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Publié le 22/12/2015
Goldnadel: Pourquoi la droitisation dépasse la France
FIGAROVOX/CHRONIQUE - Pour Gilles-William Goldnadel, le monde occidental glisse lentement vers la droite en raison du refus de politiques sociales et sociétales menées par la gauche.
Gilles-William Goldnadel est avocat et écrivain. Il est président de l'association France-Israël. Toutes les semaines, il décrypte l'actualité pour FigaroVox.
La droitisation de l'opinion publique concerne la France mais la dépasse. Elle concerne l'Europe, mais pas uniquement ce continent. Elle concerne, en réalité, l'ensemble du monde occidental.
L'évolution des idées, neuve en Europe, concerne davantage le domaine sociétal qu'économique. Si on veut résumer les causes de celle-ci, on peut dire que les occidentaux n'ont plus honte d'être ce qu'ils sont. Et si on veut être encore plus cru et davantage chromatique, on peut également oser formuler que le Blanc ne rougit plus de l'être.
À cela, deux raisons, l'une fondamentale, l'autre conjoncturelle.
Dans mes Réflexions sur la question blanche, j'ai décrit la Shoah comme un séisme dévastateur ayant ébranlé la structure même de l'inconscient collectif occidental jusqu'à rendre fou l'homme blanc désormais persuadé qu'il avait commis en raison de ce qu'il est le crime des crimes. L'extrême gauche xénophile a capitalisé pendant un demi-siècle sur cette confusion majeure et névrotique. Le glissement général vers la droite de la couche tectonique du terrain politique a pour conséquence première, la guérison lente et progressive, avec le temps, d'une névrose constamment entretenue.
Les conséquences de celle-ci ont fini par exaspérer le malade, d'autant plus que celui-ci, en cours de rémission, devenait plus apte et lucide à percevoir, sinon les causes de sa maladie, au moins les acteurs responsables de sa souffrance. L'immigrationnisme et ses ravages, la dilection systématique pour l'altérité avec pour contrepartie le mépris de la population indigène, l'émasculation de l'État au détriment de la sécurité de l'individu précisément en raison de la phobie contre une police fantasmatiquement gestapiste, le terrorisme intellectuel et la criminalisation de tous les opposants à la doxa xénophile, la complaisance islamo-gauchiste favorisant l'islamisation et le terrorisme islamiste, ont fini par leur excès et leurs conséquences, par causer un électrochoc salutaire.
Le malade, en cours de convalescence, a pris largement conscience de la sottise, de la folie, de l'outrecuidance aberrante d'une idéologie incapacitante qui l'aura, au mieux terrorisé, au pire décérébré.
Les tenants de cette idéologie folle passent désormais pour ce qu'ils sont: ridicules et intolérants. Voilà pourquoi le monde occidental glisse lentement mais inexorablement vers la droite.
S'agissant de la France, encore faudrait-il relativiser cette droitisation. Elle n'a rien d'extrême, même lorsqu'on considère ses extrémités. Ainsi, pour prendre le parti de droite le plus radical, le Front national, quel que soit le regard critique qu'on puisse par ailleurs lui adresser, fait l'éloge de la démocratie républicaine, proscrit officiellement le racisme et l'antisémitisme, prône la laïcité, et, par exemple, ne fait pas du rétablissement de la peine de mort son fonds de commerce principal.
La droitisation de l'opinion n'existe vraiment qu'en considérant le fait que, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, le curseur déterminant le positionnement politique et l'identification terminologique de ses acteurs était située intellectuellement et médiatiquement extrêmement à gauche.
Et pourtant, à considérer le résultat de la dernière consultation électorale, les commentaires des élus et celui des médias, les effets de cette droitisation incontestable, ne se font pas sentir dans les faits jusqu'à faire douter l'opinion droitisée de son utilité concrète.
C'est ainsi, que l'élu du Midi, qui sans doute aura assumé le plus et sans complexes les conséquences de la droitisation de sa région, et en aura largement récolté les fruits, a renoué avec la parole consensuelle et émolliente une seconde après sa victoire.
Il lui aura suffi, au demeurant, d'abjurer implicitement sa foi identitaire, et d'imiter, au moins en apparence, le geste œcuménique accommodant sinon repentant, pour qu'aussitôt l'église médiatique lui accorde le pardon très post-chrétien de tous ses errements barbares.
C'est ainsi encore que samedi, en plein état d'urgence, un millier de migrants dépourvu de titres et leurs soutiens gauchisants, défilaient sans encombre dans les rues de Paris pour se plaindre de l'attitude française et exiger leur installation immédiate. Pour faire bonne mesure, quelques slogans antisionistes accompagnaient le cortège. J'ai toujours considéré que l'immigration incontrôlée avait triomphé le jour où ont été autorisées les manifestations publiques de clandestins illégaux censés, par essence, se dissimuler. Autrement dit, lorsque l'autorité légale, défiée, avait ouvertement capitulé devant les encensés.
On voit bien ici les limites de la droitisation. Il existe toujours, à la crête de la pyramide sociale, un astre médiatique finissant qui continue d'irradier de ses rayons incapacitant les acteurs politiques les moins déterminés. L'astre a tellement perdu de sa superbe qu'il est aujourd'hui dans l'impossibilité de séduire et encore moins de convaincre, mais il n'a rien perdu, en période fatidique, de son pouvoir de sidération et d'hystérisation, en triturant toujours la vieille névrose.
Tant que la droite déterminée n'aura pas compris qu'il convient d'atteindre la crête médiatique, il y a tout lieu de penser que les effets de la droitisation resteront largement platoniques.