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Publié le 04/01/2016
Goldnadel: De quoi l'islamo-gauchisme est-il le nom ?
FIGAROVOX/CHRONIQUE - Gilles-William Goldnadel fustige les positions prises par la gauche radicale sur l'islamisme et en déplore la lâcheté.
Gilles-William Goldnadel est avocat et écrivain. Il est président de l'association France-Israël. Toutes les semaines, il décrypte l'actualité pour FigaroVox.
À plusieurs reprises, et davantage après les massacres commis par des islamistes en France et ailleurs, j'ai utilisé le concept d'islamo-gauchisme pour dire la responsabilité de celui-ci dans cet état d'esprit collectif qui a présidé à la situation politique, sécuritaire et psychologique qui aura débouché sur la situation dramatique actuelle.
Mais il est à présent temps d'esquisser une description de celui-ci.
Celui-ci a tout à voir avec le gauchisme et bien peu avec l'islamisme.
Il faut comprendre que c'est l'abhorration pathologique, après les horreurs de la Seconde guerre mondiale, de l'État-nation occidental et de toutes ses représentations par l'extrême-gauche internationaliste qui, par réaction, lui a fait adorer l'Autre, quelle que soit son attitude. À cette dilection systématique et extatique pour l'altérité, exempte de tout sens critique, a correspondu une mise à la question jouissive et obsessionnelle de tous les actes émanant de la société occidentale et de ses membres.
En raison du passé colonial revisité, de la démographie modifiée de force, de la montée en puissance de l'islam conquérant, l'Autre, idéal et idéalisé, ne pouvait pas mieux être incarné que par l'être musulman, devenu, par glissements successifs, une sorte de nouveau Juif souffrant, victime expiatoire de l'Occident post-hitlérien blanc et chrétien, consubstantiellement raciste. C'est dans ce contexte psychologique rien moins que conscient et rationnel, qu'il faut tenter de comprendre les postures prises par des acteurs politiques déterminés, mais qui souvent par calcul cynique ont débouché sur des impostures morales.
Rien de mieux, à ce stade, que quelques récents exemples.
C'est ainsi que les mouvements post trotskistes ou post-staliniens ont regardé avec concupiscence la population islamique comme un lumpenprolétariat à embrigader facilement, pour peu qu'on lui dise à l'oreille les mots tendres à entendre.
Un parti communiste, désormais plus à la rue que dans la rue, n'a pas hésité, dans les municipalités qu'il contrôle encore, à faire citoyens d'honneur des terroristes islamistes ayant du sang sur les mains.
La CGT, au lendemain des massacres du vendredi 13, a été contrainte de reconnaître que de très nombreux de ses syndiqués, notamment dans les aéroports, étaient en réalité d'inquiétants musulmans fondamentalistes.
Toujours après les tueries et comme si rien ne s'était passé, Clémentine Autain, porte-parole du Front de Gauche et partenaire électorale du Parti Socialiste en Île-de-France, n'a pas hésité à appeler à participer à un meeting «pour la paix» dans lequel les très pacifiques Tariq Ramadan et Indigènes de la République étaient présents. Gilles Clavreul, délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l'antisémitisme a condamné cette attitude. La Ligue des Droits de l'Homme, a déploré cette déploration…
La posture de la porte-parole mélenchoniste est au demeurant emblématique de cette imposture morale qui fait que l'extrême-gauche à principes hautains les renie dès qu'il s'agit précisément de sacrifier à l'idéologie islamo-gauchiste.
Les féministes les plus intransigeantes, comme la dame précitée, sont prises de cécité lorsqu'il s'agit de l'islam le plus misogyne ou homophobe.
Les antiracistes les plus vétilleux, d'une intransigeance affichée en matière de lutte contre l'antisémitisme, gardent la tête vissée vers l'extrême droite, jusqu'au torticolis, pour ne pas regarder en face la judéophobie obsessionnelle de l'islamisme.
La Ligue des Droits de l'Homme, autrefois laïcarde goulue lorsqu'il s'agissait de manger du curé, milite aujourd'hui en faveur du voile islamique.
L'ensemble des personnalités et organisations gauchisantes manifestent envers la peine de mort pour les pires assassins, une aversion radicale justifiée par leur respect sacré de la vie humaine. Il n'en demeure pas moins que leur compréhension pour la violence aveugle, depuis Sartre et Fanon, au moment des guerres algérienne, puis palestinienne, au nom de la désespérance et du juste combat résistant, aura confiné à la justification implicite.
Il va sans dire, en revanche, que la détestation habituelle de l'extrême-gauche pour les attributs d'autorité de l'État-nation occidental, sa police, son armée, ses moyens de renseignement, sa répression carcérale notamment, auront facilité la tâche à une violence islamiste issue du banditisme.
À ce stade, il convient de ne pas commettre deux erreurs: La première serait de penser que l'extrême-gauche serait par nature fatalement islamo-gauchiste. Ceci est inexact. Ainsi, le mouvement anarchiste ou encore Lutte Ouvrière se sont toujours gardés de sombrer dans une xénophilie symétriquement équivalente à la xénophobie.
La seconde bien plus grave erreur serait de penser que l'islamo-gauchisme se limite à l'extrême-gauche. Il n'en est rien. Depuis plus de 30 ans que cette extrême-gauche occupe médiatiquement et artistiquement un terrain inversement proportionnel au réduit qu'elle représente électoralement, elle aura irrigué de sa pensée impérieuse et surtout de son impensé irrationnellement xénophile et pathologiquement anti-occidental, donc antichrétien, l'ensemble d'une société civile que seul l'électrochoc des drames de l'année 2015 est en train de sortir de son état de décérébration.
Il est inutile ici d'écrire longuement que la propagande islamo-gauchiste aura largement contribué à attiser les feux d'un conflit israélo-arabe qui rend fou. Il suffit de visiter actuellement à la Maison des Métallos l'exposition sur Gaza, organisée avec la bénédiction de la Mairie de Paris, pour comprendre les ravages occasionnés par une rage antisioniste dont on connaît pourtant à présent les mortels effets.
Reste peut-être le plus important, qui ressort du domaine psychologique plutôt que politique.
L'islamo-gauchiste nourrit pour les thèmes de la pauvreté purifiante, de la jeunesse généreuse et de l'utopie réalisatrice une passion religieuse et sans freins.
La multitude exaltée, les foules enivrées, ou les masses encolérées le transportent.
La radicalité violente, le sacrifice suprême, le fascinent.
Comment ne pas voir dans cette description que cette faiblesse pour le totalitarisme vert du XXIe siècle est la même que celle qui égara, par révérence obséquieuse pour la victoire promise, goût de la transgression ou stupidité suiviste, les compagnons de route hitlériens ou staliniens.
Avant leur médiocre déroute.