qui l'ont élu.»

Certains médias français seraient bien inspirés de faire, eux aussi, leur examen de conscience, avec humilité. Ce n'est pas gagné.    
        
Un dernier exemple, en effet, de ce qui pourrait révolter le plus placide des usagers des médias hexagonaux: Entendu ce samedi matin ce billet sur la radio active de service public.
 
De la bouche d'un incertain «humoriste», un certain Pablo Mira:
«Trump c'est le candidat qui redonne aux Américains l'espoir, l'espoir qu'il soit assassiné avant son investiture»…       
 
On dira évidemment que c'est de l'humour bête et méchant.
Le problème, à la radio d'État, c'est que tous les humoristes ont le sourire qui penche vers le même coin. Leurs plaisanteries sont à sens unique obligatoire. Ils ne viendraient pas plaisanter en souhaitant l'assassinat de Barack Obama ou de Christiane Taubira.    
 
On a beau être vache. Il y a des vaches sacrées.    
 
Or, lorsque l'humour est unilatéral, ce n'est plus de l'humour total. Lorsqu'on souhaite en riant l'assassinat d'un homme que l'on déteste parce qu'on doit le détester parce qu'il est détestable, ce n'est plus de la plaisanterie. C'est du défoulement collectif et connivent.
 
Et sans risque, puisque rient tous en chœur, les bons qui ont bon cœur.
Il se trouve qu'il existe des deux côtés de l'Atlantique des auditeurs électeurs, qui, quand bien même ils ne seraient pas forcément attirés par les blonds ou les blondes, se sentent irrépressiblement démangés par l'envie de moucher les morveux qui jouent les courageux.       

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commentaires

B
J'ai plus rien à dire. Je laisse parler pour moi M.Goldnadel.<br /> Ce sera désormais mon porte-parole et j'espère qu'il sera invité prochainement à France Inter ou sur Arte pour <br /> défendre mon point de vue.
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