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Les causes de l'islamisme criminel n'ont rien de mystérieux
Publié le 18/07/2016
FIGAROVOX/CHRONIQUE - Gilles-William Goldnadel dresse la liste des sept facteurs qui expliquent le développement du terrorisme islamiste.
Gilles-William Goldnadel est avocat et écrivain. Il est président de l'association France-Israël. Toutes les semaines, il décrypte l'actualité pour FigaroVox.
Par un très cruel paradoxe apparent, au fur et à mesure que la liste des suppliciés s'allonge, les raisons idéologiques du supplice vont commencer à disparaître. Pour le dire autrement, sous les coups de boutoir de l'horrible réalité, les sept piliers de la vérité confisquée sur lesquels l'islamisme criminel s'est arc-bouté sont en train de s'effondrer, un à un.
Le premier pilier reposait sur l'interdit du nom. On ne nomme pas l'islam, fusse-t-il radical et terroriste sauf à blasphémer. L'esprit du 11 janvier, contre lequel j'avais mis en garde au risque d'être excommunié, reposait tout entier sur une messe œcuménique et compassionnelle où l'on tairait le nom. La messe n'eut rien d'œcuménique, le nom fut tu et l'on continua de tuer en son nom.
Aujourd'hui, le pouvoir - pour autant qu'on puisse le nommer ainsi - aurait voulu ressusciter feu Charlie, frère de Oui-Oui, non par esprit de compassion, mais uniquement pour tenter d'éviter la reddition des comptes qu'une opposition jusque-là patiente jusqu'à l'excès s'est résolu enfin à exiger de lui.
Par une étrange logique, un ministre de l'Intérieur qui hier encore s'auto-congratulait pour une fête de l'Euro sans mort, refuse de tirer les conclusions politiques de cent morts sur une zone festive à Nice. Se livrant à un concours de vitesse pathétique avec l'assassin, il change d'avis sur son islamisme aussi rapidement que l'autre se serait radicalisé.
Le même ministre avait cru pouvoir prendre de haut les observations de la commission d'enquête parlementaire présidée par Georges Fenech et qui, en termes pourtant mesurés, n'accepte pas de mettre sur le dos de la seule fatalité le massacre du Bataclan et préconise une réforme des services de renseignement après avoir constaté leur défaillance à ne pas avoir mis hors d'état de nuire les trois terroristes que pourtant ils connaissaient.
Le premier secrétaire du Parti Socialiste, plutôt que d'adopter un profil modeste, a cru également devoir morigéner le président Fenech, dans l'espoir aussi inutile qu'indécent d'imposer le silence pour raisons lacrymales.
Quant à Christian Estrosi, celui-ci paraît-il, à en croire d'autres éminences socialistes, ne serait pas fondé à s'étonner des ravages causés par un homme seul sur une zone protégée, en plein état d'urgence.
L'unité nationale de façade d'hier a servi à cacher l'islam radical. Toute aussi factice, elle voudrait aujourd'hui dissimuler les responsabilités évidentes du système et les fautes éventuelles des hommes.
Le second pilier de l'islam terroriste repose sur la criminalité d'habitude de ses serviteurs, ou, plus exactement, la manière indolente dont la France a traité l'islamo-gangstérisme, pour reprendre l'expression de Malek Boutih. Par une triste loi commune, tous ceux qui ces derniers mois auront pourri la vie de la France et gâché des vies françaises sont des hors-la-loi issus de la petite ou moyenne délinquance de droit commun. Curieusement, personne ne s'est interrogé sur cette constante donnée. Elle ne s'explique pas uniquement par goût de la violence et de la transgression. Elle trouve son fondement dans la détestation profonde de la société française, de ses enfants et de ses lois. Elle s'inscrit sans doute également dans leur observation de la faiblesse insigne de la justice française dont les délinquants étrangers ou issus de l'immigration devinent confusément qu'elle ne se sent plus la légitimité, par mauvaise conscience, de punir réellement.
