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Publié le 15/12/2015
Goldnadel: Un front républicain contre «l'islamo-gauchisme» ?
FIGAROVOX/CHRONIQUE - Gilles-William Goldnadel s'étonne que l'on appelle à faire barrage au FN sans que l'on ne souligne jamais les alliances entre le PS et les «partis islamo-gauchistes».
Gilles-William Goldnadel est avocat et écrivain. Il est président de l'association France-Israël. Toutes les semaines, il décrypte l'actualité pour FigaroVox.
C'était mon premier article dans le Figaro. Presque trois décennies. Il s'agissait d'une sorte d'adresse à ma communauté d'origine dont l'organe prétendument représentatif avait réagi avec alacrité aux déclarations de l'ancien président Giscard d'Estaing, selon qui les Français considéraient désormais l'immigration excessive comme une invasion. J'incitais le judaïsme organisé à la réflexion.
J'écrivais notamment que «les responsables juifs ne devaient pas se montrer d'un réalisme d'acier s'agissant d'Israël et d'un angélisme de plume s'agissant de la France».
Comprendre la nécessité pour l'État juif de défendre fermement ses frontières et de se prévenir démographiquement d'un mortel «droit au retour» des Arabes de Palestine mais accepter de voir celles de la France ouvertes à tous les vents, sans craindre pour sa sécurité ou son identité.
Je confessais, en tant que fils d'immigrés, ne me sentir aucune solidarité naturelle avec un ouvrier islamiste de chez Talbot.
Enfin, je prévenais du leurre mortel de ne monter la garde avec une vigilance obsessionnelle qu'en scrutant jour et nuit la seule ligne de front National au risque d'être pris à revers par l'immense armée islamo-gauchiste.
J'expliquais que la bête immonde avait toujours su faire peau neuve pour tromper son pauvre monde.
Le président du Crif de l'époque me tança amicalement, avec ce brin de condescendance, qui affectait à l'époque les gens de gauche qui croyaient incarner l'intelligence et la générosité.
Les 30 années qui viennent de s'écouler ne m'ont, hélas, pas cruellement démenti, et la communauté nationale - juive comprise - a depuis largement pris la mesure de la bêtise xénophile et de la vanité de la démagogie gauchisante qui auront par leur terrorisme intellectuel permanent favorisé le terrorisme criminel.
Voilà pourquoi, après Ilan Halimi, après Merah, après Nemmouche, après l'HyperCacher, après le vendredi 13 novembre, lire encore sous la plume du président du CRIF un appel à voter contre le seul FN «populiste», sans la moindre référence aux dangers de l'extrême gauche populiste, m'aura plongé dans un état d'hébétude sidérée.
Les socialistes se sont alliés une fois de plus au PC et aux Verts. L'obscénité d'un tel accouplement ne méritait-elle pas la même réprobation ?
- J'ai rappelé à plusieurs reprises dans ces mêmes colonnes que plusieurs municipalités communistes de la région parisienne (Aubervilliers, Stains, Pierrefitte, Valenton, Bezons, la Courneuve, Vitry, Gennevilliers etc.) ont fait citoyens d'honneur de leur commune des terroristes tueurs de juifs en France comme en Israël. Comment, après les récents massacres, des représentants des juifs de France peuvent-ils encore tolérer de tels accommodements lorsqu'ils se piquent de vouloir donner des consignes de vote ? Ne voient-ils pas, pour ne prendre qu'un exemple parmi mille, qu'il existe un populisme islamo-gauchiste mortifère qui fait que l'on découvre soudainement des centaines de cégétistes islamistes radicaux dans nos aéroports ?
- Les Verts français font montre depuis toujours d'un antisionisme radical et permanent. Jacques Boutault, leur représentant dans le 11e arrondissement, était présent en Juillet 2014 lors d'une manifestation après Gaza aux côtés de progressistes qui criaient «mort aux juifs !». Jean-François Placé et François de Rugy, qui ont heureusement quitté ce parti «pas comme les autres», ont eu la clairvoyance de dénoncer ce travers antisioniste pathologique.
Il est vrai que certains notables juifs de France ne sont pas très différents de certains de leurs alter ego européens. C'est ainsi que dans l'édition du Jérusalem Post du 3 décembre, le remarquable éditorialiste Isi Leibler tempérait l'extatisme pour les migrants de certains de ces caciques désinvoltes. Il raconte la récente visite du grand rabbin britannique Éphraïm Marvis dans un camp de réfugiés de Macédoine: celui-ci après n'avoir pas hésité à comparer la situation de ceux-là avec la Shoah… fut invité à dissimuler sa kippa sous une casquette de base-ball pour ne pas les offenser … (également dans le London Jewish Chronicle).
Depuis 30 ans j'affirme que la tolérance de l'intolérable union électorale entre les socialistes et les partis islamo-gauchistes - alors que dans le même temps on vitupérait sans relâche une alliance droite-extrême droite qui n'a jamais existé - a constitué une faute politique et morale majeure.
- Elle a conféré une respectabilité à des groupes radicaux - et à leur discours - qui ne méritaient que la réprobation.
- Elle a contribué à une gauchisation par contamination d'un parti socialiste qui commence seulement à sortir imparfaitement de ses songes creux multiculturalistes, alors que le pays avait besoin d'une gauche responsable.
Dans ce sombre contexte, 30 ans après tant d'erreurs, trente jours après la dernière saignée, que l'organe censé représenter les juifs de France, qui pour la plupart ont bien compris, n'ait toujours rien appris, en se conduisant comme une sorte de succursale d'un SOS-Racisme en faillite, qu'il n'aie toujours pas guéri d'une hémiplégie intellectuelle et morale qui a tant coûté, défie l'entendement.
Il n'est pourtant pas interdit aux prétendus représentants d'une communauté qui passe pour intelligente de réfléchir entre deux massacres.