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Hooligan, CGT, même combat ?
Publié le 13/06/2016
FIGAROVOX/CHRONIQUE - Après les violences commises par des hooligans anglais et russes à Marseille, Gilles-William Goldnadel esquisse une comparaison entre ces derniers et les blocages syndicaux.
Gilles-William Goldnadel est avocat et écrivain. Il est président de l'association France-Israël. Toutes les semaines, il décrypte l'actualité pour FigaroVox.
Combattons fermement les idées reçues et les stéréotypes stigmatisant. Le hooligan est bien plus intelligent et cultivé que l'on ne croit. Le hooligan est un fin observateur du paysage politique et sociétal français. Le hooligan, après un rapide examen de la situation sociale actuelle de la puissance organisatrice (encore que les substantifs puissant et organisation soient peut-être exagérés) a tout compris. Qu'il vienne d'Istanbul ou qu'il arrive de Moscou ou de Berlin, l'amateur de coups de pied, de tête et de pied dans la tête sait que le terrain français est plus hospitalier qu'à domicile.
Le hooligan allemand, malgré tout, arrivé à Paris, a dû être surpris.
Il a vu un syndicat sans grande représentativité en comparaison avec ceux de son pays, représenté par un leader aboyant des slogans et se réclamant d'un marxisme éculé, capable de mettre à genoux un pays aux abois. Notre visiteur s'est demandé s'il n'avait pas débarqué au Venezuela par erreur. Il a lu que des syndicalistes à Air France coursaient des cadres en chemise courte. Il a su que de nombreux bagagistes islamistes badgés portaient la barbe et la carte CGT. Il a vu le syndicat censurer des journaux en dehors de celui qui porte par humour le nom d'humanité. Il a vu des grévistes bloquer les usines et empêcher ceux qui voulaient travailler de le faire. Il a senti les poubelles empuantir Paris et ceux chargés du nettoyage se mettre au chômage et puis la CGT condescendre à lever les blocages tout en poursuivant le mouvement de ne rien faire. Il a cru entendre la maire de Paris dire merci. Le hooligan allemand n'a pas aperçu tant de trains ni d'avions. Notre trublion d'outre-Rhin s'est demandé carrément qui donc étaient ces gens qui ne respectaient même pas la fête du ballon rond. Il était surtout étonné qu'en période de terreur islamiste sanglante et d'inondations dévastatrices, un syndicat, même marxiste, ait aussi peu le sens de la nation, de son unité et du bien-être de son peuple.
Le visiteur a également été surpris de voir que le parti que l'on dit le plus national soit aussi compréhensif envers ce mouvement et montre ainsi peu de sens de l'État. Et peut-être aussi un manque de sens politique en tant que défenseur revendiqué de l'État-nation.
Et quelle réponse ce gouvernement fort en gueule et généreux en coup de menton a-t-il donnée, s'est demandé notre allemand, hooligan mais curieux ? Un bristol adressé par la ministre du travail au dirigeant de ce syndicat que d'aucuns disent voyou…
Notre hooligan s'est ensuite rendu place de la République. Il a été surpris de voir des somnambules divaguer debout et cogner la nuit sur de paisibles Veilleurs. Il était encore plus surpris de constater que le seul état d'urgence palpable était celui de prolonger l'emprise des somnambuliques sur la place dite encore de la République.
Quelques jours auparavant, notre Allemand avait constaté que des antifascistes fascistes qui se plaisent à crier «tout le monde déteste la police» dans ce pays dont le souverain et les médias moutons s'enorgueillissaient en janvier de son esprit Charlie si policé, avaient mis le feu à une voiture de police occupée par des policiers, avant d'être relâchés par la justice. Il s'est alors demandé pourquoi les policiers se donnaient encore le mal d'arrêter un nouveau suspect de cet incendie pour brûler vif un flic.
Il a lu aussi, qu'à Paris, une antiraciste raciste des Indigènes de la République avait applaudi le dernier attentat de Tel-Aviv. Les mêmes, en plein état d'urgence avait pu manifester dans la capitale pour hurler ces mêmes slogans que l'on peut entendre certains soirs dans certains stades d'Europe.
Alors, notre cousin germain un peu turbulent s'est dit que décidément, la France était un beau pays pour qui aime la violence impunie. Et qu'il ne s'était pas trompé de destination. Mais il s'est dit aussi que ceux qu'il avait vus mettre ce beau pays à genoux sans craindre de sanction, avaient bien le droit eux aussi de scander à tue-tête: «nous sommes tous des hooligans allemands !».