Le système est d'une perversité dialectique, car c'est précisément dans cette mauvaise conscience que les délinquants islamistes puisent complaisamment les raisons de leur ressentiment victimaire.
C'est là où le fatalisme désormais trop commode des autorités doit s'arrêter. Personne n'a la stupidité de prétendre que l'on peut éviter facilement l'acte suicidaire d'un fanatique déterminé à tuer, mais personne non plus ne peut soutenir que dans le carnage de Nice, la faiblesse judiciaire endémique n'ait sa part de responsabilité.
L'auteur du massacre est un ressortissant tunisien. Il disposait d'un titre de séjour temporaire. Pendant plusieurs années, il est acquis qu'il a commis divers vols et délits liés à sa violence. Plus récemment, il a fait l'objet d'une condamnation à une peine de prison assortie du sursis pour agression avec une arme. Il s'agissait donc d'un très mauvais sujet.
Dans une société humaine digne de ce nom, qui ne serait pas accablée par une mauvaise conscience pathologique, obligation est faite à l'étranger de se conduire convenablement dans le pays d'accueil, sauf à être renvoyé sur le champ. Il s'agit des règles traditionnelles de l'hospitalité. Le sens de ces règles a échappé depuis longtemps aux acteurs politiques et aux magistrats de l'ordre judiciaire qui n'y songent même plus.
Si tel n'avait pas été le cas, le massacre de Nice n'aurait pas été commis et une centaine de vies auraient été épargnées.
Si tel n'avait pas été le cas, l'islamo-gangstérisme ne caractériserait pas aujourd'hui lourdement la société criminelle française et ne constituerait pas le vivier naturel du terrorisme islamiste.
À lire ce qui précède, on aura compris que je ne fais pas porter sur le gouvernement actuel de gauche la responsabilité principale d'un drame dont les acteurs sont à trouver dans l'ensemble de la société politico-médiatique française qui s'est abreuvée de la même idéologie xénophile dès le biberon.
Il n'en demeure pas moins qu'une partie de la gauche gouvernementale aura encore aggravé le phénomène pernicieux.
Christiane Taubira, avec son lyrisme habituel, twittait au lendemain du massacre de Nice: «Nous n'avons plus de mots. Nous sommes simplement armés d'une certitude: nous sommes les plus forts».
Ces mots sont creux et aussi vides de sens que la politique judiciaire calamiteuse menée par l'ancienne Garde des Sceaux. Répugnance dogmatique devant l'enfermement qui constitue toujours la moins mauvaise des prophylaxies. Refus esthétique de la sévérité carcérale contre la récidive qui constitue la clé de voûte de toute politique judiciaire juste et dissuasive. Refus philosophique de la déchéance de nationalité pour les terroristes qui aura définitivement ruiné le peu de crédit qu'il restait à un chef de l'État qui avait eu le machiavélisme de gribouille de lui accorder sa propre confiance.
Christiane Taubira, par ses mots creux et sa politique pleine d'idéologie en toc, aura rendu moins forte la société française.
Le quatrième pilier qui soutient fermement le terrorisme islamiste s'appelle l'islamo-gauchisme. Je le nomme d'autant plus volontiers et souvent que j'ai constaté combien son usage agaçait ceux qui y participent peu ou prou. Je rappelle ici qu'il n'a rien à voir avec les musulmans mais tout avec les gauchisants qui, par détestation pathologique de l'Occident blanc et révérence obséquieuse symétrique pour l'altérité orientale, sont tétanisés par l'idée même de condamner cette dernière quelles qu'en soient les circonstances.
Cette idéologie reflexe sommaire demeure puissante dans les médias, à commencer par ceux d'Etat. Raison pourquoi, quoi qu'il arrive, la déraison médiatique commande de retarder l'heure de la vérité qui la fâche. Quoi qu'il arrive, on cachera à l'opinion le viol des femmes allemandes par l'Autre d'Orient, on tentera d'expliquer que le terroriste est un déséquilibré, un dépressif, un dément irresponsable. Tout sauf à devoir prononcer enfin, mais le plus tard, le mot qui fâche et qui fait tâche.
