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Publié le 20/10/2015
Goldnadel: Ce qu'on ne dit pas de la guerre des couteaux
FIGAROVOX/CHRONIQUE - Après un retour sur les propos de Delphine Ernotte sur les hommes blancs de plus de cinquante ans, Gilles-William Goldnadel livre son point de vue sur la guerre des couteaux en Israël.
Gilles-William Goldnadel est avocat et écrivain. Toutes les semaines, il décrypte l'actualité pour FigaroVox.
Cette semaine, libération de la parole aidant, je fais mon outing.
Je suis un mâle hétérosexuel français. Je suis même, circonstance aggravante, un mâle hétérosexuel français blanc de plus de cinquante ans. Et, comble de l'impudence, parmi ces cinq improbables qualités, seule la dernière me pose quelques regrets.
Si je m'écoutais, j'organiserais volontiers une «French pride» où même les catholiques traditionalistes auraient le droit de défiler fièrement, même s'ils n'ont pas une plume au milieu du fondement.
Je suis désormais un mâle blanc assumé. Et le pire, c'est que je la ramène. J'ai saisi la semaine dernière le CSA d'une réclamation contre Delphine Ernotte, notre nouvelle présidente de France télévision qui veut (ma précédente chronique) moins de blancs à la télévision publique.
J'ai rappelé à la haute autorité les nobles propos de notre président de la république et de son premier ministre qui, au lendemain d'une certaine controverse, ont proclamé urbi et orbi que «la République n'avait ni race, ni couleur».
Remarquez que ce n'est pas gagné, puisque le lendemain de ma saisine, je découvrais que le CSA faisait faire une enquête pour connaître le pourcentage de blancs sur les écrans couleur.
Décidément, je suis incorrigible: je n'arrive pas à me résoudre que l'on fasse exister le blanc rien que pour le dissoudre. A moins que ce ne soit pour le noircir.
Second outing. Qui n'est tout de même pas un scoop: dans la guerre des couteaux, je ne suis pas du côté du manche. Je n'arrive pas de gaieté de cœur et d'âme à me faire à l'idée que dans notre France en bonne voie de libération intellectuelle de l'intellectualisme xénophile, désincarné et rebelle aux faits, les ravages du palestinisme se poursuivent sans encombre.
En dehors des aveugles et malentendants volontaires, nul ne peut nier que ce sont des juifs, de préférence religieux, que des islamistes veulent tuer aux cris d' «Allah est grand». Que des fanatiques détruisent leurs lieux saints mécréants. Voilà qui n'est pas très différent de ce qu'on observe dans le reste de l'Orient.
Je serais stupide ou malhonnête de nier une dimension nationaliste arabe et palestinienne à cet islamisme criminel. Reste que dans leur éternelle compréhension de ses méthodes, les sympathisants de la cause sanctifiée légitiment donc des agressions délibérées contre des enfants innocents de 13 ans parce que juifs. Cela s'appelle l'approbation du terrorisme aveugle et raciste. Ou plutôt devrait s'appeler ainsi, en pays de raison.
Quant à la cause, et même si je suis minoritaire aujourd'hui pour le soutenir dans l'air d'un Paris télé-radioactif, je maintiens que c'est l'irrédentisme centenaire d'un mouvement national arabe de Palestine qui ne se résout pas à coexister à côté d'un État pour le peuple juif qui est la cause première d'une situation aujourd'hui obérée. Et non les implantations. Pardon, les colonies.
En Israël même, certains intellectuels de gauche, parfaitement respectables, ne partagent pas mon point de vue. Il n'est pas mauvais, parfois, de savoir penser contre soi, même à tort. Que le camp d'en face, ne sache jamais le faire est précisément la source du problème.
Il faut dire, à décharge, que l'Europe médiatique et extatique ne l'aide pas beaucoup à faire des efforts.
À ce dernier sujet, samedi après- midi, place de la «République», a été organisée une manifestation dont je ne sais si elle était autorisée, en soutien aux Palestiniens. L'un des orateurs islamistes a réclamé haut et fort «des armes pour le Hamas! Des armes pour le djihad!» Un autre de demander de cibler les commerçants juifs. Je tiens à la disposition des médias le film des événements, pour autant qu'ils en manifestent soudainement l'intérêt.
Dernier outing. J'ai beau présider «Avocats Sans Frontières», je tiens à celles de la France.
Circonstances aggravantes, je n'ai rien contre les murs. Et cela, toute modestie mise à part, il faut être un mâle blanc particulièrement dominant pour oser le reconnaître. Il n'y a rien qui ait plus aujourd'hui mauvaise presse que le mur. Je crains pour les maçons. Toute honte bue, j'avoue être content que ma maison possède de bons murs porteurs pour qu'elle tienne debout, et des murs extérieurs pour empêcher les importuns et les assassins d'y pénétrer la nuit tombée.
Je tiens au mur de la vie privée. Je comprends que les Israéliens se soient résignés à édifier un mur - qui n'en est pas un - qui a sauvé des centaines de vies humaines. J'observe que les pays de l'Est qui sont contraints d'ériger des murs pour pallier les carences d'une Europe réduite d'aller acheter sa protection à un dictateur islamiste mégalomane, sont ceux qui savent que le seul mur détestable, c'est celui, comme à Berlin, qui n'empêche pas d'entrer, mais de sortir.
Le premier mur à détruire d'urgence et pour de bon s'appelle le mur des cons.
Gilles William Goldnadel ©