Le cinquième pilier n'est qu'un avatar du quatrième. Nous le nommerons l'antiracisme de pacotille. Sa méthode est la diversion. Le leurre psychologique. Il tend à faire croire que le gentil c'est l'Autre et que le méchant fait partie du peuple autochtone. Le danger principal viendrait en fait de lui. Le démon a plusieurs noms: l'extrême droite, l'ultra droite, le populisme. Notre premier ministre, ordinairement mieux inspiré, vient à présent d'inventer le danger de «trumpisation»…
On pourrait tout aussi bien l'appeler le loup. Car cet antiracisme de pacotille ne cesse de rejouer l'histoire du petit Pierre. À force d'avoir crié stupidement au loup brun depuis 30 ans, la société politico-médiatique française a été prise à revers par le loup vert. La vraie bête immonde, celle-là, raciste, antisémite, fasciste et terroriste. Mais vivante.
Le sixième pilier de l'islamisme criminel est enfoui bien profondément dans le refus idéologique de dire la réalité sans haine ni crainte. Il est faux de prétendre que la société française est menacée d'un accès purulent de racisme anti-musulman.
Elle en est incapable. Elle en est prémunie. Il n'est venu à la tête, même malade, même encolérée, d'aucun Français de souche de venir mortellement se revancher de l'islamisme contre un musulman parce qu'il était musulman. Tous les sondages montrent qu'au contraire, malgré les attentats, les Français regardent leurs compatriotes musulmans sans essentialisme agressif. Contrairement à ce qu'on voudrait faire croire, les Français ne se sont pas radicalisés mais se sont libérés radicalement.
Ils ne craignent plus, en dépit d'un chantage au racisme qui ne fonctionne plus, de mettre en cause une partie de l'islam politique ou guerrier. Ils ne craignent plus non plus de questionner l'immigration et les ratés calamiteux de l'intégration. S'ils savent que la majorité des musulmans français est paisible et pacifique, ils savent aussi qu'une minorité nombreuse de celle-ci regarde le terrorisme islamique avec complaisance et compréhension. Au demeurant, un sondage du très respecté Pew Research Center évalue ce nombre autour d'un pourcentage de 30 %. Ainsi, tout en innocentant justement la majorité des musulmans de ce pays, il commande malgré tout de dire les choses sans trembler.
Car, et c'est le dernier pilier, le plus imposant, le plus terrorisant aussi, sur lequel repose le terrorisme islamiste: l'immigration islamique et l'immigrationnisme idéologique qui la soutient.
Arithmétiquement parlant, il explique plus que tout la difficulté technique à endiguer le phénomène terroriste, tant le vivier à surveiller, quand bien même est-il connu, repéré et même fiché est nombreux. Et pourtant, dès les morts du terrorisme enterrés dedans la terre froide, l'islamo-gauchisme idéologique s'emploie à terroriser ceux qui excipent du principe de précaution pour refuser l'entrée massive et illégale de davantage de migrants islamiques.
Est-il, par exemple, tellement difficile d'objecter à la démagogie de la maire de Paris qui décide, sans concertation avec les populations concernées, d'installer des camps de migrants sans-papiers en pleine ville, les propos irresponsables de son responsable du logement, le communiste Ian Brossat, qui reconnaissait, sur mes questions, au micro de RMC, qu'il n'était pas question de reconduire les migrants non éligibles au droit d'asile ? Comment davantage montrer son mépris pour les lois du pays et le droit à la sécurité et au bonheur des habitants qui y demeurent ?
Mais peu importe après tout ce que peuvent continuer à dire ceux qui se cachent derrière les piliers du mensonge, la vérité est à présent une idée neuve en Europe.